A grandes enjambées !

Symbole de la jeunesse insouciante et conquérante du Fola, Luca Correia a été choisi par ses pairs et un jury extérieur comme le meilleur espoir de BGL Ligue. Un résultat au final somme toute logique, tant le jeune ailier, qu’on peut aussi qualifier d’électro libre a eu un rôle prépondérant dans le titre de son club l’an passé, et a su régaler spectateurs et observateurs avec ses grandes qualités techniques.

Lors de l’avènement du Barça de Guardiola, le modèle du football mondial a été, en grande partie, changé. Pour la première fois dans l’histoire moderne, un milieu de terrain n’avait pas besoin d’être costaud, dur sur l’homme et plus axé sur des compétences physiques que le contraire. Un changement de mentalité qui n’a pas pour autant été profitable à Correia, qui, alors en équipe de jeunes de Metz, n’est pas conservé du haut de ses 165 centimètres. Un véritable coup dur pour le jeune gamin, féru de football depuis son plus jeune âge. Car c’est que celui qui deviendrait quelques années plus tard le meilleur espoir de BGL Ligue a baigné dans le foot toute sa vie. Avec des parents entraîneurs et joueurs, le désir de fouler la pelouse est obligatoire. Et vite, Correia réalise qu’il dispose d’un talent indéniable, qui lui permet de faire ses gammes tant à Dudelange, au sein de la Fédération, mais donc aussi au centre de formation de Metz, où les portes lui seront finalement fermées.

Commence alors une période d’attente avant de pouvoir fouler les pelouses au plus haut niveau. Dans la saison 2019/20, Correia ne jouera que trois petits matchs. Il faudra attendre la dernière saison pour réellement commencer à voir l’ailier plus régulièrement. D’abord utilisé avec parcimonie lors de la première partie de saison, le numéro vingt va petit à petit trouver sa place au sein de l’effectif du Fola.

Véritablement lancé dans le grand bain par Sébastien Grandjean des suites de la blessure de Stefano Bensi, Lucas Correia débarque sur la pelouse et fait tout de suite preuve d’une qualité rare et précieuse chez les footballeurs : l’insouciance. Loin de se triturer le cerveau, de réfléchir à tous ses faits et gestes, le joueur de 18 ans contrôle, oriente, élimine et crée sans sourciller. Doté d’une polyvalence rare, le jeune footballeur, qui a pour référence des footballeurs comme Fernando Torres ou encore Lucas Moura, a été un élément-clé dans la quête de titre du Fola l’an passé. Titulaire indiscutable dans une équipe connue pour avoir un entraîneur aimant pratiquer le turnover, Correia se fait vite un nom et une réputation. Celle d’un joueur aux qualités techniques évidentes, aux efforts constants et à la vision de jeu certaine. Tant de compétences qui ont permis d’ajouter une pierre à l’édifice de ce formidable Fola de l’an passé, capable d’enthousiasmer tous les suiveurs de BGL Ligue par ce jeu offensif à souhait. Avec quatre passes décisives et trois buts, mais aussi et surtout une influence constante sur les offensives du club eschois, le numéro 20 a réussi à rendre à son entraîneur la confiance que ce dernier lui avait transmis. Et le club doyen, fort d’un mélange parfait entre prestation collective et talent individuel, a été chercher ce titre de belle manière, terminant avec une moyenne tutoyant les trois buts par match. Une prouesse à laquelle Correia n’est assurément pas étranger.

Lorsque l’on parle de cette période dorée au lauréat, il est toujours intéressant de voir à quel point ce dernier insiste sur ses fameux deux premiers matchs où il n’a pas, selon ses dires, « été bon ». Une fixation sur ces performances qui peut intriguer tant la suite a été brillante. Mais ainsi va Lucas Correia. À préférer se focaliser sur les moins bons résultats que sur les plus grandes réussites, la quête de la perfection est et demeure. Si cet état d’esprit peut lui jouer des tours (voir interview), c’est aussi de par cette rage de progression que le numéro vingt est en droit de s’assurer un futur radieux. Le talent a de dangereux qu’il peut, et mène souvent à la fainéantise. On pourrait ici citer des exemples, mais chaque amateur de football a en tête un nombre de joueurs incalculables qui ont été paradoxalement détruits par leurs propres qualités au-dessus de la moyenne. Et il est facile, aisé, de jeter la pierre à ces gamins, en oubliant avec soin qui nous étions à pas même vingt ans, et à quel point il est dur de résister à la tentation du laisser-aller. Alors, plutôt que de critiquer sans complaisance, profitons de valoriser ce qui revêt, finalement, bien plus de l’extraordinaire.

La BGL Ligue, pour tout espoir, se doit d’être un tremplin. Et nous sommes parfaitement en droit d’imaginer que d’ici peu, le jeune ailier quittera le Grand-Duché pour tenter sa chance dans un cadre professionnel. Jusqu’où pourra t-il aller ? En l’état, personne ne le sait. Mais à voir ses petites jambes dévorer les pelouses de notre championnat, il ne fait aucun doute sur l’appétit qu’a le jeune Correia.

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