Bosnie – Luxembourg : Dernière répétition

Ce soir, le Luxembourg affronte la Bosnie à Zenica. Un match sans enjeu – chose rare aujourd’hui – et qui devrait être utilisé pour trouver des alternatives et donner du temps de jeu à des seconds couteaux. Tout du moins, si le sélectionneur arrive réellement à laisser passer une opportunité de l’emporter au profit d’une préparation sur le plus long terme. Un exercice plus périlleux qu’il n’y a parait, au sein d’une sélection qui s’habitue seulement à gagner.

Match amical, (expression) : Rencontre sportive sans enjeux.

Il n’est pas impossible que dans un futur plus ou moins proche, ce format amical soit devenu une bribe du passé, une moquerie de nouvelles générations qui nous demandera de manière condescendante si c’est vrai que nous regardions réellement des rencontres sans enjeu. Entre la Ligue des Nations, les qualifications pour la Coupe du Monde ou le Championnat d’Europe des Nations, il n’y a en effet presque plus de place pour ce format de plus en plus révolu.

Mais cette petite trêve nous a offert deux rencontres de cet acabit. Face à l’Irlande du Nord, puis la Bosnie. Une défaite assez sévère lors du premier match, et ce soir, à Zenica, devant une équipe qui plonge depuis des années, l’occasion de rehausser un bilan calamiteux face à cette adversaire bosniaque. Le timing semble en effet parfait pour cela, puisque la sélection d’Ivaylo Petev est en pleine chute libre depuis quelques années.

Mais l’enjeu est-il réellement de l’emporter ? Non. Et les propos du sélectionneur vont d’ailleurs dans ce sens, parlant d’un résultat pas prioritaire. Ce qui est rassurant, le match amical étant normalement l’occasion idéale de se permettre innovations et surprises. Ce qui peut être moins rassurant, c’est la composition face à l’Irlande du Nord. Car, après avoir offert des propos plus ou moins similaires sur le désir de tourner et offrir du temps de jeu à des nouvelles têtes, la composition de départ était au final assez classique. Un choix que l’on peut saisir, puisque les Roud Léiwen tenaient là une véritable occasion de remporter une rencontre face à un adversaire abordable, et continuer la belle histoire entamée dans ce nouveau Stade de Luxembourg.

Le Luxembourg a, pendant tant d’années, fait office de sparring-partner que lorsque de telles occasions se présentent, il est évident qu’il est complexe de ne pas céder à la tentation de tout donner pour accrocher une victoire rare. La sélection nationale a faim de victoires, et veut, à chaque rencontre, prouver ses progrès et sa place méritée au sein du football mondial. Mais l’apanage des grandes sélections est la capacité à utiliser ces rencontres sans enjeu pour se détacher totalement du résultat, et voir sur un plus long terme. Luc Holtz et son staff ont clamé à de nombreuses reprises qu’ils allaient utiliser ces deux rencontres pour donner du temps de jeu à certains joueurs, et tester de nouveaux systèmes. Si l’on a vu en effet un passage à quatre en défense face à l’Irlande du Nord, le onze, lui, était loin d’être si remanié.

Inconsciemment, la possibilité d’une victoire a t-elle influé les choix du sélectionneur ? On ne peut l’affirmer. Mais, alors que son travail depuis plus d’une décennie a toujours été basé sur un développement long-termiste, il est l’heure de maintenir le cap. Le match amical aujourd’hui ne porte qu’un seul véritable intérêt : tester, modifier, nuancer, expérimenter. Le résultat se doit d’être anecdotique. Les fidèles de la sélection n’ont d’ailleurs que peu d’intérêt pour cette fenêtre de rencontres amicales, attendant plutôt avec impatience la Ligue des Nations en juin et septembre. Si gagner en terre bosniaque est évidemment excitant, si cela se fait au détriment d’élargir un groupe déjà bien restreint, il n’est pas sur que la sélection y gagne au change.

La dernière campagne qualificative a bien montré que si le niveau des Roud Léiwen était en hausse, le souci réside bien dans l’absence d’options différentes dès lors que le noyau dur est touché. C’est donc ici, et maintenant, que certains joueurs doivent prouver leur utilité dans tel ou tel schéma, afin que le staff technique puisse se pencher sur le sujet massif de l’enchaînement de quatre rencontres en juin avec plus de cartes dans sa manche.

Luc Holtz a clamé à plusieurs reprises en conférence de presse le désir d’expérimenter, tester. On espère sincèrement que cela sera le cas ce soir, et que nous n’allons pas assisté à un onze à peine remanié. Il faut savoir ce que vaut, non pas la composition de départ, mais bien le groupe dans son ensemble. Et qui sait, avec tout à prouver, il pourrait d’ailleurs offrir un résultat des plus satisfaisant.

Tendai Michot, à Zenica, en Bosnie (où le carpaccio est servi avec de la banane).

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