FIA Rally Star : Talents précoces

Tout commence par une communication savamment travaillée en amont. Fidèle à la cible du programme, l’Automobile Club du Luxembourg s’appuie sur les réseaux sociaux et une newsletter envoyée à ses 700 000 abonnés pour inviter les aspirants pilotes à prendre connaissance du défi qui les attend. 

FIA Rally star est un programme mondial de détection, de développement et d’entraînement de jeunes pilotes talentueux, créé et financé par la Fédération internationale de l’automobile. Les autorités sportives nationales sont mises à contribution afin de repérer les meilleurs jeunes de 17 à 25 ans, qui pourront un jour rejoindre les rangs du Championnat du monde des rallyes.

Ce sont donc les 144 autorités sportives nationales qui organisent les détections. Mais comment ? Grâce à deux disciplines populaires : le Digital Motorsport, en utilisant des simulateurs de pilotage et le jeu vidéo partenaire du programme, et le Motorkhana, avec un parcours de maniabilité au volant de véhicules de série. Une fois la pré-sélection réalisée, une tournée de six finales continentales est organisée par la FIA en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, Afrique, Asie-Pacifique, Amérique du Sud et Amérique du Nord. Les candidats sélectionnés par les ASN affronteront le chronomètre sur des XC Cross Cars afin de remporter un des sept volants mis en jeu : un par continent, plus un pour la meilleure pilote féminine à l’échelon mondial. 

Ce groupe de sept jeunes bénéficiera ensuite d’une saison complète de préparation, avec un coaching personnalisé, des séances d’essai et la participation à un minimum de six rallyes au volant de voitures de la catégorie Rally3. Ce programme de développement supervisé par la FIA permettra d’identifier les quatre pilotes les plus prometteurs, dont au moins une femme, qui rejoindront ensuite les rangs du FIA Junior WRC. 

Au cours des deux saisons suivantes, ces futures stars devront devenir des candidats à la victoire puis au titre, puisqu’une saison complète en FIA WRC 3 constituera la récompense ultime pour un pilote FIA Rally Star remportant le championnat. 

« Les personnes intéressées pouvaient s’inscrire librement sur le stand tenu par la FIA », explique Florian Brouir, le coordinateur sport de l’ACL, qui a pu assister à quelques démonstrations de la jeune génération. « Les spéciales étaient tenues secrètes pour ne pas donner l’avantage, les membres de la FIA s’occupaient de les installer et de les briefer et chacun avait droit à trois essais sur le simulateur, pour laisser la même chance à tout le monde. »

Il poursuit : « Le niveau était intéressant. Pour les quatre sélectionnés, ils ont eu une vraie chance d’aller se mesurer à la finale à Herning. »

Au total, une trentaine de protagonistes se sont relayés pour s’installer dans le baquet pendant les trois jours du plus grand événement moteur du Grand-Duché. À la fin, quatre talents ont été retenus par la FIA pour continuer le programme, dont Nik Schiffmann et Bob Hilger. 

Si l’un a découvert le programme FIA Rally Star par hasard, l’autre caresse le rêve de devenir pilote depuis toujours. Hésitation, appréhension, excitation, une valse de sentiments les ont animés à cette occasion. Tous deux s’accordent pour apprécier une expérience inédite et nous racontent les coulisses de leur participation à la première session de détection. Entretien avec deux espoirs du rallye après la première finale continentale à Herning. 

Comment avez-vous eu connaissance de cette possibilité de révéler vos talents au volant ?

Nik Shiffmann – Qualifié 

J’avais décidé de me rendre avec des amis à l’International Motor Show à Luxembourg. L’idée était juste de passer une journée agréable avec eux, mais après avoir parcouru un peu les stands des exposants avec les voitures présentées, nous sommes tombés sur celui mis en place par l’équipe du FIA Rally Star en collaboration avec l’ACL. Là, deux membres nous ont tout expliqué et nous ont demandé si nous étions intéressés pour y participer. Au début, nous avons refusé car nous avions prévu d’aller dans un bar pour regarder le grand prix de Formule 1 qui se déroulait à ce moment-là.  Une fois la course terminée, nous avons quitté le bar et sommes retournés directement au « IMS » (International Motor Show) où nous nous sommes inscrits au défi.

Ils avaient mis en place une plateforme de simulation où les candidats avaient trois courses sur le jeu WRC9. Les personnes choisies pour le programme seraient celles avec les trois meilleurs temps, dont une femme. 

Bob Hilger – Qualifié 

Plutôt par hasard, la première fois que j’ai entendu parler du FIA Rally Star, c’était le jour où je me suis qualifié pour le programme. C’était lorsque j’ai visité L’International Motor Show avec un ami en novembre. En passant devant le stand, nous avons d’abord observé la personne qui conduisait le simulateur, puis le responsable nous a abordés et a demandé si nous voulions participer. Il nous a expliqué en quoi consistait le programme et comment il se déroulerait si nous nous qualifiions. Comme tout cela nous a semblé très intéressant, nous avons décidé d’y participer.

Que retenez-vous de votre participation à un tel programme de détection ? 

Nik Schiffmann : En y allant, j’étais un peu inquiet en pensant au défi qui m’attendait, car c’était la première fois que je faisais quelque chose comme ça, mais l’équipe a fait un excellent travail pour organiser le programme accueillant candidats en auraient besoin, avec des instructions très claires sur ce qu’on attendait de nous et ce à quoi nous devions nous attendre. Une fois sur la piste le premier jour, je suis immédiatement devenu observateur en attendant mon tour. J’ai apprécié le sentiment d’être sur une piste en regardant ces voitures passer devant moi. J’ai cependant eu le souci d’être dans l’un des deux derniers groupes pour le premier jour, donc après quelques retards et du temps perdu au cours des premiers groupes, on nous a dit que nous devions reporter notre course au lendemain matin. On nous a dit de ramener les combinaisons de course là où nous étions afin de pouvoir arriver sur la piste préparés sans perdre de temps supplémentaire. Le temps m’a un peu intimidé, car il avait plu pendant la nuit jusqu’au matin, et la piste était mouillée. Après nous avoir expliqué la procédure, nous sommes montés dans les voitures et sommes sortis pour deux de nos tours, dont l’un était celui de reconnaissance pour découvrir la voiture et la piste. Là, j’ai réalisé à quel point la voiture était intuitive et compris que ma peur de la piste mouillée était complètement inutile. Nous avons eu quatre tours au total : deux au départ, puis nous avions une pause avant les deux derniers.

Bob Hilger : Au Kirchberg, le niveau était parfait. Lors de l’événement en Allemagne, il s’agissait de faire deux tours avec un buggy sur une piste en partie non goudronnée. Le chronomètre décidait bien sûr du résultat, et maîtriser la puissance et le comportement du buggy était un challenge en soi. Le mien était bon, mais aurait pu être bien meilleur si l’on considère que j’étais le seul mineur des participants luxembourgeois, donc sans permis de conduire. 

Souhaitez-vous devenir pilote à terme ? 

Nik Schiffmann : Absolument. Être pilote de course a toujours été ce que j’écrivais en classe quand on me demandait de décrire mon « travail de rêve ». Ce programme m’a donné encore plus envie de piloter une voiture de course. Je peux vous dire maintenant que cette sensation d’être dans la voiture avec le pied au plancher me manque vraiment.

Bob Hilger : Bien sûr, devenir pilote était et est toujours un rêve pour moi. Lorsque j’ai participé au défi sur le simulateur, je voulais juste m’amuser et me comparer à mon ami, et c’est lorsque je me suis qualifié que mon objectif s’est transformé et que j’ai voulu gagner.

Les deux premiers lauréats des finales continentales ont été révélés en ce début d’année. L’un est Estonien et s’appelle Romet Jürgenson. L’autre, un jeune talent venu du Moyen-Orient se nomme Abdullah Masoud Altawqi et est originaire d’Oman. Tous deux se sont vu offrir la chance de leur vie et bénéficieront d’un programme de six rallyes. Rendez-vous pris en 2023, au volant d’une Ford Fiesta Rally3.

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