Julien Steinmetz : « On peut parler d’exploit »

Le capitaine et sélectionneur de l’équipe nationale de beach soccer s’est confié sur l’état et la progression de son sport au Luxembourg, ses difficultés pour faire adhérer son projet auprès des sponsors et des communes, mais aussi son exploit lors du mondial en Italie début juillet.

Racontez-nous un peu votre parcours…

Je suis issu du foot traditionnel, je suis passé par toutes les catégories jeunes du football à 11 en France. Étant infirmier de profession, c’est parfois compliqué de continuer le football à haut niveau, donc j’ai profité de ma naturalisation luxembourgeoise en 2013 pour créer et intégrer l’équipe nationale de beach soccer, qui a vu le jour officiellement en 2016, date à laquelle on a joué nos premiers matchs internationaux. Je suis le seul luxembourgeois joueur de beach soccer qui évolue à l’étranger. J’ai joué en France, en Belgique, un peu en Suisse et aux Pays-Bas. 

Vous avez participé à un tournoi il y a quelques semaines, comment ça s’est passé ? 

Quand on est le Luxembourg, on est considéré comme un petit pays, même dans le football à 11, donc ça fait cinq ans qu’on se bat à travers nos matchs pour montrer qu’on est une équipe à prendre au sérieux. On a été à la Golden League, qui est la Ligue mondiale de beach soccer et qui regroupe les meilleures sélections comme le Brésil, la France ou l’Argentine… On a fait une très belle performance et à l’échelle du pays, on peut parler d’exploit.

En 2017, vous disiez chez nos confrères du Wort que le Beach soccer tarderait à « sortir de l’anonymat ». Cinq ans plus tard, est-ce que vous avez vu une évolution ? 

Ça a évolué, mais pas aussi vite qu’on l’aurait aimé. Il y a le Covid qui est passé par là entre temps et qui a freiné les choses pendant deux ans. La visibilité était donc quasiment nulle. En plus de ça, au Luxembourg on manque d’infrastructures, donc Covid ou pas le développement aurait été assez lent.

C’est donc toujours aussi difficile de trouver un terrain ?

Oui, il y a un seul terrain de disponible qui se situe à Cessange et qui est occupé toute l’année par le beach volley donc il faudrait accessoirement enlever tous les terrains… On peut le faire pendant quelques semaines l’été mais c’est tout. Pour progresser, il faut le faire plus que deux ou trois mois dans l’année.

Avec qui faut-il se battre pour changer cela ? 

Avec les communes, les présidents de clubs peuvent éventuellement bénéficier de terrains… On est obligés de passer par eux pour avoir des créneaux horaires.

Comment faites-vous sans championnat national ?

J’ai demandé à la majorité de mes joueurs d’évoluer, à partir de la saison prochaine, soit en championnat de France, de Belgique ou aux Pays-Bas. Il n’y a que de cette façon qu’on pourra progresser à l’échelle internationale.

Avez-vous des difficultés à attirer des joueurs ?

Des joueurs qui ont le potentiel, il y en a beaucoup mais ils ne le savent pas forcément parce que ce n’est pas dans leur logique de penser au beach soccer étant donné qu’il n’y a pas d’infrastructures et qu’on ne fait pas une grosse promotion. Au Luxembourg, les bons joueurs sont forcément plus rares que dans d’autres pays et ils jouent majoritairement au foot à 11.

Qui joue au Beach-soccer ? Des anciens joueurs de football reconvertis, des joueurs de futsal… ? 

Il y a tous les profils. On a souvent pensé que les anciens étaient plus faits pour le beach soccer, mais au final pas du tout. Dans notre équipe, on a des trentenaires, des quarantenaires, mais aussi des joueurs très jeunes qui ont à peine vingt ans. Ce sont essentiellement des joueurs issus du foot à 11, qui ont plus de facilité que les joueurs de futsal, qui eux ont plus l’habitude de jouer au sol et qui ont des difficultés à lever la balle. 

Vous disiez également vouloir être affiliés à la FLF, où est-ce que ça en est aujourd’hui ? 

Ce n’est toujours pas le cas et ce n’est d’ailleurs plus du tout un objectif puisque depuis qu’on a intégré l’IBS on a la possibilité d’être complètement indépendants des fédérations et donc ça nous laisse le terrain libre pour aller à la vitesse qu’on veut. Au niveau structurel et financer, cela aurait été intéressant mais d’un autre côté ça peut aussi être un handicap.

Vous aviez essayé d’entrer en contact avec eux ?

Oui, on leur avait expliqué clairement nos objectifs mais ce n’avait pas abouti car la FLF n’est pas intéressé par les dérivés du football à 11.

Comment s’entrainent ces joueurs qui ne jouent pas à l’étranger ? 

Toute l’année, ils jouent au futsal, au mini-foot ou au football à 11, donc ils font des préparations avec leur club, mais à partir de mai, on démarre une préparation commando pour travailler exclusivement le beach soccer.

Comment faire avec les joueurs qui ont des contrats avec certains clubs ? 

On évite de prendre des joueurs de BGL Ligue ou de Promotion d’Honneur puisqu’ils ont des contrats qui les obligent à respecter certaines règles dont celle de ne pas jouer des dérivés du football. On table sur des joueurs qui évoluent dans des divisions inférieures mais qui ont ou ont eu un certain potentiel et qui se sont perdus en chemin. 

Comment se déroule une « préparation commando » ? 

C’est trois entrainement par semaine, qu’il pleuve ou qu’il fasse 35 degrés. C’est extrêmement physique, surtout dans le sable, et au niveau technique on n’a qu’un mois et demi pour se préparer donc forcément il faut au moins deux à trois entrainements par semaine. Pour ceux qui ne sont pas habitués, c’est parfois compliqué de suivre le rythme.

Cet été, quelles sont les dernières échéances qu’ils vous restent ?

On avait fixé le tournoi en Italie comme dernière échéance. Maintenant, je vais emmener plusieurs joueurs avec mois dans le championnat néerlandais et on aura probablement un match amical face aux Pays-Bas à la fin de l’été. On se limitera à ça cette année qui aura été assez extraordinaire. L’année prochaine, on sera invité une semaine en Égypte pour jouer un mondial avec la France, l’Argentine… 

Vous arrivez à trouver des sponsors qui paient vos déplacements ? 

On trouve des petits sponsors, mais à terme, il faudra en trouver un plus gros parce que c’est un travail éreintant de trouver des petits sponsors, de leur expliquer et de leur faire adhérer à notre projet. On fonctionne un peu comme un petit club de football traditionnel. On arrive toujours à se débrouiller, mais il faudra trouver un plus gros sponsor, c’est essentiel si on veut continuer de progresser.

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