Ivanilson Lopes : « Je me débrouille tout seul »

À 19 ans, Ivanilson Lopes fait partie des trois meilleurs joueurs FIFA du pays. Il a tout pour devenir un vrai pro, mais pâtit du manque de structures et d’aides dans ce domaine. Preuve que le Luxembourg a encore de gros efforts à faire dans le développement du e-sport pour combler son retard.

Vous êtes joueur pro depuis combien de temps ?

Cela fait un peu plus d’un an que je suis sur la scène. En ce moment, je n’ai pas de structure, mais je représente quand même le Luxembourg dans des tournois internationaux.

Vivez-vous déjà de ça ?

Non, pas encore, pas en ce moment.

Depuis quand jouez-vous ?

J’ai toujours été passionné de foot, je joue depuis tout petit. Sur la console, j’ai commencé avec PES 2007. J’ai commencé la compétition plus récemment, sur la fin de FIFA 20.

Vous avez quand même commencé sur PES… Qu’est-ce qui vous a fait basculer sur FIFA ?

Le niveau de PES a progressivement baissé… À partir de FIFA 13, c’est devenu plus intéressant de basculer.

Quand avez-vous fait vos premières compétitions ?

C’était vers mai 2020, à 17 ans, presque 18, sur la Post Master. On était en plein confinement, il n’y avait pas grand-chose à faire… Je me suis lancé comme ça. Avant, j’étais à fond sur le foot en physique, sur un terrain (je joue au Fola), mais il ne se passait plus rien de ce côté-là, alors je me suis mis sur la console.

Comment se passe cette première pour toi ?

Je finis 8e, je perds contre un joueur qui fait Top 3 ensuite. Pour une première expérience, j’ai un peu choqué tout le monde. Ils se sont dit « c’est un nouveau qui vient de la scène et il performe déjà ».

Comment es-tu devenu représentant du Luxembourg ?

Un tournoi était organisé en avril 2021, je l’ai gagné et je suis devenu représentant PlayStation. Après, pendant la e-nation, en mai 2021, j’ai réussi à faire de belles performances, à battre des Allemands, etc.

À partir de là, vous entrez rapidement dans la lumière…

Oui, l’été suivant, j’ai eu des propositions de structures pros, mais à l’étranger, et pour les intégrer, il faut rejoindre le pays afin de participer à un maximum de compétitions, comme la e-ligue 1 par exemple.

Est-ce que cela démontre le manque de structures au Luxembourg et le retard en matière de développement du e-sport ?

Exactement. Ici, c’est impossible de trouver des structures similaires à celles qui existent en France ou en Allemagne. Quand je représente le Luxembourg, je me débrouille tout seul… Il n’y a pas d’aides, de team autour de moi. Le e-sport n’est pas encore vraiment développé ici… En France, par exemple, pour la e-ligue 1, une nouvelle règle oblige chaque club pro à verser 1 500 euros de salaire au joueur qui les représente en e-sport.

Que faudrait-il faire pour que les choses évoluent ?

Déjà, les joueurs devraient s’investir un peu plus… Il y en a pas mal qui ont un vrai potentiel. Et les structures devraient quant à elles les recruter, organiser davantage de compétitions.

Selon toi, il y a encore trop peu de compétitions au Luxembourg ?

Oui, complètement. Cette année, il y a l’Orange e-league et la Post e-league, mais c’est tout. Et la Tango High School Cup aussi.

Pourquoi ne signez-vous pas en France, à ce stade ?

Je compte finir mes études de commerce ici.

Vous voyez votre avenir comment dans le e-sport ?

Tous les amis que je côtoie en ligne (aux Pays-Bas, en France) sont pros, alors ça me motive. Je vois qu’on a à peu près le même niveau, la seule chose qui change, c’est vraiment la structure autour, l’accompagnement. Sur FIFA en plus, il faut investir de l’argent pour construire une bonne équipe… Moi, je ne peux pas tout mettre de ma poche.

Le potentiel est là au Luxembourg ; y a-t-il une réelle demande qui pourrait pousser les structures privées et gouvernementales à s’engager davantage ?

Bien sûr ! C’est évident. Le niveau est bon. Mais certains joueurs ne se donnent pas à fond justement parce qu’ils savent que le reste ne suit pas et que, donc, ça ne vaut pas la peine de se donner du mal pour franchir un palier.

Vous imaginez malgré tout une carrière dans le e-sport ?

Franchement, j’ai une vraie ambition. Je sais que j’ai un bon niveau. Si je gagne la e-league, je peux me qualifier aux playoffs pour la Coupe du monde (qui réunit les 128 meilleurs joueurs au monde). Si j’arrive là-bas, je pourrai me confronter aux meilleurs.

Quel est le niveau réel des compétitions au Luxembourg ?

Dans une compétition comme l’Orange e-league, les quatre premières équipes ont un niveau quasi professionnel. Après, il y a un gap, un écart avec les autres équipes.

Est-il important d’avoir davantage de rassemblements physiques de joueurs pour le développement du e-sport au Luxembourg ?

C’est le plus motivant ! Jouer en ligne, c’est bien, mais c’est quand même mieux de se retrouver tous ensemble, avec l’ambiance, le public. Quand on joue en LAN, c’est fluide. Hier, j’étais en Belgique pour tester une scène pour le futur de la e-nation, et l’expérience est incroyable, ça change tout.

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