The Bear, LA série à ne pas rater

Sorti dans un anonymat général, The Bear, qui a gagné en notoriété grâce au bouche à oreille, est dorénavant disponible sur Disney +. Une consécration absolument méritée pour une série passionnante, immersive, et à la réalisation tutoyant la perfection. Présentation de notre vrai coup de coeur de l’année.

Il y a avant tout le plaisir inégalé de retrouver Jeremy Allen White. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec son nom, son rôle le plus connu est assurément celui de Lip Gallagher dans la série Shameless. Un rôle d’adolescent à l’intelligence rare, mais bien plus attiré par une attitude autodestructrice au sein d’une famille en tout point dysfonctionnelle. Un rôle que le jeune acteur joue avec une vulnérabilité rare, et qui lui vaut vite de devenir le chouchou des critiques et du public dans sa performance toute en nuance. C’est donc dans un état particulièrement excité que nous retrouvions un de nos acteurs préférés, cette fois-ci dans la ville de Chicago.

Première chose à savoir : si vous aimiez le Lip de Shameless, alors vous allez forcément adhérer à Carmy Beard. Déjà, avant tout, car le personnage comporte forcément des similitudes à celui découvert au sein de la famille Gallagher. Jouant le rôle d’un jeune chef réputé dans le monde de la gastronomie, le héros de cette série fait son retour à Chicago pour reprendre le modeste établissement familial, après le suicide de son frère. C’est donc un retour aux sources pour le personnage, qui vient affronter ses traumas du passé en même temps qu’un restaurant en pleine déliquescence. On se retrouve alors face à un jeune homme composé de deux personnalités : la première, passionnée de cuisine, ouverte aux challenges et à la recherche constante de la perfection. Et une seconde, fragile, nerveuse, et capable de dégoupiller à tout moment. Une dualité qui ne laisse pas insensible, et qui crée forcément un sens de familiarité pour toute personne ayant maté Shameless auparavant.

Mais la familiarité ne s’arrête pas là. Si les Gallagher évoluaient au sein d’une réalisation rythmée, voire effrénée, vous ne serez pas perdu. Bien au contraire. Dans The Bear, chaque minute semble compter. Les péripéties se déroulant la quasi intégralité du temps dans un contexte de plats à servir, de mets à confectionner, et d’ingrédients à frire à la seconde près, le stress et l’intensité sont ainsi toujours présents. C’est ainsi que certaines des discussions les plus poussées ont lieu dans le cadre de commandes à terminer, machines ne fonctionnant plus, ou engueulades sur les différentes taches de chacun.

Ils sont d’ailleurs nombreux, à s’engueuler. Sydney, la petite jeune au talent certain mais bien trop impatiente. Marcus, amoureux de dessert mais très tête en l’air. Tina, présente depuis des décennies et qui n’aime pas écouter les consignes, ou encore Richie, patron totalement dépassé. Tout ce florilège de personnages offre un formidable melting pot chaotique, dans lequel la cuisine passe parfois au second plan, obscurcie par les embrouilles de chacun estimant être dans son plein droit. Cette diversité des différents protagonistes n’empêchent pas le spectateur de se nourrir de sympathie pour ces paumés qui, entre deux plats de pâtes, cherchent le bon équilibre. Un savoureux mixte au rythme éreintant, qui nous tient dans notre fauteuil, et nous fait craindre à tout moment l’explosion d’un des personnages. 

Si le casting réussit indéniablement un sans-faute, c’est aussi grâce à une écriture particulièrement travaillée. Et surtout, authentique. Le street language, les jargons ou expressions ne sonnent jamais faux dans un exercice plus périlleux qu’il n’y parait, et qui a vu, à de nombreuses reprises, certains scénaristes offrir un rendu final terriblement cliché. Un guet-apens que la série évite avec brio, et, couplé à une réalisation très travaillée, plonge le spectateur dans une immersion totale, donnant le sentiment de partager chaque instant avec eux. Et c’est aussi là la force de The Bear : en créant une vraie communion entre les personnes en laquelle le spectateur croit instantanément, on évite ainsi de devoir ajouter la moindre scène d’exposition dans laquelle des personnages déballent leur coeur avec des dialogues qui ne sonnent pas vraies. Ainsi, les prises de tête qui ont lieu lors des épisodes tournent toujours autour de sujets plus profonds, sans nécessairement les aborder la tête la première. 

Autre point fort de la sérié : elle ne fait que monter en puissance. Si on est agréablement satisfait des premiers épisodes, c’est bien au fil du temps, alors que l’attache envers les protagonistes ne fait que grandir. Ce cheminent trouve évidemment son point d’orgue lors d’un épisode 7 tout simplement prodigieux, traité en un sidérant plan séquence de vingt-et-une minute qui dévoile l’implosion totale de l’intégralité de ces personnages. Une immersion rare qui met en apnée le téléspectateur, et offre un moment prodigieux – voire historique – de télévision. Nous ne rentrerons pas dans les détails pour ne pas spoiler, mais ce formidable tour de force est parfaitement confirmé lors d’un épisode final qui ne peut que profondément toucher, tant le finish est aussi surprenant qu’émouvant.

Comme toute série, The Bear a tout de même quelques défauts. Rien de fondamentalement déroutant, mais qui se doit d’être noté. Avec, avant tout, l’étrange sensation que toutes les galères qui se répètent n’ont pas de réelle incidence. On peut parler évidemment de la note « C » donné à l’établissement pour des conditions insalubres. Alors que cet évènement est traité comme une réelle catastrophe, on n’en voit jamais la moindre conséquence. Il en va de même pour le finish du fameux épisode 7, qui semble annoncer une catastrophe mais qui se retrouve tout de même fort vite oublié lors de l’épisode suivant. C’est peut-être là un des côté les plus frustrants de la série, qui a beau mettre en lumière toutes les emmerdes possibles, ne voit aucun des personnages en payer de réelles conséquences. 

Quoi qu’il en soit, The Bear demeure parmi les meilleures séries à trouver nos écrans en cette année 2022. Un rythme affolant, de splendides performances d’acteur, une réalisation hors-norme et un attachement grandissant pour chaque personne au fil des épisodes : nous avons débuté légèrement surpris, avant de finir profondément heureux. La seconde saison, qui devrait sortir au cours de l’année 2023 sera attendu avec grande attention, et promet de montrer un nouveau visage du restaurant. Nous sommes bien impatients de nous retrouver une nouvelle fois avec eux en cuisine.

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