Michel Rodrigues : « C’est grâce à Ronny Souto que je suis là où je suis »

Cette semaine, nous avons interviewé le plus jeune entraîneur de la Promotion d’Honneur. À seulement 29 ans, Michel Rodrigues a succédé la saison dernière à Ronny Souto à la tête de Junglinster juste avant le match de barrage contre Wiltz, lors duquel les nordistes s’étaient imposés au bout d’une séance de tirs au but haletante. Le match de barrage, la claque prise en ouverture de saison contre Mamer, la remobilisation consécutive à cette défaite, Michel Rodrigues n’a évité aucun sujet.

Michel Rodrigues, votre carrière d’entraîneur est très précoce. À seulement 28 ans, vous prenez les rênes de Junglinster. Comment devient-on entraîneur en Promotion d’Honneur à un si jeune âge ?

J’ai commencé ma carrière comme entraîneur à 21 ans. Avant, je jouais moi-même dans les équipes de jeunes au Luxembourg. C’est une blessure qui m’a amené dans le domaine du coaching. Jusqu’à mes 27 ans, j’ai entraîné les catégories jeunes à l’Etzella et à Dudelange, des U11 jusqu’aux U19. L’année passée, Junglinster m’a proposé de devenir leur entraîneur adjoint de Roni Souto (n.d.l.r. l’entraîneur actuel de Weiler-la-Tour). J’ai accepté, parce que j’ai grandi en regardant Roni Souto sur les terrains de foot. J’ai eu ainsi six mois d’expérience chez les séniors, et lorsque Roni a pris la décision de quitter le club, je me suis porté candidat pour devenir l’entraîneur principal du club. C’est vraiment grâce à Roni que je suis là où je suis. C’est lui qui m’a ouvert les portes.

Roni Souto a quitté le club juste avant le match de barrage. C’est un timing très particulier. Étiez– vous au courant depuis plus longtemps ?

Oui. En interne, on l’a su un mois en avance. Mais le match de barrage, on l’a joué avec la philosophie qu’il a mise en place toute l’année. On n’a rien changé. Le départ n’a pas eu la moindre perturbation sur le groupe.

Et donc votre premier match comme T1 était un match de barrage…

Oui… Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais pour commencer comme T1 (rires). On a bien préparé le match pendant la semaine. On a joué ce match et on a tenu 120 minutes contre Wiltz qui était sur papier beaucoup plus fort que nous. On a montré qu’on avait les ressources pour accrocher des adversaires de la BGL Ligue. Finalement, on manque la montée pour un tir au but…

Quels sentiments aviez-vous à la fin de ce match ?

J’étais super content. C’était une belle expérience pour moi, pour les joueurs et pour le club qui a vécu cela pour la première fois. Malgré le résultat, à la fin on était tous fiers de nous et de la saison que nous avons faite tous ensemble. Le bilan était positif à la fin de la rencontre.

« On a le meilleur gardien de la division »


Quelles sont les chances, selon vous, de vivre une saison 2022/2023 comparable à la précédente ?

On a beaucoup de changements dans l’effectif. Beaucoup de joueurs sont partis et on a ciblé notre recrutement sur le style de jeu qu’on veut imposer en Promotion d’Honneur. On a recruté de très bons jeunes joueurs. Je pense que les chances de faire un gros championnat sont grandes. Mais atteindre notre meilleur niveau va prendre du temps. Rien ne se construit en un jour. Il va falloir se montrer patient et réaliste en considérant qu’on a un nouveau groupe et qu’il faudra souder pendant les trois premiers mois, et seulement après, on pourra se poser des objectifs pour la saison.

Vous avez quand même perdu un élément clé dans quasiment chaque ligne. Hélio Lopes dans les buts, Rafael Rodrigues en défense, Donovan Bonet en attaque…

Oui. C’étaient trois piliers de notre équipe et ils faisaient souvent la différence. De mon avis et de ma connaissance de la division, je pense que cette saison, on a le meilleur gardien de la division (n.d.l.r. avec Pedro Freitas). Je l’assume et je n’ai pas peur de le dire publiquement. Pour les deux autres postes, on a fait venir de très jeunes et il faudra du temps.

La reprise du championnat a été très difficile pour vous avec une défaite 0-7 contre Mamer. Commet avez-vous su digérer ce match ?

On commence la saison contre l’équipe qui est pour moi la grande favorite de ce championnat. On les avait bien analysés, mais on a eu une semaine compliquée en interne. Les choses ne se sont pas bien passées avec les joueurs et on avait sept absents pour ce match. Il faut rajouter à cela qu’on était dans un mauvais jour, à commencer par moi qui n’ai pas été à la hauteur du match. Mes joueurs n’étaient pas bien non plus dans leur match et finalement, il faut féliciter Mamer pour leur victoire 0- 7. Mais je savais que cette défaite pouvait nous faire grandir. À la fin du match, j’ai pris les joueurs pendant une heure aux vestiaires. Tous ensemble, on a pris nos responsabilités pour cette défaite. On a eu un bon dialogue. On s’est dits qu’à partir de lundi, on oubliait Mamer et on se concentrerait exclusivement sur Bissen. Pendant la semaine, on a su préparer le match de Bissen en faisant abstraction de la défaite contre Mamer. Quand on a une telle mentalité, les choses ne peuvent aller que vers l’avant.

Après votre match contre Bissen, nous avons contacté Benjamin Salmistraro, le portier du FC Atert Bissen, et il nous a confié que la carte rouge de Muhongo avait été le tournant de la rencontre. Êtes-vous du même avis ?

Je respecte son point de vue, mais je ne suis pas d’accord. En première mi-temps, c’était 50/50. Mais après la pause, on est rentrés beaucoup plus forts sur le terrain. Ce qui a changé le match, c’est la montée au jeu de Matteo Lumare juste avant la carte rouge. Il faut le féliciter. Il est sorti du banc et il a débloqué le match. C’est un joueur important dans notre équipe.

« Le match contre Berbourg, c’est le match que tout le monde attend dans la région »

Vous avez un calendrier compliqué pour commencer la saison. Mamer en premier match et maintenant, vous allez enchaîner Berbourg, Rumelange et Bettembourg…

C’est vrai. Le match contre Berbourg, c’est le match que tout le monde attend dans la région. C’est un derby. On doit maintenant se focaliser sur celui-ci et ne plus penser au match contre Bissen. C’est du passé. Ce qui m’importe maintenant, c’est de prendre les trois points dimanche. Les trois matchs qui vont s’enchaîner pour nous vont nous permettre d’évaluer notre niveau par rapport à la Promotion d’Honneur. Après ces matchs-là, on pourra faire un premier bilan.

La saison du FC Jeunesse Junglinster sera réussie si …

… si on termine la saison dans les 8 premiers et si on arrive à créer un groupe de travail pour le futur. Je pense qu’on est sur le bon chemin. C’est pourquoi je suis d’autant plus satisfait qu’un joueur comme William Rodrigues ait choisi de rester chez nous. C’est un joueur essentiel de notre effectif. Il pourrait faire la différence dans tous les matchs. Cette année, il doit prouver qu’il a les capacités pour jouer un niveau au-dessus. Tout est dans ses mains.

Interview réalisé par Andy Foyen

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