Henry Hassid : « Conduire des voitures de course, un rêve de petit garçon »

Vainqueur en 2022 du Championnat GT2 European Series en catégorie AM, Henry Hassid vient d’ajouter une nouvelle ligne à un palmarès déjà bien fourni depuis une vingtaine d’années à fréquenter les circuits. Il évoque pour VROOM ses dernières performances, ainsi que ses meilleurs souvenirs.

Henry, avec ce nouveau titre, c’est une nouvelle ligne qui s’ajoute à un palmarès déjà bien rempli…
C’est une étape de plus ! C’est quelque chose de sympathique. Le GT2 est une nouvelle
catégorie, elle n’a que 2 ans, la saison 2022 était la deuxième et il n’y a pas encore beaucoup de
voitures. À l’époque, quand je roulais en Blancpain, devenu désormais le Fanatec GT3, il y en
avait 50 ou 60 ! C’était autrement plus disputé et le niveau était plus relevé que ce qu’il y a
actuellement en GT2. Mais justement, le GT2 a été créé car le GT3 au fil des années est
quasiment devenu une série professionnelle. Sur plus de cinquante voitures, il reste quelques
amateurs seulement.

Parlez-nous de vos débuts en sport automobile, et notamment de cette formule Campusbiocarburant ?
C’était l’équivalent de la Formule 4, mais pour des pilotes adultes. Ils voulaient faire quelque chose de différent alors qu’il y avait des monoplaces équipées de moteurs diesel qui fonctionnaient au colza, et d’autres qui tournaient avec une essence constituée d’éthanol de betterave. Et moi je roulais dans cette dernière. C’était une voiture extraordinaire, car elle apprenait à piloter, il n’y avait aucune aide au pilotage, c’est-à-dire pas d’ABS, pas d’antipatinage, pas de contrôle de trajectoire. On avait quatre roues, un volant, des pédales, une boîte de vitesse mécanique, et il fallait se débrouiller avec ça ! Il y avait également une gestion des pneus très limitée puisque pour disputer les 14 courses on avait 3 trains de pneus. Cela permettait d’apprendre à gérer. Et c’était une catégorie idéale pour démarrer, car cela ne coûtait pas trop cher. Et il fallait bien apprendre quelque part !


Comment est venue cette passion pour le sport auto, et pourquoi avoir attendu d’avoir une quarantaine d’années pour vous lancer dans la course ?
Comme toi j’imagine, et comme la plupart des petits garçons, quand j’avais 5 ou 6 ans, c’était
mon rêve de conduire des voitures de course. À ce moment-là, soit on a un papa garagiste,
mécanicien ou qui travaille dans la course, soit on a un papa très riche, et si on n’a ni l’un ni
l’autre, on attend de bien gagner sa vie afin de pouvoir se payer sa course ! Soit on paye, soit on
va quémander du sponsoring auprès de ceux qui peuvent.


Parlez-nous de votre passage en Porsche Carrera Cup France…
C’était extraordinaire. Dès que je suis monté dans une Porsche, j’ai commencé à gagner des
courses, je me suis tout de suite senti bien dans cette voiture. La 911 est une voiture géniale, et le niveau était très relevé. Je me rappelle qu’à l’époque, il y avait les professionnels et les amateurs, les A et les B, et en fait on donnait des primes aux 10 premiers. Et comme il y avait au total 12 pros, les amateurs essayaient de s’immiscer là-dedans afin de toucher la prime. Et j’ai donc gagné quatre fois le championnat.


À ce moment-là, avez-vous eu envie de rejoindre un autre championnat ?
J’étais dans l’écurie Alméras qui est très connue, et ils m’ont dit : « Maintenant que tu as gagné
trois fois avec nous, il faut passer dans la catégorie reine. » Et à l’époque en France, c’était le
Championnat FFSA GT. J’étais toujours dans une Porsche, cette fois-ci dans une 911 GT3 R, j’ai
roulé avec un professionnel, Anthony Beltoise, et on a gagné la première année.


Outre le fils du vainqueur du Grand Prix de Monaco 1972, vous avez dû côtoyer d’autres
noms bien connus dans votre riche parcours ?

Oui, j’ai pu rouler avec de très bons pilotes comme Kévin Estre, qui est pilote officiel Porsche
aujourd’hui. Il a un coup de volant exceptionnel et c’est quelqu’un d’adorable. J’ai également
roulé avec Franck Perera, qui est pilote Lamborghini, et surtout il était en GP2 en même temps
que Lewis Hamilton. J’ai roulé aussi avec Andy Priaulx, puis dans des écuries extraordinaires
comme Marc VDS à l’époque, qui est surtout en moto maintenant.


Actuellement, c’est sur une Audi R8 que l’on peut vous voir à l’œuvre. Pourquoi cette
voiture ?

J’avais déjà roulé deux années en GT3 sur une Audi R8, ce n’est pas la même en GT2, mais c’est
une voiture qui est très saine et qui fait tout bien. Elle n’est pas exceptionnelle, mais elle n’a pas
de défauts. Quand on commence dans une catégorie, c’est bien d’avoir une voiture polyvalente,
qui tient bien en courbes, qui sait bien freiner…


C’est au sein d’une équipe italienne que vous évoluez, comment êtes-vous arrivé parmi
eux ?

Oui, LP Racing. C’est l’écurie où court Stéphane Ratel. C’est une équipe très sympathique où l’on
est bien entourés. Les Italiens sont des gens passionnés et ils ne sont pas mauvais pour tout ce
qui est réglage de voitures. Et surtout, l’ambiance y est très bonne.


Sur la dernière course de la saison au circuit Paul Ricard, vous avez partagé le volant avec votre fils Maxime. Comment s’est déroulée cette expérience ?
Maxime n’avait jamais roulé en GT2 et j’avais envie de lui faire plaisir. Et pour être le plus
décontracté possible, il fallait qu’au meeting précédent à Valence, je pousse un peu plus pour
marquer le maximum de points. J’ai eu la chance de faire un carton plein, et donc d’être déjà
sacré champion avant l’ultime course. Ce qui était intéressant, c’est que vu que c’est une voiture
très puissante, plus de 600 ch, et donc plus on arrive vite en bout de ligne droite, plus c’est
difficile à maîtriser. Maxime est doué dans beaucoup de sports, et également en sport mécanique.
En karting, on allait à la même vitesse. Il y a deux ans je lui ai offert une course en Alpine Cup, il
était seulement à quelques dixièmes derrière moi, et là comme c’est plus puissant, il était un peu
plus loin, environ 3 secondes au tour. Mais il a réussi malgré la pression à faire une belle course
solide. Je lui ai donné la voiture avec suffisamment d’avance, et on a gagné la première course.
Pour la seconde, on n’a pas pu rééditer cela, il y a eu un safety car et on a terminé deuxième.
Mais les conditions de course étaient particulières.


Parmi les circuits où vous avez piloté, lequel est votre favori ? Spa-Francorchamps, comme de nombreux pilotes ?
Spa, c’est un vrai juge de paix, car c’est un circuit pour les gros cœurs. Il y a le Raidillon bien
évidemment, mais aussi Pouhon, Blanchimont, des courbes où l’on veut passer à fond et c’est
très difficile. Mais un autre circuit qui me plaît particulièrement et sur lequel j’ai toujours bien
réussi, c’est le Castellet. Je crois que j’ai toujours gagné là-bas, peu importe dans quelle
catégorie je me trouvais. Et puis il y a aussi Silverstone que j’aime beaucoup. Il est très rapide, et
il y a cette ferveur britannique. Quand on va là-bas, il y a toujours beaucoup de monde, et c’est
peut-être le peuple le plus passionné de sport automobile que je connaisse. Les enchaînements
Copps-Beckett et les autres sont juste magnifiques.

Patrick Hecq
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