Albicelestiale !

Pour ce qui restera comme la plus grande finale de l’histoire de la Coupe du Monde, l’Argentine l’a emporté, aux tirs aux buts, face à la France. Un troisième succès mondial qui portera évidemment le sceau de Lionel Messi, auteur d’un doublé.

(Messi s.p 23e, 109e, Di Maria 36e) Argentine 3 – 3 France (Mbappé, 80e, 81e, 118e sp)

On dit souvent qu’il est pratiquement impossible d’adapter le football au cinéma. Car la force du sport le plus populaire au monde se trouve dans la magie du direct, dans la puissance de l’imprévu. Et car des histoires dingues ne paraitraient jamais crédibles aux yeux du public si elles étaient scénarisées. En ce sens, cette finale France – Argentine rentre parfaitement dans cette catégorie. Car la réalité est en effet devenue plus belle, plus grande que la fiction. Une finale entre deux des plus grandes nations au monde. Potentiellement le dernier match sous le maillot de l’Albiceleste pour Lionel Messi, qui pourrait achever cette période de sa vie par une place dans l’éternité. Et en face, une équipe de France portée par Kylian Mbappe, le successeur au titre de meilleur joueur mondial. Les deux joueurs, meilleurs buteurs de la compétition. Des blessures à gogo pour la France, et un groupe qui se soude, et cherche à remporter le titre pour la seconde fois consécutive, un exploit vu seulement une fois dans l’histoire de la Coupe du Monde. Cela ne vous suffit pas ? Alors, une finale entre deux équipes qui luttent pour un troisième titre mondial. Une équipe d’Argentine en mission, portée par 47 millions de supporters. Mbappé sur les traces de Pelé. Tant de facteurs qui, portés dans le monde du cinéma, rendraient cette histoire trop belle, trop fake. Mais ainsi va la réalité, parfois divine, plus forte que l’imaginaire collectif, et qui nous permet ainsi d’assister à ce qui restera assurément comme la plus grande finale de l’histoire de la Coupe du Monde. Car le scénario de ce match, totalement dingue, aura été à la hauteur de l’enjeu, de l’histoire, et de la dramaturgie de cette compétition hors-normes.

Le récital de l’Argentine

Comme dans toute finale, il était dur de savoir quelle équipe allait prendre le meilleur départ. Pourtant, très vite, le constat est clair. L’Argentine fait preuve de plus de détermination, à l’image d’un Lionel Messi particulièrement actif au pressing. Face à une équipe de France assez attentiste, l’Albiceleste s’offre les premières banderilles du match, mais ni Mc Allister, frustré par la parade de Lloris, ni De Paul, d’une frappe contrée, ne trouvent l’ouverture. De plus en plus dominatrice face à des tricolores incapables de développer leur football, l’Argentine poursuit les incursions, à l’image de cette formidable opportunité pour Di Maria, que l’ailier vendange. Ce n’est que partie remise pour le joueur de la Juventus : quelques minutes plus tard, celui-ci élimine Dembele avant de rentrer dans la surface de réparation. L’attaquant du FC Barcelone semble légèrement toucher son adversaire qui s’effondre, provoquant le coup de sifflet de l’arbitre de la rencontre. Un penalty pour Messi, encore une fois, qui ne tremble pas au moment d’ajuster Lloris (1-0, 23e). Une ouverture du score logique, tant les Argentins dominent une équipe de France absolument invisible. Incapable de proposer quoi que ce soit, les champions du monde en titre vont sombrer sur une contre-attaque fabuleuse de l’Albiceleste : quatre passes en une touche, 70 mètres parcourus en dix secondes, et Di Maria à la finition : un des plus beaux buts de cette Coupe du Monde, au meilleur des moments, pour faire le break (2-0, 36e). Un scénario cauchemar pour l’équipe de France, qui force Didier Deschamps à tenter un coup : les remplacements d’Ousmane Dembele, invisible, et Olivier Giroud, discret, remplacés par Kolo Muani et Thuram. Un réajustement tactique qui ne porte pas ses fruits avant le retour des vestiaires, que l’Argentine rejoint avec deux buts d’avances.

Un quart d’heure de folie amène les prolongations !

Avec un retard de deux buts, il ne fait aucun débat : les Tricolores doivent sonner la révolte. Pourtant, à l’image de cette tentative de De Paul ou une frappe excentrée d’Alvarez bien arrêtées par Lloris, la France n’y arrive pas. Car en face, l’Argentine,  acharnée sur le terrain, sait parfaitement gérer, avec cette malice sud-américaine, l’avance de deux buts sur le plan comptable. Délaissant la possession de balle, l’Albiceleste est dans l’ensemble tranquille au moment de défendre sa cage. Et continue de se procurer les meilleures occasions, à l’image de ce tacle héroïque d’Adrien Rabiot devant Messi, ou de la sortie de Lloris devant Julian Alvarez, qui maintiennent le suspense aux alentours de la dernière demie heure. Seule une frappe de Kylian Mbappé fait passer un léger frisson, sans relancer l’équipe de France. Au fond du trou, les Bleus vont pourtant se voir offrir une formidable opportunité de revenir dans le match. Une faute grotesque d’Otamendi sur Kolo Muani offre un penalty indiscutable à l’équipe de France. Kylian Mbappé convertit et redonne l’espoir à tout une nation (2-1, 80e). Le moment où toute une rencontre plonge dans la folie la plus totale. À peine une minute plus tard, l’attaquant du Paris-Saint-Germain s’offre un une-deux parfait avec Kolo Muani : le buteur français se fend d’une formidable volée pour remettre les deux équipes à égalité (2-2, 81e). Un retournement de situation totalement ahurissant dans un match qui semblait hors de portée de l’équipe de France, et qui, en 120 secondes, est complètement relancé. Totalement survoltée derrière cette égalisation, l’équipe de France pousse comme jamais face à une équipe Argentine totalement sonnée, et qui ne semble attendre qu’une chose : les prolongations. L’Albiceleste, absolument invisible, ne doit son salut qu’à une frappe contrée de M’bappe, encore lui, puis une tentative de Rabiot bien arrêtée par Martinez. Alors que l’Argentine semble KO, cette dernière peut compter, une dernière fois, sur son numéro 10, qui se fend d’une sacoche monstrueuse que Lloris détourne en corner. La dernière occasion d’un dernier quart d’heure absolument phénoménal, qui envoie les deux équipes en prolongations.

Albicelestiale !

Passées ces quinze minutes assez folles pour ressusciter un mort, les prolongations débutent avec un retour de la raison. À savoir deux équipes face à face conscientes que le moindre but  peut être synonyme d’élimination. Retour alors à l’observation, l’absence de risques, et la gestion dans ce qui semble alors être une des plus grandes finales de l’histoire de la Coupe du Monde. Dans les dernières secondes de la première période, l’Argentine va pourtant croire prendre les devants, mais Lautaro Martinez, par deux fois, va échouer face à la mire dans un scénario totalement irrespirable. De nouveau supérieure, l’Argentine va repasser devant, évidemment, par un certain Lionel Messi. À la suite d’une belle action collective, le numéro 10 est aux affûts sur la parade de Hugo Lloris et marque le but décisif (3-2, 109e). Avec dix minutes restantes, l’équipe de France balance ses dernières sacoches pour essayer d’arracher les tirs aux buts. Et, encore une fois, dos au mur, les Tricolores vont trouver les ressources pour se maintenir dans ce match. Un penalty pour une faute de main que Kylian Mbappé transforme (3-3, 118e), confirmant que cette finale, au-delà de récompenser un vainqueur, récompense le football. Un match tellement dingue, qu’on en est presque heureux de voir cette dernière double action ahurissante, ponctué par un arrêt de Martinez face à Kolo Muani, et une tentative de Lautaro Martinez sur le contre qui suit échouer à côté, ne pas offrir un vainqueur avant la séance de tirs aux buts fatidiques. 

Il fallait néanmoins un gagnant dans cette finale homérique, et, malheureusement, un perdant. Un penalty de Coman raté, un autre de Thouaméni à côté, et voici l’Argentine championne du Mondial. Irrationnel, à l’image de ce parcours, de cette mission, et d’un certain numéro 10, trente-cinq ans, encore une fois décisif, et, définitivement, plus grand joueur de tous les temps.

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