Le Covid gâche (encore) le sport luxembourgeois

Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, le sport luxembourgeois est encore en souffrance. Des annulations et reports incessants qui mettent en péril certains événements et organisations. La lumière est peut-être au bout du tunnel, mais le temps se fait long.

C’est toujours la même rengaine. Courant janvier 2022, les annonces d’annulation de nombreux événements se sont petit à petit fait une place dans notre boîte mail : « Compte tenu de la situation sanitaire actuelle… » Après une pandémie qui aura changé pas mal de choses dans toute notre société depuis deux ans, on connaît le refrain. Le sport n’y aura logiquement pas échappé et aujourd’hui, les annulations en masse reprennent. Nous sommes loin de la situation de mars 2020, mais le retour en force d’une nouvelle vague avec le variant Omicron, bien plus contagieux, a fait exploser le nombre de cas dans le monde entier et naturellement au Luxembourg. Le Grand-Duché enregistre en effet des records sans précédent depuis le début de l’année 2022. Après un mois et demi d’une nouvelle année, nous sommes régulièrement au-dessus des 2 000, voire 3 000 cas par jour, alors que le mois de novembre 2021 affichait en moyenne 300 cas quotidiens. Une recrudescence à laquelle nous ne nous attendions pas forcément et qui a fait déjà fait bien des dégâts en ce début d’année sportif. 

Sur le site de la Fédération luxembourgeoise d’athlétisme, le calendrier des événements mentionne ainsi la plupart du temps l’inscription « reporté » – dans le meilleur des cas – ou tout simplement « annulé ». Voyez plutôt : entre janvier et février, quatre événements sont déjà pour sûr annulés. Le X-Trail des Ardennes, l’Eurotrail, le Cross Challenge Peters-Sport 6 et surtout le CMCM Indoor Meeting ne se tiendront pas cette année. Le Challenge Tageblatt Indoor 2, la Kids Cup, le Leidelenger Wanterlaf ou encore le Spiridon Bëschlaf, eux, sont reportés. Et à l’heure où nous écrivons ces lignes, le pic de Covid-19 ne serait pas encore atteint au Luxembourg… Les autres événements de février, voire ceux de mars 2022, pourraient alors eux aussi être annulés ou reportés. Et l’athlétisme n’est pas la seule discipline à être impactée par les mesures de ce début d’année ! L’Euro Meet, organisé par la Fédération luxembourgeoise de natation, est lui aussi annulé. 

Le meeting CMCM comme symbole

Nous avons interrogé le président de la Fédération luxembourgeois d’athlétisme, Jean-Sébastien Dauch, pour en savoir un peu plus sur l’annulation d’un événement tel que le meeting CMCM. « Ma première réaction est forcément un sentiment de déception, notamment pour nos athlètes. Si nous faisons cet événement, c’est principalement pour leur donner accès à une compétition de haut niveau et promouvoir l’athlétisme au Luxembourg. On regrette d’en être arrivé là, mais il n’y avait pas beaucoup d’autres choix. » Peu d’options, donc, à l’heure où les cas de covid explosent au Luxembourg, et à quelques semaines d’un meeting auquel devaient participer de nombreux athlètes venus… de l’étranger. Un autre argument de poids, donc, en défaveur de la tenue d’une telle manifestation. « Notre volonté, notre obligation même, est de garantir la sécurité de tous. Suite à une situation sanitaire incertaine qui a explosé début janvier, il y avait des gens partagés entre deux extrêmes : soit tout annuler, soit tout maintenir. Nous n’avons pas eu de pression d’instances officielles, mais il fallait trouver une médiation », poursuit Jean-Sébastien Dauch.

Pourquoi alors, ne pas avoir fait comme l’année dernière, lorsque le Meeting CMCM s’était maintenu malgré un covid toujours présent ? 

Pour le président de la FLA, « en 2021, on avait réussi à sauver le meeting en créant une bulle complète à la Coque avec très peu d’athlètes (environ 70) et avec un nombre de pays limité. Il n’y avait rien d’autre à ce moment-là à la Coque, donc tout était mis en œuvre pour que cela se passe bien. Cette année, nous devions repasser à environ 140 athlètes pour une trentaine de pays. On ne pouvait pas garantir de bulle sanitaire. Tester tout le monde sur place aurait été faisable, mais mettre la carrière d’un athlète en danger s’il attrape le covid, ce n’est pas possible. Même en termes de réputation, c’est un problème. » 

Un risque pour les athlètes, mais également pour toute l’organisation. « Une petite fédération comme nous ne peut pas tout maîtriser. Il était quasi impossible de courir ce risque. Nous n’avons pas les reins assez solides pour pallier certains postes clés tels qu’un régisseur professionnel, par exemple. S’il lui arrive quelque chose, il n’y a plus personne, et cela devient un problème. » Jean-Sébastien Dauch n’est pourtant pas fataliste vis-à-vis de cette annulation qui prive les athlètes luxembourgeois de s’exprimer dans un meeting de ce niveau. « On ne peut qu’être compatissant et on fera tout pour leur trouver d’autres meetings », nous avoue-t-il. Pas de danger pour l’avenir du Meeting puisque, après une consultation auprès d’European Athletics, celui-ci a été assuré de garder le label bronze, même en cas d’annulation. Au niveau des sponsors, l’heure n’est pas non plus à la panique : « CMCM, le sponsor principal, nous a garanti qu’il nous suivrait pendant encore plusieurs années. » En fin de compte, si cette annulation est une déception pour bon nombre d’acteurs du sport, elle n’aura a priori pas d’impact négatif à moyen terme.

L’ING Night Marathon enfin sauvé?

Pour certains événements, une nouvelle annulation pourrait tout simplement signer leur arrêt de mort. L’ING Night Marathon, qui rassemblait tous les ans près de 15 000 sportifs, a dû faire l’impasse deux années consécutives, en 2020 et 2021. Il ne fait presque aucun doute que son annulation une troisième fois aurait des conséquences terribles pour le futur. Selon son organisateur, Erich François, il n’y a priori pas d’inquiétude particulière à avoir. « Nous sommes toujours en pleine organisation, mais cette année le marathon devrait bien avoir lieu. La propagation du virus du Covid-19 devrait baisser vers la fin du mois de mars, ce qui ne compromettrait donc pas sa tenue à la fin du mois de mai. » 

D’autant plus que dans les autres villes d’Europe, la course se déroule plus tôt qu’au Luxembourg. Les marathons de Paris et de Fribourg se dérouleront le 3 avril, soit quasiment deux mois avant l’ING Night Marathon. Sauf revirement de situation, il resterait donc juste à savoir dans quelles conditions il serait organisé, car le dernier mot appartient au ministère de la Santé. « Nous avons envoyé un plan covid au ministère de la Santé, qui prendra la décision sur les mesures exactes prises pour le jour J », explique Erich François. Quoi qu’il en soit, le marathon du Luxembourg devrait enfin être sauvé en 2022 et poursuivre son aventure les prochaines années.

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