Pistes cyclables au Luxembourg: état des lieux

Si du côté sportif, le Luxembourg est indéniablement un « pays de vélo », du côté de la mobilité et des transports, cela semble encore coincer. Ce moyen de transport peine à s’imposer face à la voiture, et la question se pose de savoir si les infrastructures luxembourgeoises sont réellement adaptées aux déplacements quotidiens à vélo.

Où en sommes-nous ?

Le Luxembourg compte actuellement environ 600 kilomètres de pistes cyclables et projette d’atteindre les 950 kilomètres, avec au total 23 pistes cyclables. Cependant, lorsqu’on jette un coup d’œil sur la carte, on se rend rapidement compte que la majorité d’entre elles sont dans les campagnes luxembourgeoises et pas dans les villes. Ces pistes sont donc adaptées aux touristes qui visitent le pays, aux balades du dimanche en famille, mais pas aux trajets quotidiens des citoyens. 

Néanmoins, si le réseau actuel ne semble pas convaincre les usagers, de nouveaux projets pourraient faire changer d’avis les amoureux de l’automobile que sont les Luxembourgeois.

Un réseau ambitieux pour 2035

Tout d’abord, il y a cette longue piste cyclable qui va relier Esch-Belval à la capitale. Ce projet lancé en décembre 2019 par François Bausch, alors ministre de la Mobilité, est censé relier les deux plus grandes villes du pays via une piste cyclable « express » de 28 km le long de l’A4. Aux deux extrémités de cette véritable autoroute cyclable, il sera possible côté Luxembourg d’accéder à la Cloche d’Or, au quartier de la gare et à Helfenterbrück par voie cyclable et côté Esch, à la gare ou à Ramerich. Autre partie de ce grand projet, relier Belval à Esch-sur-Alzette par voie cyclable. Cela sera fait grâce à la plus grande passerelle cycliste d’Europe qui fera 1,2 km de long, sera d’une largeur de 4,5 m et culminera à 7,5 m de haut. Les travaux du tronçon reliant Esch-sur-Alzette à Belval devraient se terminer d’ici la fin de l’année 2022, cela achèvera la première partie de ce nouveau tronçon cyclable nommé PC 104. 

Cette nouvelle infrastructure fait partie du plan national de mobilité 2035 qui prévoit également une liaison cyclable « express » entre Luxembourg-Ville et Diekirch et Luxembourg-Ville et Dudelange. Le but de ce plan national est de recouvrir tout le territoire avec des mailles de dix kilomètres, auxquelles des infrastructures plus locales pourront encore venir se greffer. L’État affiche ainsi clairement son ambition en annonçant que son objectif pour 2035 est de « faire du vélo un mode de transport individuel à part entière qui permet de rejoindre de manière sûre et confortable n’importe quel lieu depuis tout endroit au Grand-Duché, tout en étant au moins aussi performant que la voiture en agglomération ». Ce grand réseau, qui devrait donc être mis en œuvre pour 2035, aurait pour but de couvrir l’intégralité du pays. Ce projet se montre également ambitieux pour les agglomérations puisqu’il prévoit des voies cyclables directes et rapides vers les agglomérations dans un rayon de quinze kilomètres.

Rue cyclable, une véritable solution ?

Néanmoins, si la construction de nouvelles infrastructures semble essentielle à l’amélioration du réseau cyclable du pays, le réseau routier existant peut également être adapté avec un concept importé de « pays de vélo » tels que la Belgique ou les Pays-Bas : les rues cyclables. Celles-ci ont un but : donner la priorité aux cyclistes, c’est-à-dire que les automobilistes y sont toujours autorisés, mais leur vitesse est limitée à 30 km/h et ils n’ont pas le droit de dépasser les cyclistes. De plus, ces derniers peuvent rouler à plusieurs de front et utiliser toute la largeur de la route. Ainsi, ils n’ont plus à se soucier des automobilistes. Ajoutées au code de la route en 2018, ces rues cyclables font peu à peu leur apparition, notamment à Ettelbrück ou rue Docteur Klein, la commune ayant lancé cette année une expérimentation qui devrait durer quatre à cinq ans. 

Du côté de la capitale, on en compte déjà 10 avec l’ajout de 7 nouvelles rues mi-mars cette année. On en retrouve également une du côté de Fentange, qui relie la PC1 au parc d’Hesperange. Du côté de Bettembourg, le conseil municipal a également voté cette année l’instauration d’une rue cyclable qui permettrait aux usagers de la PC6 de traverser la ville en toute tranquillité sans devoir la contourner. 

Cette solution semble donc convaincre, au vu des applications croissantes dans les villes du pays, mais certains usagers ne s’en satisfont pas, notamment à Luxembourg. Si des automobilistes les critiquent car ils perdent du temps, les cyclistes eux-mêmes y sont parfois défavorables. Selon différents usagers, la ville de Luxembourg ne se serait contentée que de remplir les exigences minimales, et cela n’apporterait guère d’avantages ni de sécurité aux utilisateurs de deux roues. 

Ce qui ressort de l’arrivée des premières rues cyclables du pays, c’est qu’il n’est pas suffisant de simplement changer la signalisation et le nom ; des infrastructures adaptées qui permettent réellement aux cyclistes d’évoluer sans crainte sont nécessaires. De plus, les rues cyclables ne sont pas censées remplacer les pistes cyclables, mais doivent simplement permettre de relier différents tronçons, sans pour autant couper la circulation locale. 

Dans les rues de Luxembourg-Ville, une nette amélioration a été remarquée avec l’arrivée du tram, qui s’accompagne dans plusieurs cas de la construction d’une piste cyclable intégralement séparée de la route, notamment sur les tronçons du Kirchberg et de l’avenue de la Liberté. L’expansion du réseau du tram pourrait donc s’accompagner d’une nette amélioration des conditions de circulation des cyclistes. 

Et le tourisme dans tout ça ?

De bonnes infrastructures cyclables pourraient également représenter un réel atout touristique à l’avenir, car les pistes cyclables du pays sont déjà arpentées par de nombreux touristes et locaux au cours des mois ensoleillés de l’été. L’agrandissement du réseau et des actions comme le « Vëlosummer », qui fête sa troisième édition cette année, ne profiteront ainsi pas qu’aux vélotaffeurs (personne se rendant au travail à vélo), mais également aux amateurs de balade venus du Luxembourg et d’ailleurs.

Le plan national de mobilité 2035 espère une augmentation de l’usage du vélo à hauteur de 15 % d’ici 2035 et compte bien y arriver avec un réseau cyclable revu, amélioré et agrandi d’ici là.

Ce que l’on voit dans ces différents projets, c’est que si le Luxembourg n’est pas tout à fait au point, avec un réseau cyclable encore défaillant, l’État luxembourgeois se donne clairement les moyens d’atteindre des objectifs ambitieux avec de futures infrastructures à la hauteur de ce que l’on peut retrouver dans de vrais « pays de vélo ». C’est-à-dire qui ont le potentiel d’améliorer drastiquement la mobilité cyclable pour le travailleur comme les promeneurs. Il ne manquera plus que la bonne volonté des usagers de la route pour changer de mode de transport et passer de la voiture au vélo !

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