Une sortie du tunnel à couper le souffle

Gabriella, Marta, Jill… 3 prénoms que vous connaissez sûrement déjà (ou peut-être pas… et on ne vous en veut pas on est là pour ça !), mais ce qui est sûre : 3 footballeuses aux histoires très différentes, qui ont toutes eu la chance d’être sur le terrain lors de la première participation de l’équipe Nationale Dames du Luxembourg pour les qualifications de la Coupe du Monde 2023 en Australie/Nouvelle-Zélande. Retour avec ces 3 jeunes filles, sur l’ambiance et l’atmosphère de cette grande première avec leur pays, la pression et l’effervescence redescendus.

C’est sans doute celle qui a l’histoire la plus touchante, tant sa sélection tenait à un fil. Gabriella Crespo, ou « Gaby », pour ses coéquipières et ses proches, en a bavé pour faire partie des 23 heureuses sélectionnées. Blessée depuis 3 ans (2 ruptures de ligaments croisés et un ménisque), enchaînant les opérations, les heures de rééducations, les variations de moral… qui l’aurait imaginé débuter contre l’Angleterre ? A part elle ? Personne. (Allez, peut-être sa famille !) Et pourtant. Numéro 17 sur le dos, la joueuse du Racing Union a eu l’honneur de représenter son pays et écrire l’histoire lors de ces premières qualifications du Luxembourg. « Je ne pouvais pas rêver mieux pour mon retour après ce travail de longue haleine. Pour la première fois nous avions des maillots à nos noms, ça parait sans doute normal pour une équipe nationale mais pour nous ça aussi c’était une première ! Quelle fierté. »

« On sait jouer au foot »

L’ambiance, les conditions, toutes s’accordent pour dire qu’elles ont été mises dans les meilleures dispositions possibles, et qu’elles ont élevées leurs degrés d’exigences envers elles-mêmes aussi. Marta Estevez, l’une des cadres de cette sélection, décrit cette semaine « l’ambiance dans le groupe était très bonne pendant tout le stage, chacune motivait l’autre, l’esprit d’équipe était top. J’ai le sentiment que lors des rassemblements en sélection la mentalité des joueuses change et se bonifie. En club on est un peu plus tranquilles mais là on savait en plus que tout le monde aurait les yeux rivés sur nous. Tout le monde s’est donné à 1000% pour ne rien regretter, sortir le meilleur de soi-même et montrer au public qu’on doit être prises au sérieux. Qu’on sait jouer au foot et que nous sommes fières de représenter le Luxembourg ».

Une exigence différente que lorsque les joueuses sont en club qui s’explique bien évidement par des conditions plus professionnelles « réveils musculaires, travail de mobilité, soins kinés, siestes, entraînements, analyses vidéo, entrainement la veille au stade sur lequel on joue » Jill De Bruyn, la joueuse de Wormeldange s’enthousiasme de ce qui a été mis en place durant toute cette semaine de qualifications. 

« J’avais l’impression d’étouffer quand je suis entrée sur le terrain »

Les stades. Parlons-en justement. Il y a eu d’abord Inver Park en Irlande du Nord. Un joli petit stade, où les supporters locaux se sont empressés d’y remplir les tribunes. Une ambiance à l’anglaise, avec des gradins proches du terrain. Un public fair-play, encourageant même les Luxembourgeoises sur leurs belles actions. « C’est un peuple qui respire le football, qui vit sa avec passion et émotions. Les célébrations des buts irlandais étaient incroyables » se rappelle Jill. 

Et puis, il y a eu le stade du Luxembourg. Ce nouveau stade, dernier petit bijou footballistique de la capitale. Les 3 s’accordent pour dire que cette expérience est sans doute la plus belle de toute leur (jeune) carrière : « Les installations sont simplement magnifiques. Quel honneur de pouvoir jouer dans ce nouveau stade et de jouer devant notre public luxembourgeois. Je ne te cache pas, que le stade m‘a tellement impressionné, que j‘avais l‘impression d‘étouffer quand je suis montée sur le terrain » raconte Jill. « Ça été un des plus beaux jours. Rentrer sur le terrain en voyant nos familles, nos amis, toutes ces personnes venues nous soutenir, même après 10-0, c’était magique » se souvient à son tour Gaby, des étoiles plein les yeux. « Les entendre crier, car oui on les entendait très fort, m’a donné encore plus de hargne, de rage, on n’a pas abandonné grâce à eux. On était prêtes à laisser nos tripes sur le terrain malgré la fatigue et l’enchaînement des buts » avant de renchérir « la communion avec nos supporters a été incroyable. Ils étaient là, tous debout à nous applaudir après un match pourtant très compliqué. » Et ce n’est pas Marta non plus qui dira le contraire « sortir du tunnel et voir l’ambiance ça m’a donné des frissons et je crois que je ne suis pas la seule. En plus, le M Bloc est venu nous supporter et leur ambiance était incroyable tout au long du match. »

« D’habitude ce sont les pros qui font le tour du terrain pour remercier le public »

Les pronostics des médias les voyant perdent très largement ? Elles n’y ont prêté aucunement attention. Les Luxembourgeoises se sont concentrées sur les messages de leurs proches, mais aussi des moins proches. Car oui, elles ont senti que tout un pays était derrière elles. Laurent Jans, le capitaine de l’équipe Nationale Luxembourgeoise masculine leur a adressé un message avant le match face à l’Irlande, par le biais de Dan Santos le sélectionneur. Un message qui les a boostés.

« On est habitué à voir les professionnels faire le tour après un match et remercier les spectateurs, mais quand c’est toi qui es sur le terrain et que tu vas voir tes amis et ta famille ça fait bizarre, mais quel bonheur ! » conclut la numéro 6 Marta.

Après une telle semaine avec des étoiles plein les yeux, il faut retourner à la réalité du travail et des entraînements en club. Mais la prochaine échéance en équipe nationale arrive très vite, avec un nouveau rassemblement le 20 octobre prochain. Bonne chance les filles !

Betty Noel

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