Akim Massema (InfoMercato) : « Je ne m’attendais pas à ce que ça prenne si vite »

C’est en mai 2020 qu’Akim Massema décide de lancer la page InfoMercato. Avec pour but d’offrir une plateforme entre les clubs luxembourgeois et les joueurs en recherche de nouveau challenge, l’engouement prend vite, avant de devenir, deux ans plus tard, déjà un incontournable. Retour sur la folle embellie, et les projets à venir. 

Quand et pourquoi avez-vous crée InfoMercato ?

InfoMercato a débuté il y a un peu plus de deux ans, en mai 2020, pendant le confinement. J’ai voulu créer cette page pour plusieurs raisons. Cela faisait bientôt neuf ans que je jouais et entraînais au Luxembourg, et je trouvais que ces derniers temps, les divisions inférieures étaient de moins en moins mises en valeur. Il y avait très peu de relais médiatiques. Dans tous les clubs où je suis passé, j’ai toujours vu les entraîneurs, les staffs, les directions, recevoir énormément de CV, de candidatures, qui n’étaient pas triés, faute de temps. Le tout était assez chaotique. Alors je me suis dit que cela pourrait être intéressant de créer une interface entre les joueurs et les clubs au Luxembourg, tout en mettant en valeur le football et en particulier les divisions inférieures. J’ai donc crée cette page dans cette idée, sans de réelles ambitions ou attentes. Je ne m’attendais certainement pas à  avoir plus de 5 000 abonnements aujourd’hui ! En un mois, j’avais déjà 1 500 abonnés, et tous les clubs ont joué le jeu, que cela soit de la D3 à la BGL Ligue.

Aviez-vous un portfolio de joueurs au moment de vous lancer ?

Pas du tout. A force d’entraîner, j’ai vu la visibilité du football luxembourgeois diminuer drastiquement, à l’image du Wort qui a grandement arrêté son coverage. C’est vraiment pour cela que je me suis lancé, sans portefeuille de joueurs ni quoi que ce soit. Et ce que je constate, c’est que cela n’était pas forcément nécessaire. Aujourd’hui, je suis contacté de tous les horizons. Le Luxembourg attire énormément les joueurs, que cela soit aussi pour le travail. J’ai notamment fait signer un joueur en promotion récemment, et le fait d’avoir un boulot d’assuré a bien aidé. Après, mon travail ne se limite pas qu’à faciliter le recrutement de joueurs. Cela peut aussi être des entraîneurs, ou même de mettre en avant certains évènements mis en place par des clubs, jusqu’à la recherche de matchs amicaux, etc… Cela permet d’accroitre la visibilité au Luxembourg. C’est énormément de travail, ce qui est compliqué tout seul. Pour tout vous dire, j’ai quitté mon travail en mai car je ne pouvais plus concilier les deux. Je peux aussi faciliter les démarches entre les sponsors et les clubs.

Etes-vous rémunéré par les clubs ?

Je ne suis pas payé par les clubs, non. Tout est fait à titre gratuit pour le moment. C’est évidemment pendant les mercato qu’il y a la plus grosse activité, et les clubs ont toujours la gentillesse de me donner un petit quelque chose, qui n’est pas demandé. Les joueurs en font autant et c’est extrêmement valorisant.

Il y a quand même dans votre travail, une certaine similarité avec la profession d’agent…

Je ne suis pas agent, et je ne veux pas l’être. Je n’ai ni les compétences ni le temps. En revanche, beaucoup m’appellent et utilisent mes services, y compris des très bien placés, qui n’hésitent pas à me demander de les aider, ce qui est extrêmement flatteur, et à mes yeux, symbolique du travail effectué. Je joue toujours le jeu, sans nécessairement demander quelque chose en retour. 

Mais d’une certaine manière, cela ne fait-il pas de vous le dindon de la farce ?

Oui, c’est vrai. J’ai sincèrement du mal à demander de l’argent (rires) ! Le but initial était une page d’entraide. Mais au bout d’un an, beaucoup de sponsors sont venus me voir, à l’image de Sport4Lux. Il est certain que j’aimerais vivre de cela, en monnayant des partenariats. Vis-à-vis des joueurs, juste pour ce mercato, j’ai eu 1 300 demandes de joueurs. Je n’ai pu en suivre que 288 à moi tout seul. J’ai demandé un petit don aux joueurs, de 15, 20 euros, de manière symbolique. Mais oui, je veux en vivre. La prochaine étape est d’avoir des locaux, pour pouvoir échanger de manière physique. C’est toujours mieux. C’est pour ces raisons qu’il va falloir créer une structure. Il y a trop d’intermédiaires sportifs aujourd’hui pour continuer sans mieux mettre les choses en place. Dans le futur, il va falloir – et je le dis encore – mettre en place une forme de monétisation pour mes services. J’ai la confiance des clubs : sur 130 clubs au Luxembourg, je travaille avec 90. Après m’être rendu compte que mon travail marchait et plaisait, il était logique pour moi de passer à un moment à l’étape suivante, et mettre en place une véritable monétisation du service. La première année, jusqu’à l’été dernier, je n’ai pas demandé une seule fois de l’argent. Maintenant, je pense qu’il est l’heure.

Quels sont les axes de développement à venir ?

Je suis en train de parler pour la création d’un site en effet, voire une application. On me l’a proposé, et je planche actuellement dessus. Le but sera d’offrir la meilleure des plateformes pour que les joueurs puissent parfaitement voir ce qu’ils ciblent. Le gros du travail sera aussi évidemment de trier les joueurs en termes de qualité. Les clubs ne sont plus aussi riches qu’avant, et c’est quelque chose que l’on doit toujours prendre en compte. 

Quels sont les plus gros obstacles face à vous ?

En toute sincérité, un des obstacles aujourd’hui est le portefeuille des clubs. Ce n’est un secret pour personne que les budgets ne font que diminuer dans le football luxembourgeois. Quant aux objectifs, c’est de grandir, toujours. J’aimerais vivre intégralement de ceci, et créer une structure avec plusieurs bureaux. Faire le maximum d’évènements, à l’image de la journée de détection effectuée il y a un mois. Ce fut une journée extrêmement réussi, avec des clubs de la D3 jusqu’à la BGL Ligue présent, mais aussi des caméras, etc… Et enfin, continuer de se diversifier : avec Sport4Lux, nous allons lancer des tournois et autre jeux concours, tandis que je compte aussi mettre en place un talk show avec des acteurs du foot luxembourgeois, pour parler de l’actualité et des résultats du week-end. Je veux promouvoir InfoMercato à travers tout le football luxembourgeois.

N’y a t-il pas un risque de se disperser ?

Oui, clairement. Il y a toujours un risque lorsqu’on entreprend quelque chose. Tous ces évènements auraient lieu en dehors des périodes de transfert, où je n’ai clairement pas le temps. Je sais que tout peut se perdre du jour au lendemain. Il faut garder les pieds sur terre, et continuer d’avance. Le coeur de mon projet reste le bien être des clubs, et qu’ils continuent de savoir qu’ils peuvent se reposer sur InfoMercato pour avancer.

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