Un mois de janvier presque rêvé

Il y a des voyages qui changent une vie. Celui réalisé par les handballeurs luxembourgeois aux Îles Féroé [pour tenter de se qualifier pour le prochain tour de qualifications pour le Mondial 2023] ne changera certes pas la leur, la faute – entre autres – à un petit point, mais il aura tout de même eu le mérite d’apporter beaucoup de choses. La certitude d’un vivier de jeunes joueurs à potentiel, mais aussi d’un groupe soudé qui sait se dépasser le moment venu. Avec à sa tête un homme qui fédère.

La veille du départ pour les îles Féroé, la sélection apprenait que trois de ses joueurs étaient testés positifs au Covid-19 : Léi Biel, Julien Kohn et Ben Weyer, soit trois membres clés de l’effectif de Nikola Malesevic, qui se retrouvait par conséquent avec une défense quelque peu remaniée. Cependant, pas de quoi chambouler toute la préparation des trois rencontres qui allaient s’enchaîner, même si pour le sélectionneur, partir avec seulement douze joueurs (plus trois gardiens) représentait logiquement « un déficit conséquent ». Un sélectionneur qui, à l’image du rassemblement de novembre face au Portugal et aux États-Unis, continuait la transformation en profondeur de la sélection en appelant bon nombre de nouveaux visages. Ainsi, Adel Rastoder, Milasin Trivic, Christophe Popescu ou encore Joe Schuster, pour ne citer qu’eux, étaient appelés à devenir les Roud Léiwen de demain. Toujours est-il qu’en vue d’une phase qualificative pour le prochain Mondial, l’expérience – si importante dans ce genre de compétition – n’était pas forcément là. Et pourtant, personne aujourd’hui ne pourrait remettre en cause les choix de Nikola Malesevic. Car la colonne vertébrale, composée entre autres de Martin Muller, Tommy Wirtz et Yann Hoffmann était toujours présente au milieu de jeunes au potentiel bien existant.

Un cruel périple féroïen

C’est ainsi qu’au soir du 14 janvier, les handballeurs luxembourgeois s’imposaient en terres féroïennes face à la sélection locale, sur le score de 31-26. Une victoire de prestige pour débuter un périple usant de trois jours consécutifs de compétition, mais surtout un résultat en or qui leur permettait de voir venir, le lendemain, une Lettonie giflée par les Italiens dans le même temps (23-36). La rencontre entre Lettons et Luxembourgeois, le samedi soir, voyait les Baltes dominer la première mi-temps avant la rébellion des Roud Léiwen qui revenaient à 30-30 en toute fin de match. Un nul aux airs de victoire, puisque l’Italie s’inclinait face aux îles Féroé le même soir, permettant ainsi à Daniel Scheid et ses coéquipiers de prendre… la première place du groupe. Une position quasi inespérée vingt-quatre heures plus tôt, pour une équipe qui pensait « gagner un match, tout au plus, vu les circonstances », dixit son sélectionneur. Hélas, c’était peut-être trop beau pour être vrai, car le dernier match face à l’Italie allait être un combat des plus rudes et ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices : à trente minutes du terme, les Azzurri menaient avec quatre buts d’avance. Accrochés à leur rêve de qualification pour la deuxième phase, les Luxembourgeois réussissaient à revenir dans la rencontre et au score (26-26, 53e). Les Italiens reprenaient néanmoins l’avantage, mais à moins de deux minutes de la fin, Yann Hoffmann, auteur d’une campagne de haut niveau, permettait à son équipe de recoller à un seul petit point (29-28). Cependant, la toute dernière tentative de Martin Muller échouait face à la défense italienne et le Luxembourg s’inclinait donc par la plus petite des marges. Il aurait seulement fallu un point, face à l’Italie ou la Lettonie, pour valider leur billet pour la prochaine phase qualificative et continuer cette belle aventure. Hélas, le handball se joue aussi sur les détails. Grâce à leur large victoire face à la Lettonie, les Féroé ruinaient les derniers espoirs luxembourgeois et reléguaient le Grand-Duché à la troisième place du classement. 

Une marche encore trop haute

Toujours est-il que quatre jours plus tard, un autre défi attendait les Roud Léiwen : les barrages de l’Euro 2024 face au voisin belge. Pas le temps de tergiverser sur la déception du week-end passé, la double confrontation décisive pour apercevoir les prochaines phases de qualifications arrivait à grands pas. Des barrages presque plus attendus par le sélectionneur que la phase de groupe aux îles Féroé, qui précise que cette dernière était en quelque sorte une préparation. Mais le match aller allait mettre un sacré coup de massue sur la tête des handballeurs luxembourgeois. Alors que Chris Auger et ses coéquipiers maîtrisaient plutôt bien les débats en début de rencontre, la Belgique se reprenait et égalisait juste avant la pause, avant de dérouler au retour des vestiaires, pour finir par s’imposer 26-32. Un écart conséquent de six buts qui compromettait sérieusement des chances de qualification. Pour cela, il fallait créer l’exploit au retour. Mais la marche était trop haute, et remonter six buts à une équipe d’un niveau supérieur et confiante n’était pas une mince affaire. Le Luxembourg sauvait l’honneur en allant chercher le nul (27-27) et terminait le mois de janvier avec un goût probablement amer, rempli de déception, mais la tête haute.

Car si ces dix jours n’ont finalement pas servi à effectuer un grand pas au niveau des résultats, ils ont sans doute permis à un groupe flambant neuf de se découvrir et de réaliser que la réussite viendra probablement avec de la persévérance et de l’expérience. Si tout va bien d’ici là, on les retrouvera dans plusieurs mois avec un sélectionneur toujours plus ambitieux et une soif d’exploits et de réussite. La promesse d’un bel avenir est là – toute proportion gardée – et on a déjà hâte de voir la progression d’un groupe, un vrai.

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