Josy Barthel : je t’aime, moi non plus. Affublé du sobriquet de « l’un des stades les plus pourris d’Europe » lors d’une sortie de Michel Platini en 2013, le stade Josy Barthel a fait couler beaucoup d’encre et déchaîné les passions.
Construit en 1927, le Stade Municipal devenu Stade Josy Barthel en 1993 pour rendre hommage au médaillé d’or du 1500 mètres d’Helsinki de 1952, a subi les foudres de bien des acteurs et observateurs, alors même qu’il a accueilli les grandes épopées européennes ou internationales des clubs ou de la sélection du Grand-Duché à partir de 1928.
Inauguré en 1931, rénové une première fois en 1990 puis mis en conformité en 2014 pour accueillir les matchs de qualification à l’Euro 2016 (ou plutôt sujet à des dérogations successives pour rentrer dans les critères de l’UEFA après 230M d’euros injectés…), Josy-Barthel est entouré d’une piste d’athlétisme grillagée et ne possède qu’une seule tribune couverte, les autres spectateurs parmi les 8.000 places disponibles n’étant pas abrités.
Situé au nord-ouest de la ville de Luxembourg, le stade était aussi la pelouse officielle depuis 1923 du Spora Luxembourg, mythique club de la capitale disparu en 2015 lors d’une fusion qui a donné naissance au Racing. C’est sur ce terrain que le Spora remportera en 1956 une victoire historique en tour préliminaire de la Coupe des Clubs champions européens face à Dortmund (2-1).
Mais les équipes qui vont enflammer les travées et garnir les gradins ne se limitent pas aux locaux, puisque le stade est rapidement devenu le théâtre des rencontres européennes pour pallier les défaillances des clubs de division nationale. Ainsi, le F91 Dudelange joua à guichets fermés en 2018 tous les matchs à domicile lors de la phase de poule d’Europa League. Les connaisseurs ne s’y sont pas trompés, puisque les joueurs de la Cité du Fer ont reçu pas moins glorieux que le Milan AC, l’Olympiakos et le Bétis Séville !
Ce n’est pas pour rien que la franchise mythique de jeu vidéo de football PES a intégré à son édition 2020 l’ancien stade municipal !
Côté prestige, Josy-Barthel a fait le plein aussi en endossant le rôle de stade national pour la sélection. Si la décision d’un nouveau stade a été prise en 2007, il faudra attendre 2011 pour que le projet soit entériné, et encore une décennie pour que l’enceinte du Stade du Luxembourg soit inaugurée. Autant dire qu’en 93 ans, la pelouse du vieux stade municipal a vu défiler nombre de joueurs de légende : Bobby Charlton auteur d’un triplé en 1961, l’année où les Roud Léiwen ont fait chuter le Portugal d’Eusebio (4-2) Dino Zoff et Fabio Capello en 1972, Platini buteur en 1984, l’Allemagne auréolée de son titre de Championne du monde avec Klinsmann et Matthäus en 1990, Iniesta en 2014 et Cristiano Ronaldo en 2021.
Le dernier match de la sélection nationale au stade Josy Barthel se déroula trois mois plus tard en amical contre l’Écosse avant son déménagement boulevard Kockelsheuer. Une défaite (0-1), dans l’indifférence générale comme la fin retardée depuis trop longtemps d’une époque où le Luxembourg n’était qu’une nation insignifiante dans le football mondial et ne pouvait prétendre à mieux que son vétuste stade, pourtant encore debout, dernier pied de nez à tous ceux qui le voulait en ruines. Temps révolu, le Stade de Luxembourg a décompté 8720 spectateurs le 26 mars pour le match amical face au Kazakhstan.
