Artur Abreu : « Ne pas céder à la panique »

Il est le capitaine d’une équipe qui a réalisé une première partie de saison décevante. Un paradoxe, tant Artur Abreu a, comme toujours, réalisé des prestations impressionnantes. Alors que l’Union Titus reprend face au Swift en cette 16e journée, le milieu offensif aborde avec franchise le bilan décevant de son club, ses objectifs, et un potentiel départ. Entretien soyeux.

Quel bilan tirer de la première partie de saison ?

Il faut être sincère dans ce genre de situation : il n’est pas bon. Quand on voit notre place au classement, j’estime que ce n’est pas là que Pétange doit être. On aurait dû prendre plus de points. On a aussi perdu certaines rencontres où l’on aurait du repartir avec quelque chose. Mais c’est comme ça. À nous maintenant d’entamer la reprise de la meilleure des manières, et prendre le plus de points possibles.

Après un bon début de saison, vous avez eu beaucoup de mal par la suite, en particulier lors des dernières rencontres avant la trêve. Comment te l’expliques-tu ?

Je pense qu’on a eu un souci au niveau mental. En effet, on a très bien commencé la saison, puisqu’après la défaite à Strassen, on a battu Hesperange – un exploit – et enchaîné les victoires. Après ça, cela a été plus compliqué. Je ne veux pas donner des excuses, mais nous avons quand même eu deux ou trois cadres qui ont eu des pépins physiques, ce qui n’a pas aidé. On est une équipe jeune, ce qui se voit d’ailleurs dans les statistiques : on n’a jamais fait un match nul, ce qui à mes yeux est révélateur. Cela signifie qu’on rentre sur le terrain pour gagner ou perdre. Mais des fois, il faut savoir prendre un point quand les trois ne sont pas envisageables. Enfin, l’enchaînement de mauvais résultats crée une spirale et un état d’esprit négatifs. Au niveau mental, c’est toujours compliqué.

Que faut-il changer pour réussir cette seconde partie de championnat ?

Le plus important à mes yeux est au niveau mental. Si on n’est pas bien dans la tête, cela se reflète sur le terrain. Il ne faut pas se dire que si on perd un match c’est la fin du monde. Il faut être plus serein, plus calme, et ne pas céder à la panique. Quand bien même notre position au classement n’est pas bonne, il ne faut pas qu’on joue avec la peur au ventre. Il ne faut pas se mettre la pression.

Sur un plan personnel, comment évalues-tu tes performances ?

Je pense que ça n’est pas mauvais, mais je sais que j’aurais pu faire mieux. J’ai commencé la saison sans jouer à cause d’une blessure, avant de devoir m’arrêter à cause du Covid. Tout ça n’aide pas. L’absence de régularité influe forcément sur les performances. Au niveau statistiques, je pense pouvoir faire mieux, et c’est mon objectif sur ce deuxième tour.

Est-ce dur de conserver la même motivation quand les places européennes paraissent très difficiles à aller chercher ?

On ne peut expliquer les résultats par un manque de motivation. C’est à nous de montrer qu’on peut rivaliser avec les clubs du haut de tableau. On a réussi à gagner à Hesperange, au Racing, on a fait un excellent match face au Fola malgré un score très sévère. On sait qu’on peut accrocher les gros, mais on manque de constance, ce qui est très pénalisant. On ne peut pas battre le Swift et ensuite perdre contre Mondorf. On doit être plus régulier. Et sincèrement, je n’estime pas que les places européennes soient hors de portée. Elles sont loin, oui. Mais on ne sait jamais. Si on fait une seconde partie de saison irréprochable, et que l’on remonte au classement, cela valorisera les joueurs. Donc la motivation est toujours là.

Votre préparation n’a pas été trop tronquée par le Covid ? Avez-vous réussi à passer entre les balles ?

Ça a été. On a eu deux-trois cas Covid, mais la préparation s’est bien faite, tout le noyau était là. On a pu bien s’entraîner et faire beaucoup de matchs amicaux. Tout s’est bien passé.

Vous reprenez face au Swift, un club qui a lui aussi eu une première partie de saison décevante. Est-ce que tu penses qu’il faut aller chercher les trois points pour ce match ?

Cela ne va pas être facile. Comme vous avez dit, ils n’ont pas eu une première partie de saison réussie et vont vouloir vite rebondir. On sait tous qu’ils veulent être tout en haut, et ils vont revenir avec toutes leurs forces, qui plus est avec un sentiment de revanche. Ce qui est sûr, c’est que si l’on se dit que ça va être facile car on a gagné le premier match, on encaissera une défaite. Il va falloir rentrer dans le match attentif, volontaire, et ne pas nécessairement cracher sur un point si on n’arrive pas à gagner. Pétange n’est pas loin des barrages, et on veut tous éviter ça. Tous les points sont bons à prendre.

Derrière cette rencontre, vous allez jouer Rodange, Hamm et Wiltz consécutivement… Est-ce l’occasion idéale pour changer la dynamique et remonter au classement ?

Exactement. Un match nul contre Hesperange, et trois victoires face à nos futurs adversaires – même si cela sera compliqué, avec en particulier un déplacement toujours difficile à Wiltz – peut tout relancer. Ce sont des équipes qu’on sait que l’on peut battre. Pour moi, c’est le calendrier parfait pour entamer de la meilleure des manières la deuxième partie de saison, et vite remonter au classement.

Tout le monde considère que tu fais encore une fois une excellente saison, au sein d’un club qui semble loin de la lutte européenne. Est-ce que ce manque de résultats ne te fait pas te dire qu’il est peut-être temps d’évoluer ailleurs ?

C’est vrai… Cela fait maintenant six ans que je suis à Pétange, soit depuis la fusion. J’ai tout vécu avec le club. Et pour la petite anecdote, la seule année où on a pu jouer l’Europe, je n’ai pas pu participer à cause de ma blessure aux croisés.

C’est peut-être toi le problème…

Peut-être (rires) ! Mais plus sérieusement, cela n’a pas été une période facile pour moi, de passer à côté de cette expérience. En tant que joueur, on veut toujours jouer le plus haut. Je ne dis pas que je pense à un départ. J’aime bien Pétange, j’aime ce club, c’est pour cela que je suis resté toutes ces années-là. Mais je voudrais vraiment jouer l’Europe. Il faudra voir la deuxième partie de saison, mais en effet, je veux prétendre aux places européennes. Je suis reconnaissant de Pétange, mais je suis un compétiteur dans l’âme.

Il pourrait donc y avoir une réflexion en fin de saison si les résultats ne s’améliorent pas ?

Oui, c’est sûr. Dans le foot, il ne faut jamais répondre avec certitude. On le voit au plus haut niveau : des joueurs disent qu’ils ne partent pas et s’en vont, et vice-versa. Mais ce n’est pas le moment de se poser des questions. Il faut entamer cette seconde partie de saison à fond, jouer les matchs au maximum, remonter le plus haut possible, et après, on verra…

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