Jeff Strasser : « Le bilan est positif »

Troisième du championnat, le Progrès est pour le moment dans les clous vis-à-vis de l’objectif européen. Après un début de championnat compliqué (un point sur neuf),  Niederkorn a su redresser la barre, et rejoint la trêve sur un enchaînement de quatre succès consécutifs. Suffisant pour se loger sur le podium, et, selon son entraîneur, partir à la trêve avec un sentiment de satisfaction. Jeff Strasser dresse le bilan de la phase aller du championnat.

Quand vous arrivez au Progrès cet été, quel est votre constat initial sur le groupe ?

Quand on arrive en tant que nouveau coach, on analyse certains des matchs qui se sont déroulés l’an passé, et on regarde l’effectif à disposition. Comme je suis arrivé assez tardivement vis-à-vis de la constitution du groupe qui était quasiment fait, il fallait principalement regarder les qualités de l’effectif, ainsi que ses manquements. On fait donc une première analyse pour voir comment il va être possible de mettre ses idées en place. J’ai remarqué que le groupe avait peut-être pris l’habitude de s’entraîner l’an dernier à un rythme moins élevé que ce qui me parait adéquat. J’étais un peu étonné de cela.

Fallait-il requinquer l’effectif après la non-qualification européenne ?

Les joueurs avaient eu le temps de digérer cela, puisque le championnat était déjà terminé depuis un certain temps. Il y avait un objectif l’an passé qui n’a malheureusement pas été atteint, et c’était simplement à nous de le réussir cette saison.

« Il y a toujours quelque chose à peaufiner, à améliorer. On est toujours dans une forme d’assimilation, que cela soit la construction de jeu, le placement défensif… »

Vous arrivez forcément avec des préceptes de jeu, des intentions assez claires. En combien de temps estimez-vous que la greffe commence à prendre avec les joueurs, avec une réelle assimilation de vos principes ?

Il y a certains principes qui se mettent assez rapidement en place. Ensuite, il faut regarder ce que l’effectif est capable de faire et ce qui est plus compliqué. Si on n’a pas la qualité nécessaire pour mettre en place certains principes, ça ne sert à rien en tant qu’entraîneur de s’obstiner là-dessus. On a réussi à trouver le bon rythme, avec un système que nous avons défini, des variabilités pour surprendre et mettre en difficulté l’adversaire. Après, c’est une préparation qui se fait assez normalement, mais avec toujours cette manière de penser capitale chez moi qui est : « ça n’est jamais terminé ». Il y a toujours quelque chose à peaufiner, à améliorer. On est toujours dans une forme d’assimilation, que cela soit la construction de jeu, le placement défensif, etc… Une fois que les grands principes sont compris, il faut aller de plus en plus dans le détail. Maintenant que nous sommes à la trêve, il peut y avoir une réflexion pour mettre d’autres choses en place, pour ajouter une corde à notre arc et potentiellement surprendre l’adversaire.

Vous avez eu un début de championnat compliqué, avec pour commencer deux matchs contre le Swift et Dudelange, où vous aviez été loin d’être ridicules, mais aviez quitté les rencontres avec zéro points…

Il faut quand même rappeler que contre le Swift, on nous refuse un penalty évident à 2-1 en notre faveur qui aurait évidemment changé le match. Le contenu des matchs était très intéressant à défaut du résultat.

Dans ce contexte, que regarde t-on ? Le contenu intéressant, ou le résultat décevant ?

Je regarde le contenu. Toujours. Que cela soit contre les deux meilleures équipes du championnat, ou le match nul contre Kaerjeng, c’est toujours cette analyse qui m’intéresse. Et je suis parfaitement capable de dire que contre l’UNK, nous n’avons pas offensivement assez produit. On sort donc avec un meilleur résultat – un point – mais un contenu moins bon.

Lors du dernier entretien que vous avez eu avec nous, vous aviez mentionné que le total de buts était insuffisant. Au vu des trois dernières rencontres avant la trêve et les 10 buts marqués, est-ce suffisant pour se dire que l’efficacité offensive est trouvée ?

Je pense que les dernières performances ont été meilleures. Offensivement, on a marqué plus de buts mais on peut aussi se dire que nous en avons encaissé six, ce qui est trop selon moi. Il faut essayer de garder cette efficacité offensive tout en concédant moins de buts. Maintenant, si on marque trois buts à chaque rencontre, c’est plus probable que l’on sorte du match avec les trois points, donc c’est encourageant.

Si on prend ces trois victoires, on remarque que chacune d’entre elles s’est faite à l’arraché, alors qu’il y avait un réel sentiment de supériorité du côté de votre équipe. Ces trois matchs, avec deux buts encaissés en maximum un quart d’heure, vous l’expliquez comment ?

Un manque de concentration. C’est arrivé deux fois après la mi-temps, où, en menant 2-0, on prend un but et on baisse un peu la garde et on est sanctionné derrière. Il faudra clairement travailler là-dessus sur la phase retour. Mais il faut aussi dire chapeau à l’équipe pour ces matchs qui ont sensiblement la même physionomie et le même scénario. Parce que les ressources mentales de l’équipe ont été très fortes. Et si on prend le derby, en étant mené 2-0 tout en étant meilleur que l’adversaire, on a continué de croire en nous, et c’est une réelle force. Donc on en revient à la même chose : une analyse globale. Le positif, avec cette capacité à repartir de l’avant, mais aussi les moins bonnes choses pour continuer de travailler dessus. C’est notre rôle de coach au quotidien, quel que soit le résultat. Que l’on soit bon ou moins bon, l’analyse est obligatoire.

« Je dis toujours que le meilleur moyen d’être européen, c’est de maintenir une moyenne de deux points par rencontre. Avec 29 points, on y est quasiment »

Avec quatre victoires consécutives, vous arrivez à la trêve avec cette troisième place, synonyme de qualification européenne, objectif du club. Quel bilan tirez-vous de cette première partie de saison ?

Le bilan est positif, car nous sommes aujourd’hui à la troisième place, ce qui est l’objectif du club. On a augmenté le nombre de buts marqués dans les derniers matchs pour avoir une moyenne plus intéressante qu’à un moment donné. C’est à garder et à augmenter. Au niveau des buts encaissés, cela serait bien de redescendre un peu tout en maintenant cette efficacité devant. Et je pense avoir un groupe intéressant, qui vit très bien ensemble, où l’immense majorité essaie de tirer vers le haut. Il faut donc en deuxième partie de saison continuer avec cette mentalité. Pour ce qui est du total de points, c’est intéressant. Je dis toujours que le meilleur moyen d’être européen, c’est de maintenir une moyenne de deux points par rencontre. Avec 29 points, on y est quasiment. Sur l’ensemble des matchs, il nous manque je pense deux points. Pour la phase retour, l’objectif est simple : on analyse les résultats de la phase aller. Les matchs que nous avons gagné, il faut refaire de même. Ceux qui se sont conclus par des partages de points ou des défaites, il faut faire mieux. Mais au jour d’aujourd’hui, les joueurs peuvent rentrer dans une phase de récupération avec le sentiment du devoir accompli.

On a le sentiment qu’à l’image des déplacement à Hostert ou Kaerjeng, il y a eu ces couacs qui, au final, empêchent d’être installé plus tranquillement sur cette troisième place. Est-ce que la clé dans cette saison, ce n’est pas précisément de ne pas perdre de points en cours de route contre les adversaires plus « modestes » ?

Je n’aime pas le terme modeste. Mais en effet, la clé est de prendre le maximum de points contre des équipes qui ne luttent pas pour les mêmes places que vous. Ces matchs-là, il faut en effet faire en sorte de quasiment tous les gagner. Maintenant, nous sommes des humains, il peut y avoir des jours où l’on est moins bien. Et si on reprend le match contre Kaerjeng, il est assez particulier, puisqu’on finit par enfin ouvrir le score après avoir dominé toute la rencontre, et quelques minutes plus tard, on prend l’égalisation sur coup-franc. Et contre Hostert, c’est peut-être le match dans lequel on a eu le plus de possession de balle, mais on a pêché dans l’efficacité. Ce sont des choses qui arrivent, et ça sera à nous d’éviter que cela ne se reproduise lors de la seconde partie de saison. On doit trouver les clés pour ne pas revivre cela.

« Voir des gens qui nous supportent, tant par la présence que l’ambiance, c’est extrêmement plaisant. Je suis heureux de voir beaucoup de gens soutenir Niederkorn »

Peut-on envisager un mouvement sur le mercato cet hiver, ou le cadre va t-il rester le même ?

C’est certain qu’il y aura des mouvements. Combien il y en aura ? Je dirais au maximum deux arrivés. Pour les départs, cela dépend de la demande du marché. À l’heure actuelle, il est possible qu’un de nos joueurs parte dans le monde professionnel. Si cela se fait, ce sera à nous d’analyser si nous avons une solution de rechange en interne, ou s’il faut aller chercher ailleurs. Si il y a un bon élément accessible sur le marché, je pense qu’il faut y aller. Mais pour le moment, il n’y a rien d’officiel. Nous sommes dans la réflexion.

Quand on fonctionne avec des joueurs prêtés – à l’image du partenariat avec Sochaux – est-ce que cela peut compliquer d’une certaine manière la vision long-terme, alors qu’on sait que ces éléments ne resteront pas forcément longtemps ?

La logique veut que ces éléments retournent dans leur club. Mais rien ne dit que cela sera dès l’année prochaine. Ce sera aux deux clubs et aux joueurs de décider cela. Maintenant, il faut quand même rappeler qu’un partenariat avec un club comme Sochaux est une excellente chose. On discute régulièrement avec eux, et ils sont heureux tant de la performance des joueurs prêtés, que du niveau du championnat. Tout le monde est gagnant dans cette affaire, ce qui est le plus important. Si un ou deux joueurs doivent repartir l’an prochain, ce sont les aléas du football. Et cela voudra dire qu’on aura sûrement la certitude d’avoir d’autres joueurs intéressants qui nous rejoignent dans la saison à venir. Ce qui est certain, c’est que je préfère avoir un partenariat avec un club comme Sochaux que le contraire.

Vos deux derniers clubs que sont la Jeunesse et le Progrès sont repûtés pour avoir une des bases de supporters les plus assidus et enjoués du pays. Est-ce un bénéfice de sentir ce soutien, ou pensez-vous au final que c’est plus anecdotique qu’autre chose ?

Cela fait du bien au football et aux joueurs. Voir des gens qui nous supportent, tant par la présence que l’ambiance, c’est extrêmement plaisant. Je suis heureux de voir beaucoup de gens soutenir Niederkorn. J’avais dit la même chose l’année dernière concernant les supporters de la Jeunesse. C’est très très bien.

Quel va être le programme de reprise ? Allez-vous partir en stage ?

Il n’y a pas de stage de prévu. Déjà, c’est compliqué avec des joueurs qui travaillent à côté. Ensuite, c’est bien de trouver des conditions de travail autre que celles ici, mais à un moment il y a un retour et une adaptation obligatoire à la réalité du terrain au Luxembourg. Et cela a aussi un sacré coût. En étant malins, on peut faire de très bonnes choses ici. Il y aura une phase de préparation, comme chaque année. On aura cinq semaines pour remettre les joueurs en forme.

On sait qu’après la trêve, on peut se retrouver sur des terrains d’une qualité assez médiocre. Dans ce contexte, faut-il une anticipation en termes de plan de jeu ? Le Progrès est une équipe qui aime la possession, mais y a-t-il un plan mis en place pour précisément avoir une solution quand c’est difficilement faisable ?

On essaye, oui. Mais on le fait tout au long de l’année. Il y a des terrains ici qui n’ont pas besoin de l’hiver pour être médiocres. Donc c’est à nous de prévoir un style de jeu potentiellement différent, mais aussi des joueurs différents. Nous avons la chance d’avoir une commune qui donne le maximum pour nous donner des conditions optimales à chaque match. Maintenant, si le terrain est gelé, c’est difficile d’être praticable dans tous les cas… Les deux équipes jouent sur la même pelouse. À la meilleure de s’en sortir le mieux. De toute manière, c’est une bonne chose d’anticiper, mais il faut aussi se concentrer sur ce qu’on sait bien faire.

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