Emmanuel Macron tient son premier grand meeting

Le président français Emmanuel Macron a tenu son premier grand rassemblement samedi dans sa course à la réélection, promettant aux Français plus de « progrès » et de « solidarité » au cours des cinq prochaines années.

Mais sa campagne s’est heurtée à « l’affaire McKinsey », du nom de la société de conseil américaine engagée pour conseiller le gouvernement français sur sa campagne de vaccination COVID-19 et d’autres sujets politiques.

Un nouveau rapport du Sénat français remet en question le recours du gouvernement à des consultants privés et accuse McKinsey de fraude fiscale. Cette question mobilise les rivaux du président et le poursuit lors des étapes de sa campagne avant le premier tour du scrutin présidentiel du 10 avril prochain.

M. Macron, un centriste qui a été sur tous les fronts dans les efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre en Ukraine, a jusqu’à présent une avance confortable dans les sondages sur la candidate d’extrême droite Marine Le Pen.

« Nous sommes ici pour rendre possible un projet de progrès, d’indépendance, pour l’avenir, pour notre France », a déclaré Macron devant une foule d’environ 30 000 personnes dans un stade qui accueille habituellement des matchs de rugby. « Je vois des difficultés pour joindre les deux bouts, des situations d’insécurité (…) et tant de choses à accomplir pour faire reculer l’extrémisme. »

S’adressant à ceux qui voient « tout leur salaire passer dans l’essence, les factures, le loyer » alors que la guerre en Ukraine fait grimper les prix de l’alimentation et de l’énergie, Macron a promis de laisser les entreprises donner une prime non imposable à leurs employés jusqu’à 6 000 euros dès cet été.

Il a également promis de porter le montant de la pension minimale à 1 100 euros par mois pour ceux qui ont travaillé à temps plein, contre environ 700 euros actuellement. L’âge de la retraite devra être progressivement porté de 62 à 65 ans pour financer ce plan, a-t-il précisé.

Les partisans l’ont accueilli en scandant « Macron, président ! ». « Un, deux, cinq ans de plus ! » et agitant le drapeau tricolore français.

Mais pour ceux qui tentent de déloger Macron, le mot « McKinsey » devient un cri de ralliement.

Le Sénat français, où les conservateurs sont majoritaires, a publié le mois dernier un rapport sur le recours du gouvernement à des sociétés de conseil privées. Le rapport a révélé que les dépenses de l’État pour ces contrats ont doublé au cours des trois dernières années malgré des résultats mitigés, et a mis en garde contre les conflits d’intérêts.

Des dizaines de sociétés privées sont impliquées dans le conseil, y compris des géants comme la multinationale irlandaise Accenture et le groupe français Capgemini.

Le plus accablant, c’est que le rapport indique que McKinsey n’a pas payé d’impôts sur les bénéfices des sociétés en France depuis au moins 2011, mais a utilisé un système d' »optimisation fiscale » par le biais de sa société mère basée dans le Delaware.

McKinsey dément

McKinsey a publié une déclaration indiquant qu’elle « respecte les règles fiscales françaises qui lui sont applicables » et défendant son travail en France.

McKinsey a notamment conseillé le gouvernement français sur sa campagne de vaccination COVID-19, qui a connu des débuts hésitants mais est finalement devenue l’une des plus complètes au monde. Des consultants extérieurs ont également conseillé le gouvernement de M. Macron sur la réforme du logement, la politique d’asile et d’autres mesures.

Le rapport du Sénat a constaté que les revenus de ces sociétés sont plus faibles en France qu’en Grande-Bretagne ou en Allemagne, et a noté que les dépenses pour les consultants extérieurs étaient plus élevées sous l’ancien président conservateur Nicolas Sarkozy que sous Macron.

L’affaire fait néanmoins du tort au candidat de le République en Marche.

Ancien banquier d’affaires, accusé d’être le « président des riches », Macron a vu sa cote de popularité grimper lorsque son gouvernement a dépensé massivement pour protéger les travailleurs et les entreprises au début de la pandémie, promettant de faire « tout ce qu’il faut » pour amortir le choc.

Mais ses rivaux affirment que l’affaire McKinsey ravive les craintes que Macron et son gouvernement soient redevables aux intérêts privés et déconnectés des électeurs ordinaires.

Partout où il va, Macron est interrogé à ce sujet.

« Ces derniers jours, j’ai beaucoup entendu parler d’évasion fiscale, d’une entreprise américaine », a déclaré Macron lors du rassemblement de samedi. « Je veux rappeler à ceux qui manifestent leur indignation qu’ils les ont utilisés [les sociétés de conseil] » dans les collectivités locales également.

Il a également souligné le combat de son gouvernement pour s’assurer que les entreprises paient leur juste part d’impôts.

« L’impôt minimum en Europe, nous nous sommes battus pour cela, nous l’avons fait« , a-t-il déclaré.

La France fait pression pour une mise en œuvre rapide dans les 27 pays de l’Union européenne de l’impôt minimum sur les sociétés de 15 %, sur lequel plus de 130 pays se sont mis d’accord en octobre.

Dernières nouvelles