Karine Reuter : « On veut être les meilleurs »

Après un gros mercato, le Racing a débuté le championnat en fanfare avec deux victoires en deux matchs. En ce début de saison, sa présidente, Karine Reuter, affirme les ambitions élevées du club, et en profite pour partager sa vision du football. Toujours avec le franc-parler qui la caractérise.

Êtes-vous satisfaite de l’intersaison et du mercato du Racing ?

J’ai dit à mon directeur sportif, qui est devenu directeur général entre-temps, qu’on devait arrêter de participer à toutes ces folies concernant les rémunérations des joueurs, qui ont pris des proportions de malade. Si un ou deux clubs veulent continuer cette course, moi j’ai dit que je n’avais plus envie de faire ça. Surtout qu’on se rend compte parfois que le budget peut être de un million, deux, trois ou cinq, le résultat est le même à la fin. Alors autant mettre un million au lieu de cinq… On a ainsi réussi à réduire le budget de 30%, tout en faisant un super mercato et en ayant une des équipes les plus fortes du pays. Les choses doivent se mettre en place avec nos nouveaux joueurs et le nouvel entraîneur.

Comment s’est construit le choix de ce nouvel entraîneur, Fahrudin Kuduzovic ?

J’ai dit à Ilies (Haddadji) « on arrête la fixation avec il faut forcément un nom avec un grand passé, etc ». Quand Régis Brouard était là, ça a été un super coach, je l’adorais, il est malheureusement arrivé au moment de la période Covid. La saison avec Jeff Saibene s’est passée un peu moins bien, avec des difficultés à s’adapter à notre championnat. Donc j’ai dit moi je veux cette fois-ci quelqu’un de terre à terre, qui connaît la BGL Ligue, qui vient un peu du milieu. Bon, il n’y a pas une centaine de noms sur ce créneau… On a vu quelques candidats, mais j’ai tout de suite adoré Fahrudin.

Qu’est-ce qui vous a plu dans son profil ?

C’est quelqu’un de très droit, il est un peu comme moi, il va droit au but, quand il a quelque chose à vous dire, il vous le dit. Il est ambitieux, moi je suis ambitieuse, notre équipe est ambitieuse. Et puis c’est facile de discuter avec lui, c’est fluide. C’était le candidat parfait pour moi.

Vous attaquez la saison avec deux victoires, à Differdange et contre Mondorf. Que vous inspire ce départ canon ?

On verra… J’ai appris à ne pas m’emballer trop vite. Mais c’est déjà positif, on part sur un six points sur six. Maintenant, d’autres équipes ont aussi fait un bon mercato et on verra ce que ça va donner. Après les confrontations contre Hesperange et Dudelange, les choses seront sûrement un peu plus claires.

Quels sont les objectifs cette saison ?

Top 3, et juste pour moi pour mon plaisir personnel regagner la coupe ! Parce que ça reste quelque chose d’extraordinaire.

Un mot sur les féminines, qu’est-ce qu’elles peuvent encore faire de mieux qu’autant dominer le championnat ?

Au niveau du football féminin, on doit surtout réussir à créer un championnat qui devient plus intéressant. C’est chouette de gagner chaque année le championnat et de se qualifier pour la Ligue des Champions, mais je ne pense pas que le foot est fait pour cela. On doit avoir les couilles de réduire le nombre de clubs (et c’est la même chose en BGL Ligue d’ailleurs) pour avoir un championnat équilibré et attractif.

L’affluence dans les stades de BGL Ligue a été assez morose la saison passée. A votre échelle, que comptez-vous faire pour tenter d’inverser cette tendance ?

On a déjà réfléchi à beaucoup de choses… On avait tenté les cheerleaders, on avait tenté d’encadrer un plus gastronomiquement les matchs, etc.

Est-ce que vous comprenez la critique de certains concernant le prix des places jugé excessif ?

Ecoutez, à Differdange à domicile en coupe d’Europe ils n’ont pas eu à payer un stade, Dudelange pareil. Nous on a dû payer 16 000 euros de location à la Ville de Luxembourg. Il faut aussi qu’on ait en retour des rentrées d’argent. Sur place, on n’a pas le droit d’exploiter les buvettes donc perte de revenus, etc, etc. On a dû aussi payer une armée de stadiers pour la sécurité pour un match avec à peine 1000 personnes. Tout ça coûte de l’argent. Moi je veux bien faire le football gratos, mais ça ne marche pas comme ça… Ce qui me chagrine aussi (et attention je ne me compare pas à ces clubs), mais certains se payent sans problème des matchs à l’étranger, avec billets, déplacement, hôtel, pour aller voir le Bayern ou d’autres clubs comme ça, et chouinent après pour une place à 30 euros.

Un gros travail est fourni depuis plusieurs années au Racing sur la formation, à travers votre Académie. Est-ce qu’on peut espérer voir davantage de ces jeunes monter dans le groupe BGL à l’avenir ?

C’est compliqué à deux niveaux : ceux qu’on forme et qui sont très forts, vous savez bien qu’on les perd rapidement, qu’ils partent à l’étranger. D’autres veulent poursuivre des études et partent, et on les perd aussi. Cela réduit le choix. Et ensuite, le groupe fait entre 25 et 28 joueurs, je ne peux pas faire remonter 10 joueurs de l’Académie chaque année si je veux avoir le niveau pour la BGL Ligue ! Ce n’est simplement pas faisable. Ce n’est pas aussi facile que ce qu’imaginent les gens à l’extérieur.

Dans quelle stratégie globale s’inscrit le Racing sur les moyen et long termes ?

D’être les meilleurs. On veut être la meilleure académie, être en permanence dans le top 3 en BGL Ligue, continuer de gagner avec les filles. On espère d’ailleurs qu’on aura des tirages plus cléments en ligue des champions… parce que c’est super pour les filles d’aller jouer à Turin, c’est une expérience, mais ça va être dur.

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