Finlande – Belgique (0-2): l’analyse tactique

Tableau noir. Ce mardi on revient sur le match opposant la Finlande et la Belgique lundi soir, ou les Diables Rouges ont du faire face à un bloc défensif très bas.

Au football, dans une compétition du type de l’Euro, il y’a toujours un risque lors du dernier match de poule. Surtout lorsque les deux équipes sont qualifiées si le match se termine sur un score nul. Alors hier soir, lorsqu’on a vu le bloc hyper bas des Finlandais et l’intensité mise par les Belges, on s’est vite dit que le temps allait devenir loooooooong ! S’ils n’ont pas révolutionné le football, en répétant leurs deux circuits préférentiels habituels, les joueurs de Martinez ont usé leur adversaire jusqu’à le faire craquer physiquement. On ne peut s’empêcher d’être un peu triste de voir les Finlandais quitter l’Euro, et on attend avec impatience de revoir la Belgique.

Finlande : Un bloc défensif très bas mais l’ambition de faire quelque chose du ballon par la suite.

Le sélectionneur Markku Kanerva mettait en place un système en 5-3-2. A la possession belge, on a tout de suite observé un bloc finlandais positionné très bas avec trois lignes très serrées (25 mètres de distance entre les défenseurs et les attaquants). L’objectif était d’empêcher les Belges, et notamment De Bruyne, de déclencher les actions par une passe verticale entre les lignes, mais aussi de pousser ces derniers à passer sur les côtés. Lorsque la Belgique utilisait les ailes, la proximité entre le défenseur latéral finlandais et son milieu central permettait une gestion à deux et empêchait un éventuel surnombre belge.

Les Finlandais ont été très disciplinés et ont réellement contrarié leurs adversaires dans le jeu. Comme tous les blocs bas, cette intensité défensive a logiquement brûlé le carburant des joueurs qui ont été punis à la suite de petits relâchements comme sur le but refusé de Lukaku (65ème) ou sur le corner victorieux (0-1, 74ème). Ce qui a peut-être accéléré la fatigue des Finlandais, c’est leur ambition de conserver le ballon lors de leurs phases de possession. Dans le cas des équipes qui utilisent un bloc bas, on observe la plupart du temps, qu’à la récupération du ballon, celles-ci choisissent des transitions rapides vers l’avant.

Le but est de contrer une équipe adverse qui s’expose en attaquant avec 6 ou 7 joueurs. Hier soir, la Finlande n’a pas fait ce choix. A la récupération de balle dans ses 30 mètres, on observait un temps de latence traduit par des passes latérales entres défenseurs. Le but était de provoquer un pressing de la part du trio Hazard-Lukaku-Doku. Ces trois joueurs s’éloignaient de leurs deux milieux centraux, De Bruyne et Witsel , qui ne les suivaient pas forcément dans leurs déplacements, tout comme leurs cinq défenseurs. La Finlande étirait donc le bloc belge et créait des espaces entre les lignes qui permettaient d’effectuer des premières relances vers leurs milieux centraux démarqués et donc en capacité de se retourner et porter le ballon.

En phase de possession, le milieu Finlandais se transformait en un triangle avec une pointe haute, le numéro 8 Robin Lod. Ce dernier venait se placer à côté de ses 2 attaquants pour concentrer l’attention des 3 défenseurs centraux belges. Cela permettait de libérer les côtés pour les montées des 2 pistons Raitala et Uronen. On a donc senti la patte du sélectionneur finlandais. Rien n’était laissé au hasard défensivement (logique) mais aussi offensivement. 

On notera d’ailleurs que le ratio « passes effectuées (449 passes) / possession de balle (39%) » est assez inhabituel. Dans le cas d’un bloc bas et de cette possession de balle, on est plus souvent entre 350 et 400 passes.

Un plan de jeu ambitieux qui aura créé 7 tirs mais seulement une seule frappe cadrée. Bien trop peu pour espérer autre chose.

 

Belgique : Plutôt diesel que TGV mais, au final, une victoire propre et nette.

Roberto Martinez proposait également une défense à 5 mais choisissait de partir sur un milieu composé de deux joueurs et d’une ligne d’attaque à 3. Ce choix était plutôt logique compte tenu de l’adversaire et de la domination évidente qu’allait avoir son équipe. Comme évoqué plus tôt, la Belgique a eu la possession du ballon face à un bloc bas et discipliné défensivement.

Les Belges ont choisi d’utiliser deux circuits de jeu et les ont répétés durant tout le match jusqu’à faire craquer leur adversaire :

Le point commun à ces attaques placées a été leur déclencheur, le premier passeur, Kevin de Bruyne. La connexion entre ce dernier et Lukaku a été compliquée à trouver avant la 65ème minute et ce but refusé pour un hors-jeu dû au 47,5 des crampons de l’avant-centre. C’est en effet à ce moment que les centraux finlandais ont laissé, pour la première fois, quelques centimètres au joueur de l’Inter. Les Belges ont donc logiquement choisi les ailes pour pilonner la défense adverse. A ce niveau, on a pu observer plus d’automatismes, sur le côté gauche, entre Chadli et Hazard. En effet, lorsque l’un mordait la ligne de touche, l’autre intégrait l’axe pour offrir une solution de passe.

A l’opposé, on voyait souvent le duo Trossard-Doku évoluer dans la même zone. On notera que les assauts belges prendront une autre dimension lorsque Doku et Hazard permuteront un peu après la demi-heure de jeu, puis une nouvelle fois à la 55ème minute. Pas toujours en réussite face au latéral gauche Uronen, le jeune ailier usera de sa vitesse face au latéral opposé, Jukka Raitala. C’est d’ailleurs un énième débordement de Doku qui permettra d’obtenir le corner amenant l’ouverture du score (0-1, 65ème). Le second but arrivera via une seconde connexion réussie entre De Bruyne et Lukaku (0-2, 81ème). Le timing des buts et le fait de ne pas encaisser traduisent, de la part des Belges, un match très sérieux et maitrisé. Deux qualités qui évitent les mauvaises surprises face à ce type d’adversaire.

Thomas Fullenwarth 

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