« Dudelange est redevenu Dudelange »

Se réinventer, le F91 a dû le faire en interne après le départ de Flavio Becca pour le Swift, en 2020, mais aussi sur le volet sportif, en recrutant des joueurs fiables et en prônant un état d’esprit irréprochable.

Comme un symbole. Mehdi Kirch, arrivé au club en 2019 et intronisé capitaine depuis l’arrivée de Carlos Fangueiro au poste d’entraineur, raconte avoir douté sur le projet après le départ de plusieurs de ses coéquipiers avec la fin du projet Becca et après une année semée d’embûches. « Il y a eu une vraie remise en question. Ma première année a été très compliquée et je n’ai pas beaucoup joué après le départ d’Emilio Ferreira. À la fin de la saison, j’ai entendu que Carlos Fangueiro et son staff arrivaient, mais vu la saison que j’avais passé, je n’étais pas sûr de rester. Ils ont voulu me garder mais au début, le projet faisait un peu peur. On voyait les grands noms de la belle époque de Dudelange, les Schnell, Stolz… partir dans d’autres clubs, et on ne savait pas trop ce que ça allait donner. Avec les joueurs qui sont restés, je me suis dit qu’on ne pourrait peut-être pas jouer les premiers rôles, mais pourquoi pas créer la surprise. » Et pour preuve : 60% de l’effectif quittait le navire à l’intersaison, pour la plupart des cadres de l’effectif : Jonathan Joubert, Tom Schnell, Mickäel Garos, Dominik Stolz, Danel Sinani… La colonne vertébrale d’un club à reconstruire de fond en comble avec comme chef d’orchestre Carlos Fangueiro. Le technicien portugais garde certains joueurs (Charles Morren, Kobe Cools, Edvin Muratovic…), en rapatrie d’autres qui connaissent le championnat (Jules Diouf, Tim Kips, Filip Bojic) et recrute certains noms un peu moins connus au Luxembourg : Kevin Van den Kerkhof, Mohcine Hassan… 

Mehdi Kirch se souvient encore de la toute première réunion entre le nouveau staff et la nouvelle équipe. « Le premier rendez-vous qu’on a dans la salle vidéo avec Carlos Fangueiro et son staff, au tout début de la saison, il nous dit « je suis là pour être champion ». Il y avait Charles Morren à côté de moi, je lui tape sur l’épaule et je lui dit ‘’Mais il est fou lui !’’. Au final, on fait un très bon boulot et la saison qu’on connait. » Le F91 terminera cette saison 2020/2021 à la deuxième place, à seulement deux points du Fola. Mais plus qu’une deuxième place, c’est un système de jeu reconnaissable d’entre tous qu’a mis en place Carlos Fangueiro et son staff : un 3-5-2 avec deux pistons qui se sont révélés au cours de cette saison, Kevin Van den Kerkhof et Mehdi Kirch. Les deux ont cumulé 15 buts et presqu’autant de passes décisives cette saison-là et ont notamment fait partie des artisans d’un début de saison en grande pompe. « Au début, personne ne nous attendait là. Quand on commence la saison et qu’on enchaine sept victoires d’affilées, c’est là qu’on se sent vraiment lancés et qu’on prend confiance. » admet le latéral gauche.

Si le F91 ne parviendra pas à remporter le graal national à l’issue de la saison, Carlos Fangueiro veut continuer et emmener son équipe vers le même objectif la saison suivante : le titre de champion. « Aujourd’hui, Dudelange est redevenu Dudelange. Il n’y a plus les mêmes moyens financiers, mais quand je vois les joueurs qu’on a, je me dis que ça va. Il y a des tops joueurs dans l’équipe, on a même le Dribble d’Or (Rires) ! » raconte le capitaine. Et pour cause. Malgré un budget encore plus serré, le F91 procède à un recrutement ambitieux et intelligent en recrutant des valeurs sûres du championnat : Dejvid Sinani et Samir Hadji, entre autres.

Le premier sort d’une saison rocambolesque avec le Fola Esch et devient naturellement l’un des joueurs les plus convoités de BGL Ligue. Mais décide de signer au F91 avant même la fin de la saison. « J’ai beaucoup discuté avec les joueurs que je connaissais déjà avant de signer. Quand ils m’ont dit qu’ils continuaient l’aventure, ça m’a encore plus motivé à l’idée de venir. Je savais où j’arrivais. Ce n’était pas un pari, mais plus un challenge » confie Dejvid Sinani. 

Et démarre alors un exercice 2021/2022 — toujours en cours — qui confirmera les attentes placées dans un club que l’on attend désormais au tournant. S’il sait que son équipe peut faire un beau parcours, viser le championnat est encore un peu prématuré. « J’ai de l’ambition, mais je garde les pieds sur terre. Je me dis qu’on va faire un beau parcours, mais de là à être champion, en sachant que désormais toutes les équipes nous attendent et que notre style de jeu est mieux décrypté, je me dis que ça va être beaucoup plus compliqué, et c’est le cas parce qu’on a plus de mal face à certaines équipes plus modestes du championnat. Mais quand je vois nos concurrents perdre aussi des points, je me dis que c’est un bien pour un mal. Le championnat évolue, on avait l’ambition d’être européen, on joue le titre, donc tant mieux. » Et effectivement, à l’heure où nous écrivons ces lignes, le F91 est toujours en course pour décrocher un seizième titre de champion de Luxembourg. 

Et si certaines périodes de moins bien subsistent durant la saison, ce qui arrive à n’importe quelle équipe de football, tout laisse à croire que le cru 2021/2022 a pris en maturité par rapport à la saison passée. Et celui qui en parle le mieux, c’est Carlos Fangueiro. « Garder constamment un tel niveau de qualité, c’est parfois difficile. Donc oui, on a eu un coup de moins bien. Mais c’est aussi là que je vois le changement dans la maturité du groupe. La saison passée, on avait plus de qualité de jeu après la pause hivernale, mais on a perdu plus de points. On faisait preuve de naïveté. Là, la maturité est présente, et c’est ce qui nous permet d’aller chercher des points qui sont absolument précieux, même quand on joue moins bien. Dans le football, si on veut être champion, il faut gagner, absolument. » nous confie le coach.

Quoi qu’il en soit et peu importe l’issue finale, le F91 des années Becca semble désormais bien loin. En interne, forcément, mais aussi sur le terrain. Ce Dudelange a su se réinventer contre vents et marées, avec moins de moyens mais plus d’intelligence dans le recrutement et, surtout, une énergie et une motivation comme il n’y a peut-être jamais eu du côté des travées du stade Jos Nosbaum. 

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