Le grand soir du rugby Luxembourgeois

Malgré la défaite, 12-39, contre la République tchèque, le XV luxembourgeois a vécu une grande soirée de gala dans le nouveau stade, le 27 novembre, devant 1200 spectateurs. Les motifs d’espoir et les bases de travail sont là pour les dirigeants et les joueurs.

« C’était incroyable, on avait tous des étoiles plein les yeux, c’est un souvenir inoubliable », selon les mots de Guillaume Kimmel, le capitaine. « Une belle réussite » pour Jean-François Boulot, président de la Fédération. Samedi 27 novembre, à 18h, le rugby luxembourgeois a vécu son grand soir. Le premier de son histoire, en tout cas, et tout le monde espère qu’il y en aura d’autres. Le XV du Grand-Duché jouait en effet pour la première fois dans le nouveau stade, devant 1200 personnes, lors de son match de Rugby Europe Conférence 1 Nord contre la République tchèque. « On a jamais vécu ça, une telle ambiance », confiait le président après la rencontre. « Tous ces supporters, cela nous a clairement transcendés », ajoutait Guillaume Kimmel.

A quelques minutes du coup d’envoi, le froid de canard et l’humidité n’avait pas rebuté les amoureux du rugby désireux de vivre ce moment avec leur équipe nationale. Pour se réchauffer, ils donnaient même de la voix pour encourager les Lions rouges. Hymne (que plusieurs joueurs et spectateurs entonnaient), drapeaux, protocole, ambiance… On était bien sur une soirée de gala.

Un moment exceptionnel

Sur le terrain, galvanisés, les joueurs luxembourgeois sont longtemps à la hauteur. Tout au long de la première période ils résistent an mêlée tant bien que mal au pack tchèque, beaucoup plus lourd et plus puissant. La première fissure arrive à la 32e, juste après la blessure du capitaine, Guillaume Kimmel. Sur une bonne touche dans les 22m luxembourgeois, les Tchèques construise un maul efficace, avance, et Novotny s’effondre dans l’en-but pour inscrire le premier essai du match. Pas de quoi décourager les Lions rouges, qui restent dans la partie, notamment grâce au pied de leur ouvreur William Browne, et atteignent la mi-temps sur un tout petit écart d’un point, 6-7. 

A ce moment-là, tout le stade y croit. Le jeu de lumière proposé par l’organisation rappelle le caractère exceptionnel de cette soirée. Dans les tribunes, l’ambiance est toujours joyeuse et conviviale, et contraste avec la température extérieure qui ne cesse de baisser. Les supporters sont venus entre amis, en famille, beaucoup d’enfants sont présents et n’hésitent pas à chanter. Les adultes, eux, s’amusent et trinquent avec quelques bières. 

Au retour des vestiaires, l’espoir grandit encore un peu plus quand Browne réussit une pénalité et permet à son équipe de passer devant, 12-10. Le tournant du match arrive alors, cruel, à la 62e minute… Alors que les Luxembourgeois livrent leur plus belle action de la partie, multipliant les séquences de jeu, le centre tchèque Richard Hreback intercepte une passe hasardeuse et traverse tout le terrain sur 70m pour aplatir sous les poteaux. Cimprich transforme, les Tchèques mènent 12-17.

A partir de là, les valeureux luxembourgeois vont craquer, mentalement et physiquement, et laisser les Tchèques s’envoler. Ces derniers inscrivent trois essais supplémentaires et bouclent leur victoire sur le score sans appel de 12 à 39.

« On a montré qu’on savait jouer au rugby »

Mais l’essentiel est ailleurs pour les joueurs et le staff. « Nous avons d’énormes motifs de satisfaction parce qu’on les a faits douter, on a respecté ce qu’on avait prévu, que ce soit dans l’intensité comme dans l’organisation, dans le plan de jeu. Les leaders ont joué un rôle important. On a été intelligents, on a alterné, et mis à part la conquête pour laquelle on ne luttait pas à armes égales en termes de gabarit et de densité, on a proposé des choses et on a montré qu’on savait jouer au rugby », déclare Michel Frachat, entraîneur principal, à la fin de la rencontre. Une analyse partagée par le capitaine, Guillaume Kimmel : « On était dans le match, on y a cru. On peut leur mettre la tête sous l’eau sur notre temps fort, mais l’interception nous crucifie. On a des points de satisfaction, sur lesquels on peut s’appuyer pour bosser, même si la défaite est lourde à la fin. On peut retenir notre état d’esprit. On a deux matchs en mars et l’objectif est de les gagner. »

« Ouvrir le groupe à d’autres joueurs »

Les supporters l’ont bien compris et senti, gardant leur enthousiasme jusqu’au bout et acclamant les Lions rouges au coup de sifflet final. Cette belle rencontre de gala, malgré la défaite, doit servir de base et de référence pour l’avenir du rugby luxembourgeois. « On va garder cette dynamique en ouvrant le groupe à d’autres joueurs, c’est important. Il ne faut pas qu’on se dilue, mais élargir petit à petit, notamment pour renouveler les générations. On n’a pas un vivier énorme, mais on va ouvrir tous les tiroirs pour trouver les solutions dont on a besoin ! C’est l’enjeu à moyen terme », explique Michel Frachat.

Pour le président de la fédération, Jean-François Boulot, l’espoir est permis : « On intègre les jeunes à cette équipe première et cela commence à prendre. C’est prometteur. Nos spectateurs ont poussé derrière nous ce soir, cela fait du bien, c’était fantastique. On a vu qu’on pouvait rivaliser avec une équipe vingt places devant nous, et je pense que lorsque nos blessés reviendront, quand les jeunes seront bien intégrés pour de bon, on peut faire un malheur ! »

Malgré le résultat, le rugby luxembourgeois tient son grand soir. Il ne reste plus qu’à remettre le bleu de chauffe, et trouver la bonne recette pour que tous les ingrédients prennent. Un travail de longue haleine qui ne fait que commencer.

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