Fine Bop : « Je connais mon talent »

Il vient de réussir la meilleure saison de sa carrière. Une véritable réussite au sein d’un club qui, paradoxalement, a passé la saison à lutter pour le maintien. Fine Bop, meilleur buteur du championnat, remporte le Dribble d’Or du meilleur joueur de Promotion d’Honneur. 

Que représente ce titre de meilleur joueur de PH ? 

C’est un immense honneur. C’est le travail qui paye. Si je suis élu meilleur joueur de cette saison, c’est grâce à l’équipe de Canach et au coach. Mais aussi grâce aux supporters et à toute la ville qui nous pousse. C’est vraiment une énorme satisfaction et la preuve que tous les efforts consentis ont porté leurs fruits. 

Être élu meilleur joueur dans une équipe qui joue le maintien, c’est encore plus fort ? 

Oui, c’est sûr. Mais il faut être humble et rappeler le travail de l’équipe. Moi seul, je n’y arriverais pas. Ce que je fais, c’est travailler, travailler, travailler, et voir où ça me mène. Quel que soit mon club, c’est toujours la même chose. Je me fixe des objectifs élevés, et mon but est toujours de mettre au moins vingt buts dans la saison. Je suis attaquant, je sais ce que je dois faire pour aider l’équipe. Le plus important reste le groupe. 

C’est ta meilleure saison, comment l’expliques-tu ? 

Cette année, c’est une excellente saison pour moi. Mais encore une fois, je suis toujours persuadé que quand tu travailles dur, ça finit par payer. Il faut toujours donner le meilleur de soi-même et que cela soit cette année ou la suivante, c’est Dieu qui donne. C’est le travail de plusieurs années qui paye maintenant, pas seulement celui de celle-ci. Mais il faut remercier tout le monde : le président, le staff technique… tout le monde. 

Arrivé du Sénégal en 2015, quel regard portes-tu sur le chemin parcouru depuis ? 

Certaines personnes au Sénégal me connaissent et pensaient me voir dans un autre championnat. Je joue dans l’équipe nationale et je connais donc beaucoup de professionnels qui jouent dans de gros championnats. Les gens au pays me regardaient en estimant que cela devait être ailleurs. Mais Dieu trace le destin, et j’aime le Luxembourg. 

Il y a eu des moments difficiles ? 

Bien sûr. Quand tu viens dans un pays que tu ne connais pas, que ta famille est loin… Et puis il faisait froid, si froid (rires) ! Je n’avais jamais vécu ça dans ma vie. Je savais qu’en Europe, il faisait froid, mais je ne pouvais pas imaginer ça ! Je suis venu en mode short (rires) ! Mais tu te dis qu’en arrivant du Sénégal, qui est encore plus dur comme championnat, tu sais que tu progresses. 

Comment les contacts se sont-ils faits avec le Luxembourg ? 

Je suis initialement venu pour signer au FC Metz, mais cela s’est mal passé avec mon agent et je devais rentrer au pays. Et puis on m’a dit qu’une équipe voulait que je vienne m’entraîner avec eux en attendant. J’ai dit OK, c’était un match amical du Racing. J’ai claqué six buts, et le président m’a demandé de signer. Ils ont fait les papiers pour me permettre de revenir ; voilà comment je suis arrivé ! 

Comment as-tu vécu cette saison, sur les plans individuel et collectif ?  

Individuellement, je suis satisfait du travail. Quand tu marques autant, tu dois être content. Mais ce n’est pas facile, car tu joues dans un club qui souffre et joue le maintien. Il faut que tu aides tout le groupe, y compris les jeunes. Cependant, c’est compliqué parfois de planter deux buts et de quand même perdre les matchs… Mais l’esprit d’équipe était toujours là, les joueurs toujours soudés. Cela fait énormément de bien. J’aime relever des défis, et je pense que celui-ci a été atteint. Ce club, c’est une famille. C’est ma famille. Quand je commence quelque chose, je me dis toujours que je vais le faire à fond. À Canach, quand je vois ma relation avec tout le monde, je me dis que c’est bien plus qu’un club. 

Tu as eu beaucoup de sollicitions de clubs de BGL Ligue, mais tu as fait le choix de rester à l’échelon inférieur, pourquoi ? 

J’ai eu beaucoup de contacts en BGL Ligue, mais la stabilité n’était pas toujours là. Les clubs te font des promesses, mais parfois c’est compliqué. Je n’ai plus l’âge de rigoler, de faire des paris. Je veux de la tranquillité, de la sérénité… Dans le monde sportif, c’est business, business… Il faut respecter les joueurs, et cela n’est pas toujours le cas. Dans tout ce que tu fais, tu dois te sentir à l’aise, sinon ça ne vaut pas le coup. 

Tu te vois retourner en BGL Ligue après cette saison ? 

J’ai pas mal de propositions. Mais actuellement, j’ai le contrat avec Canach jusqu’à la fin de saison et je veux simplement me focaliser là-dessus. Mon seul objectif à l’instant, ce sont les derniers matchs de la saison. Quand le championnat sera fini, on verra. Mais dans ma tête, je n’y suis pas encore. Il y a le temps. 

Et crois-tu encore en la possibilité de rejoindre les grands championnats ? 

Dans la vie, tout est possible. Si tu as la santé, comme le dit ma mère, ce qui doit arriver arrivera. J’ai toujours la motivation, et je donne tout ce que je peux pour atteindre mes rêves. 

Tu as 32 ans. Tu as encore beaucoup d’objectifs pour le futur ? 

Bien sûr ! Je connais beaucoup de professionnels qui sont arrivés sur le tard. Regarde Drogba qui signe pro à 28 ans ! Tout est possible. Je veux toujours jouer dans les grands championnats. Je connais mon talent, et je refuse de me dire « Ici, c’est la limite. » 

Comment juges-tu l’évolution du football luxembourgeois depuis ton arrivée ? 

Cela a énormément évolué, grâce aussi à l’équipe nationale qui a élevé tout le niveau. Il y a beaucoup de joueurs étrangers maintenant qui viennent au Luxembourg. On peut dire que les choses vont dans le bon sens. Et vous aussi, avec le Dribble d’Or, vous faites beaucoup pour la visibilité, et cela pousse à enchaîner. Il y a quelques années, je marquais des buts, on ne voyait rien nulle part dans les médias… Aujourd’hui, grâce à vous, la médiatisation augmente, et cela fait énormément de bien. Même au Sénégal, les gens peuvent suivre ce qu’il se passe, c’est vraiment génial. 

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