Architecte de golf : créateur de rêves

Le plaisir ressenti lors d’une partie de golf n’est pas toujours facilement identifiable. Est-ce simplement le sport en soi ? Est-ce le fait de se retrouver seul au milieu de la nature, ou accompagné de vieux amis, loin des tracas du quotidien ? Difficile à dire. Néanmoins, une chose est certaine : le tracé, le parcours, l’identité du golf jouent un rôle non négligeable dans le sentiment de plénitude. Un facteur que l’on doit évidemment aux architectes, responsables de notre bien-être. Enquête sur un métier particulièrement exigeant, aux codes définis et aux décisions nuancées, mais précieuses. 

« Je ne peux pas définir une bonne architecture de parcours de golf, mais je la reconnais immédiatement quand je la vois » : cet adage, qui date de plus d’une centaine d’années, semble parfaitement symboliser à quel point tout œil aimant cette discipline sait instantanément reconnaître les qualités d’un beau parcours. 

Nous sommes tous passés par là : ce moment où l’on raconte notre aventure sur un parcours, et où l’on exprime notre ressenti sur le golf en question.« Pas génial. » « Fantastique. » « Envoûtant. » 

Tant de qualificatifs qui prouvent l’impact qu’aura l’architecte sur le plaisir engrangé à travers les kilomètres de marche et de jeu. Pourtant, le créateur d’un parcours se voit logiquement encombré d’un cahier des charges somme toute conséquent et fort structuré. Un golfeur moyen le voit en effet comme une séquence de par 3, 4 et 5 qui totalisent un par d’environ 72. L’emplacement des tees, la taille des greens, la profondeur des bunkers, les types de gazon et les obstacles d’eau créent la personnalité d’un parcours de golf. Celle-ci est le résultat de la vision de l’architecte. Généralement, les golfeurs peuvent sentir l’atmosphère du terrain ou ressentir la crainte d’un danger, mais ils comprennent rarement pourquoi.

Puiser dans les forces existantes d’un site

Un bon architecte utilisera les caractéristiques existantes du site pour développer le caractère et la saveur du parcours. Tout comme un bon repas ou une musique agréable à l’oreille, l’expérience de golf stratégique, visuelle et textuelle persiste chez un golfeur longtemps après l’événement, le laissant comblé et satisfait. Un parcours réussi est le produit de la capacité d’un architecte à intégrer sa créativité artistique, ses connaissances scientifiques et son sens aigu du golf dans le paysage.

Si la nature offre toujours des symétries différentes, et qu’un bon architecte se doit évidemment d’utiliser ses tracés naturels pour définir son parcours, il ne doit cependant pas se laisser aller à de la fantaisie pure et respecter une forme de cahier des charges tacite. Ainsi cours d’eau, bunkers et forêts doivent évidemment être présents dans une mesure ne dépassant pas le raisonnable, permettant à tout golfeur d’avoir la sensation de se retrouver, comme toujours, dans un bon vieux 18 trous, avec son lot de difficultés. 

Un terrain de golf doit être considéré comme une œuvre d’art parce qu’il a un thème, une structure et un style uniques et discernables, car cette discipline ne ressemble à aucun autre sport. Les dimensions et les caractéristiques d’un terrain de golf individuel changent de jour en jour, de semaine en semaine, tout au long de sa durée de vie. Et les différences entre les terrains de golf sont infinies. Comme les êtres humains, chacun est unique, avec des personnalités et des caractéristiques distinctes. Et chacun réagit en fonction des golfeurs présents, à des conditions météorologiques variées ou à différentes périodes de l’année.

Des contraintes financières à gérer

Mais au-delà du parcours intrinsèque imaginé, un grand nombre de facteurs doivent là aussi être pris en compte. Ainsi convient-il, avant même de définir une architecture finale et comme pour la grande majorité des établissements, de comprendre le marché ciblé. Qui est le client, quels sont ses désirs, ses moyens ou bien encore ses objectifs ; tout cela doit être parfaitement disséqué pour garantir la meilleure des expériences. 

Un autre facteur que l’architecte doit prendre en compte, c’est évidemment l’impact financier. Si les sommes engagées dans la création d’un parcours sont souvent impressionnantes, elles n’en demeurent pas moins limitées. Et c’est alors qu’il faudra faire des choix en fonction des moyens à disposition, le tout sans négliger la recherche du tracé idéal. Par exemple, déplacer un green de 30 mètres peut permettre d’économiser des milliers de dollars tout en ajoutant une expérience supplémentaire de golf. Mais au détriment d’une forêt de chênes, cela en vaut-il la peine ? L’ajout d’un bunker peut coûter beaucoup d’argent, mais stimule visuellement et stratégiquement le public golfeur. Doit-il alors être inclus ? Une pièce d’eau est proposée dans un coin éloigné du site, mais offre peu de valeur stratégique ou esthétique. Doit-elle être construite ? L’architecte est quotidiennement confronté à ces questions et à bien d’autres lors de la conception et de la construction. Ce qui oblige ces professionnels à se vêtir d’une vaste palette, dans un grand nombre de domaines.

Les architectes ont besoin d’une compréhension de base de nombreux domaines connexes : hydrologie, drainage, agronomie, gazon, physique, géométrie, génie civil, sciences du sol, botanique, psychologie et systèmes naturels font tous partie de la formation. Les décisions dans chacune de ces disciplines sont intrinsèquement liées aux autres parties du parcours de golf, lui donnant sa personnalité et sa vie.

Par exemple, les conditions géologiques du sol détermineront l’étendue des systèmes de drainage et les exigences d’amendement de celui-ci. Les conditions météorologiques et la topographie détermineront la nécessité des contraintes d’irrigation et des types de gazon. Ces derniers seront déterminés par la composition du sol et l’eau disponible. L’eau disponible et le budget détermineront les limites et les exigences de la station de pompage.

Ces enjeux de protection de l’environnement ont contraint les architectes de parcours de golf à intégrer les trous avec plus de sensibilité dans le paysage. Les zones humides et autres plaines inondables sont des termes qui reviennent plus régulièrement lors de la conception et du développement. Alors que les terrains de golf ont été blâmés pour les problèmes environnementaux par le passé, dans l’ensemble, ce sport a représenté un avantage environnemental bien plus qu’un inconvénient. Les terrains peuvent résoudre une foule de problèmes environnementaux avec des zones tampons, la gestion des eaux pluviales et l’établissement d’habitats fauniques.

Un parcours de golf sans caractéristique ni défi ne stimulera pas le meilleur golfeur. Par conséquent, l’objectif de l’architecte est de créer une expérience de golf précieuse qui défiera chaque joueur à un degré égal à ses capacités. Chaque projet et chaque site nécessitent des choix distincts et un tact différent pour mettre en œuvre le niveau approprié de défi, de loisirs, de qualité et de beauté. Une bonne architecture de golf n’est pas facilement identifiable, mais elle se ressent très certainement.

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