F91 – UNA Strassen : L’analyse tactique

Ce Dimanche, la 12ème journée de BGL Ligue nous offrait un match au sommet entre les deux premières équipes au classement. Décryptage tactique de cette rencontre phare.

En revenant sur la 1ère partie de saison du F91 et de l’UNA, on ne pouvait qu’espérer un match ouvert et avec beaucoup de jeu correspondant à la philosophie de ces deux clubs depuis le début du championnat. Jusqu’à la 40ème minute, on a observé l’UNA en bloc défensif bas et des joueurs un peu dépassés par un adversaire performant et toute en maitrise. Et là, on s’est dit que cela allait être compliqué de voir Strassen réussir à retourner le match.

Pourtant, juste avant la mi-temps, on a senti le match basculer et cela a été confirmé dès le début de la seconde période. Etant donné que l’UNA Strassen a maintenu, du début à la fin son intensité et sa philosophie de jeu, on peut déduire que cette bascule a été provoquée par le match des Dudelangeois. Les joueurs de Mehdi El Alaoui, sur le banc du F91 hier soir, ont ouvert une petite porte que les joueurs de Christian Lutz ont enfoncé bien comme il faut. A travers cette analyse, nous allons revenir sur la recette aussi habituelle qu’efficace de Strassen et les clés de la domination Dudelangeoise mais surtout ce qui a changé dans la façon d’attaquer du F91 et ses conséquences.

Quelles ont été les clés de la domination Dudelangeoise jusqu’à la 40ème minute ?

Le staff du F91 proposait son habituel système en 5-3-2 avec un milieu en triangle pointe haute (Sinani) et avec ses deux pistons, Kirch et Van Den Kerkhof. L’UNA proposant un bloc défensif très bas, annonçant clairement qu’il était là pour défendre, il était important pour le F91 d’en profiter et de confirmer le fait que son adversaire le considérait comme favori. On observait que l’objectif défensif principal des joueurs de Strassen était d’empêcher les 1ères relances dudelangeoises. Pourquoi ? Parce que depuis le début de saison, le circuit de jeu préférentiel du F91 est une 1ère relance au sol et axiale vers Sinani ou l’un de ses attaquants, et une déviation vers les pistons.

Christian Lutz avait justement identifié les deux joueurs habituels du F91 chargés de cette mission, les milieux Morren et Dos Santos. Il chargeait son trio Perez-Valente-Rouffignac de les marquer de près lorsque les défenseurs centraux locaux avaient le ballon. On observait que cela posait des problèmes du côté dudelangeois car aucun des 3 défenseurs centraux ne prenait le risque de dépasser sa fonction en portant le ballon ou en tentant une relance. Étant donné le pressing quasi-nul sur ces 3 joueurs, on a été assez déçu de voir autant de passes latérales ou en retrait de la part de ces derniers. L’adaptation au pressing adverse est donc venue du côté de leurs coéquipiers :

  • Charles Morren : Qui se déplaçait sur le côté droit pour sortir du marquage, étirer les milieux de l’UNA et donc libérer les espaces pour trouver Sinani entre les lignes
  • Les attaquants Nader et Bettaieb qui proposaient aussi des solutions de décrochage

Le déplacement de Morren et les décrochages des deux attaquants amenant du surnombre dans le milieu de terrain, cela mettait en difficulté les ailiers de Strassen, Weirich et Cossou, dans leur travail défensif. Pourquoi ? Parce que ces derniers étaient toujours « entre deux », tiraillés entre la gestion défensive des joueurs décrochés dans l’axe et celle des pistons dudelangeois.

Pratiquement pendant toute la 1ère période, Weirich et Cossou ont été :

  • à contre-temps défensivement : ce qui a créé des décalages et dont des actions franches dudelangeoises
  • obligés de jouer très bas : ce qui les éloignait de Perez dans le cas d’une éventuelle contre-attaque

Le but de Bettaieb possède les 2 marqueurs de la domination dudelangeoise avec un Sinani trouvé entre les lignes travaillant à deux avec Mehdi Kirch, face au duo défensif Cossou-Agovic en retard après le 1er décalage créé (1-0, 24ème). Défensivement, le bloc bas de l’UNA a permis aux 3 défenseurs centraux dudelangois de n’avoir à gérer que la présence de Nicolas Perez, mais surtout d’appliquer un contre-pressing dans le camp adverse dès la perte de balle.

Quels ont été les éléments permettant à Strassen de faire basculer le match ?

Comme évoqué dans l’introduction, le match a basculé vers la 40ème minute. À partir de ce moment, on s’est rendu compte que les Dudelangeois ont arrêté de rechercher leur circuit de jeu préférentiel au sol, en trouvant l’axe du terrain et en explosant sur les ailes, pour n’utiliser que du jeu long direct. A 5 minutes de la fin d’une mi-temps où les locaux ont mis beaucoup d’intensité, on peut trouver une certaine logique à cette baisse de régime. Pendant ce court moment, on a pu observer l’UNA Strassen réussir à gagner plus de duels, augmenter leur capital confiance et donc remonter leur bloc. On aurait pu imaginer qu’au retour des vestiaires, reposés, les Dudelangeois allaient reprendre ce qu’ils avaient mis en place au niveau de leur plan de jeu avant leur temps faible.

Cela n’a pas été le cas puisque les joueurs de El Alaoui ont continué à utiliser le jeu long direct plutôt que des attaques placées au sol. Ce choix a évidemment conforté la défense centrale de l’UNA, Bernardelli-Siebenaler, très performante dans les duels aériens. Mais il a surtout permis aux ailiers, Cossou et Diaf de ne plus gérer les montées des pistons dudelangeois qui n’étaient logiquement plus utilisés. À partir de ce moment, les deux joueurs de l’UNA n’ont quasiment plus défendu. Plus proches de Perez, on retrouvait la bonne vieille recette de l’UNA qui fait son succès cette saison :

  • Duel défensif et seconds ballons gagnés
  • Relance sur Nicolas Perez qui gagne une faute ou joue en déviation vers ses ailiers hyper rapides
  • Action qui se termine par un centre ou par une frappe

Le bloc remonté de l’UNA et la bonne agressivité habituelle des joueurs permettaient également des récupérations hautes. Le but de Cossou est d’ailleurs le fruit d’une récupération à 30 mètres du but d’Esposito et de la connexion Perez-Cossou (1-1, 54ème). On notera tout de même que le non-travail défensif des 3 attaquants de l’UNA a été compensé par la grosse performance de tous leurs coéquipiers défensifs qui ont fait le boulot sans jamais râler auprès de leurs offensifs. Aucun échange négatif, à ce sujet, n’est venu parasiter l’équipe, ce qui est de plus en plus rare sur un terrain de football. Même s’il est plus facile de bien s’entendre dans une équipe qui tourne bien, il est évident que cette marque d’intelligence est un point commun dans les équipes de haut de tableau.

Comment le staff du F91 Dudelange a tenté de retrouver ce qui a fonctionné pendant les 40 premières minutes ?

On a effectivement pu observer que le problème du jeu dudelangeois a rapidement été identifié par les coachs qui ont d’abord tenté de changer leurs hommes, puis de changer de système de jeu. A la 58ème minute ont eu lieu deux changements pour répondre à deux objectifs :

  • L’entrée de Bojic, plus offensif que Dos Santos pour offrir une seconde solution de relance verticale entre les lignes
  • L’entrée de Muratovic qui, contrairement à Nader, a le physique pour embêter la défense centrale adverse dans les duels aériens

Lors des phases d’attaques placées, on observait donc un Dudelange en 3-1-4-2. Malgré ces changements, le F91 ne réussissait toujours pas à retrouver son circuit de jeu préférentiel au sol et forçait de nouveau son staff à réagir. Celui-ci décidait donc de changer de système de jeu en passant dans un 4-4-2 avec un milieu en losange. Avec l’entrée en jeu de Magnus Hansen, Dudelange ajoutait encore de la densité offensive dans l’axe du terrain et remettait enfin de la pression sur la défense adverse. A partir de ce moment, on assistait à un ping-pong offensif entre les deux équipes et une fin de match débridée. Malgré cette prise de risque, Dudelange ne réussira pas à aller chercher les 3 points. L’UNA Strassen repart avec un point lui permettant de maintenir une avance de 3 et 5 points sur deux poursuivants lancés à toute vitesse à sa poursuite.

Thomas Fullenwarth

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