Bière et jeux vidéo, bienvenue au Respawn

Après des mois de pandémie et de restrictions, nous pouvons enfin sans problème profiter de certains lieux autrefois fermés au public ou en accès limité pour éviter la propagation du COVID-19 et de ses nombreux variants. Parmi eux, il y en a un bar qui nous faisait de l’œil depuis son ouverture en juin 2021. Son nom : le Respawn. Si nous l’observons depuis qu’il a ouvert ses portes, c’est qu’il a pour ambition d’être l’endroit idéal pour une clientèle qui, comme nous, ne dit jamais non à une bonne partie de console avec des potes tout en savourant une mousse bien fraîche. Histoire de vous faire découvrir cet établissement unique au Grand-Duché, la rédaction s’est rendue sur place pour boire un verre tout en discutant avec Nicolas Bouscarat, l’un des deux gérants de cet endroit situé à quelques pas de la gare.

Un lieu pour tous les geeks

Si au départ nous pensions que le Respawn était avant tout dédié à l’e-sport et aux jeux vidéo en général, nous nous sommes alors rapidement rendu compte que nous faisions erreur. Dès l’entrée du bar, nous sommes accueillis par une boutique entièrement dédiée aux figurines pour les fans d’univers comme Donjons et Dragons. Celle-ci est complètement indépendante de l’établissement. Anciennement situé à quelques rues d’ici, le Spielbar, qui n’a intégré la structure que récemment, s’accorde parfaitement dans l’univers du Respawn, qui d’après son cogérant veut devenir LE point de rendez-vous où tous les geeks peuvent échanger autour de leurs différentes passions en buvant un cocktail. Un peu plus loin, la découverte de plusieurs tables dédiées aux jeux de plateau vient confirmer les propos de Nicolas. Si vous décidez de vous y rendre, il vous sera donc possible de vous amuser en jouant à l’un des nombreux jeux de société mis à votre disposition, de vous adonner à une partie de jeu de stratégie aussi riche que complexe, voire de pousser la chansonnette lors de soirées karaoké régulièrement organisées par l’équipe, moyennant trois euros de l’heure. 

Dans le but d’accentuer l’aspect communautaire et de favoriser les rencontres, Nicolas et François ont aussi prévu un tableau de requêtes en libre accès afin que les clients échangent sur leurs besoins et envies pour se retrouver autour d’un jeu commun. Un joueur manquant pour une partie de Loups-Garous ? N’hésitez pas, de nombreuses demandes de ce type y étaient d’ailleurs inscrites et bien entendu, d’autres liées aux jeux vidéo étaient aussi affichées ! Oui, on y arrive enfin, ne vous inquiétez pas !

Je croyais fort en l’e-sport

À l’origine de ce projet, il y a l’e-sport. Alors en plein burn out, Nicolas Bouscarat cherche à changer d’orientation professionnelle, et c’est en observant la communauté luxembourgeoise que l’idée de proposer un lieu de rassemblement commence à se dessiner : « Je me suis rapidement rendu compte que la communauté e-sport au Luxembourg était éparpillée à gauche et à droite. Il n’y avait rien pour essayer de la rassembler. Mon idée était de proposer une sorte de quartier général pour que tout le monde se retrouve dans un même lieu. »

Les choses se mettent en place petit à petit, mais c’est lors de sa rencontre avec François Contessi, qui travaille alors dans le bâtiment, que tout va réellement s’accélérer. Les deux amis vont trouver un local de plus de 400 m2 et commencer à bâtir un lieu qui doit réunir les passionnés du pays dès 2020. Malheureusement, la pandémie va passer par là. Obligés de laisser leur établissement fermé et soutenus par le propriétaire qui comprend la situation, Nicolas et François en profitent pour affiner leur projet, qui ouvrira finalement au public au milieu de l’année 2021. Problème : si les adeptes des jeux de société répondent souvent présents, les deux entrepreneurs se rendent vite compte qu’il est plus compliqué de toucher le cœur de cible de ce lieu… les gamers ! 

Les soirées dédiées au karaoké et aux parties de jeux de plateau ont lieu régulièrement, mais il n’est pas encore facile pour le Respawn de fédérer autour de l’e-sport et du gaming, malgré la surface et les machines de différentes générations disponibles pour le public. Actuellement, seuls deux événements vidéoludiques reviennent ponctuellement pour attirer les fans de jeux vidéo et ils tournent tous les deux autour du jeu de combat. 

Le premier met en scène le célèbre Super Smash Bros. de la Switch de Nintendo, et le second permet aux joueurs de The King of Fighters de se mettre joyeusement sur la tronche. C’est peu, et Nicolas ne s’en cache pas. Après des mois à suivre les compétitions en ligne, il est compliqué pour son établissement de motiver le monde de l’e-sport luxembourgeois et, faute de budget publicitaire, de se faire connaître. Mais depuis la levée complète des restrictions, le bouche-à-oreille commence à porter ses fruits, surtout auprès du grand public. Si ce n’est pas encore la bousculade dans la partie gaming – qui n’est d’ailleurs pas encore vraiment finalisée – il sent que de plus en plus de curieux viennent jusqu’à eux. Des entreprises se renseignent aussi régulièrement pour privatiser les lieux en vue de mettre en place des soirées. La veille de notre passage, une société venait d’ailleurs de tenter l’expérience pour proposer à ses employé(e)s de se détendre en jouant entre autres à des jeux comme Guitar Hero, Mario Kart ou autres jeux rétro disponibles sur les bornes d’arcade mises à disposition à l’étage inférieur. 

Une réussite, d’après Nicolas, qui se montre aussi rassuré de voir qu’une clientèle régulière commence à prendre ses habitudes dans son bar. Reste un regret, toujours le même, le monde de l’e-sport luxembourgeois ne s’intéresse pas vraiment à ce lieu pourtant pensé pour devenir un point stratégique. Pour expliquer cette méfiance, Nicolas nous indique qu’il semble y avoir une incompréhension autour de son projet, qui ne cherche pas du tout à concurrencer les différentes structures déjà présentes au Grand-Duché. Les (trop ?) nombreux acteurs de la scène e-sport luxembourgeoise se sentent-ils menacés par cet endroit qui a pourtant vocation à travailler avec eux ?

Un espace à disposition

Non, le Respawn n’est pas un nouvel acteur dans l’organisation d’événements e-sportifs au Luxembourg, mais un lieu qui se propose d’accueillir les différentes manifestations pour rassembler les joueurs. Problème : comme nous l’évoquions plus haut, il semble compliqué de se faire entendre pour le moment dans le monde de l’e-sport au Luxembourg. 

« Il y a déjà suffisamment de structures dans le pays et il n’était pas utile que l’on propose ce service. Nous avons environ 400 m2 que nous pouvons mettre à disposition pour des événements, notre but est de permettre aux organisateurs d’avoir un lieu pour eux et les joueurs. », confirme Nicolas Bouscarat.

Quand on lui demande pourquoi lui et son collègue n’essayent pas de proposer leurs propres soirées dédiées aux jeux vidéo pour se faire connaître chez les joueuses et les joueurs, Nicolas annonce clairement qu’ils n’ont pas pour ambition de se lancer dans la mise en place d’événements pour faire connaître leur bébé. S’ils continuent de faire du pied aux différents acteurs semblant les ignorer jusqu’à maintenant, ils n’ont ni le temps ni les ressources nécessaires pour proposer des tournois. Une situation compliquée et regrettable, qui selon nous empêche pour le moment la clientèle de véritablement associer cet endroit atypique au gaming et à l’e-sport. 

Attention cependant : gardons à l’esprit qu’au moment de la rédaction de cet article, les différentes restrictions liées à la pandémie du Covid-19 venaient d’être levées. Le Respawn n’en est qu’au tout début de sa partie, et nous espérons sincèrement que ce bar unique au Luxembourg trouvera sa place sur la scène e-sport. Comptez sur nous pour garder un œil sur ce qui s’y passe, tout en savourant une petite mousse en bonne compagnie !

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