Nuno Borges : « Nous ne mettrons jamais le bus derrière ! »

Déjà à la tête des Red Black Egalité l’an passé, lors d’une saison folle pour la montée, Nuno Borges se livre sur cette première partie de saison en première division avec ses joueuses pleines d’envie, malgré la place de lanterne rouge.

Nuno, avant toute chose, pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaitrez pas ?

J’ai entrainé pendant 13 ans au Portugal chez les hommes en deuxième division. Je suis revenu au Luxembourg récemment. J’ai d’abord été adjoint à Itzig avant de prendre la tête des Red Black l’an passé.

Justement, vous êtes montés pour votre première saison, pouvez-vous nous raconter ce succès ?

Sincèrement, c’est la saison la plus bizarre que j’ai vécu en tant que coach… ! L’objectif du club était de monter, c’était clair. Mais les choses ne se sont pas passés comme on le voulait, à la trêve nous étions 3ème. Au retour en championnat nous enchainons deux défaites importantes de suite et là, les joueuses et moi-même avons perdu tout espoir. On était passé 7èmes… avec le comité on se préparait déjà à refaire une saison en D2. Et puis, il y a eu ce tournant contre Differdange. Sur la physionomie du match elles étaient meilleures, mais nous gagnons 3-2 et là nous avons enchaîné huit victoires. Tout le monde a commencé à y croire de nouveau, match après match. Nous arrivons finalement aux barrages et l’emportant aux penaltys. Une saison complètement folle !

Comment s’est passé cette transition en première division, qu’est-ce que le comité vous a donné comme moyens et objectifs ?

Nous avons un seul objectif : se maintenir. Ça va être difficile, mais c’est le seul. Il ne faut pas brûler les étapes. Pour les filles c’est une récompense d’être là. Nous avons essayé de recruter, cela a été compliqué pour ne rien vous cacher. Nous ne pouvions pas choisir comme les gros clubs poste par poste selon nos besoins. Là il fallait déjà trouver des joueuses qui voulaient nous rejoindre. Finalement nous avons conservé toute notre ossature, il n’était pas non plus question de dire aux joueuses qui ont fait la montée « c’est trop juste pour toi la D1 ».

Est-ce que vos joueuses ont été surpris du niveau ?

Oui et non. Oui car seulement 3 de mes joueuses avaient déjà joué à ce niveau-là. Donc pour beaucoup c’était nouveau. Mais non, car nous savions que cela serait relevé, que chaque erreur coûte beaucoup plus cher qu’en D2. Que le jeu va plus vite etc. Pour moi c’est avant mental que cela se joue cette saison pour nous.

Comment est-ce que vous vous êtes adaptés ?

Ma philosophie c’est de jouer ! Et c’est comme ça dès l’entrainement. Je ne suis pas le genre de coach qui fait courir ses joueuses ou sauter des haies etc. Je veux qu’elles jouent au football, tout ça je l’intègre au jeu. Vous ne verrez jamais mon équipe mettre un bus derrière, peu importe l’adversaire, que ce soit Racing ou un autre. Je veux que mes filles pressent, essayent d’aller vers l’avant lorsque l’on a le ballon. Je leur ai déjà dit que beaucoup de buts sont ma faute, car je veux qu’elles jouent haut et ne refusent pas le jeu. Et quand j’ai des arbitres ou entraineurs adverses qui me disent que mon équipe joue bien, par rapport à nos qualités, alors c’est que nous avançons dans le bon sens. Je peux aussi vous dire qu’on ne fera jamais forfait ! On sait ce qu’il nous attend, nous ne devons avoir peur d’aucun adversaire, nous apprenons chaque match.

Comment est-ce que vous gardez votre équipe mentalement concernée avec ces défaites que vous avez enchainé ?

La base de tout c’est d’être honnête avec ton équipe. On sait ce qu’on fait ici, on sait qu’on n’est pas là pour être champion. Je leur dis qu’on va jouer chaque match pour essayer de le gagner bien sûr. Qu’il ne faut pas que l’on ait de complexe d’infériorité. Dans le football tout peut arriver. Nous avons réussi à accrocher quelques adversaires. Mon équipe voit qu’elle progresse, nous avons une identité de jeu, un système en place. Elles ne nous jouent pas pour l’argent, donc quittes à sacrifier du temps, autant tout donner et profiter de cette chance d’être là. Nous allons tout faire pour nous sauver sur la 2ème partie de saison. Nous apprenons de nos erreurs et je pense qu’il y a des matchs que nous sommes largement capables de gagner. 

Interview réalisée par Betty Noel

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