L’analyse tactique du week-end : Progrès Niederkorn – Jeunesse Esch

Vous vous souvenez, à l’école, de cette dernière heure de cours avant les vacances ? Celle qui vous fait regarder l’horloge au-dessus du prof à chacune des 3 600 secondes qui composent cette ultime heure avant la libération ? Et cette sensation, qu’une fois sur deux, l’aiguille des secondes fait 2 pas en arrière avant d’en faire un en avant ? C’est sûrement cette sensation qu’ont eu les joueurs de ce Progrès-Jeunesse, en seconde période, pendant qu’ils prenaient des rafales d’eau sur la tête avec une température de 10 degrés (-2 ressentis). Si les Eschois n’avaient rien à jouer avant, pendant et après ce match, les joueurs du président Marochi ont gagné le droit de jouer une finale européenne face au RFCUL le week-end prochain.

La clé tactique du Progrès : Le replacement de Bilal Hend dans le milieu de terrain

Le coach Stéphane Léoni débutait le match dans un système en 4-4-2 avec un duo d’attaque Luisi-Hend. Immédiatement, on a pu observer des difficultés défensives liées à ce système. Sur les phases de premières relances eschoises, les défenseurs centraux réussissaient trop facilement à trouver leurs milieux centraux, Todorovic et Xenitidis. Cette première relance éliminait d’office les deux attaquants du Progrès qui voyaient donc leur pressing être inutile. De plus, le pressing haut de ces deux joueurs créait une distance trop importante entre eux leurs milieux centraux Vogel et Latic. Ces deux milieux étaient donc obligés de sortir, à contre-temps, sur Todorovic et Xenitidis qui avaient déjà eu le temps de prendre l’information et de se préparer à déclencher l’attaque placée de leur équipe. Pendant ce temps fort Eschois, les locaux ont donc subi le jeu mais ont eu le mérite d’être solides et de sortir de cette période sans encaisser de but.
Vers la 13ème minute, le coach Léoni a demandé à ses deux attaquants de ne plus presser la charnière centrale eschoise et de se placer sur Todorovic et Xenitidis.Le but était donc de couper ces fameuses premières relances mais aussi de resserrer les trois lignes de son équipe pour éviter les passes dans ces zones. On a immédiatement vu que cela a mis en difficulté la Jeunesse et, il faudra un manque d’assiduité défensive de Luisi, à certains moments, pour que les Eschois réussissent à repasser par leur milieu.
C’est donc vers la 15ème minute que l’on a pu assister à la première préparation d’attaque placée du match pour le Progrès. On entendait d’ailleurs Stéphane Léoni demander à ses joueurs de garder le ballon pour reprendre confiance et calmer l’adversaire.
Au niveau de la construction de jeu, le Progrès est très peu passé par son milieu de terrain. Souvent la première relance sautait la ligne du milieu et cherchait les ailiers Bastos et Bah dans la profondeur. Lorsque celle-ci n’était pas possible, le jeu long cherchait Toni Luisi qui réussissait souvent à dominer son défenseur central, Xavier Tomas. Son rôle de pivot a d’ailleurs amené le 1er but puisqu’après un duel gagné, il réussissait à décaler Issa Bah qui centrait et trouvait à l’opposé Ben Vogel. (1-0, 24ème). Le Progrès convertissait son temps fort, acquis par la reprise de la maitrise du ballon, et doublait la mise sur coup de pied arrêté (2-0, 32ème, Karayer).
Au fur et à mesure du match, on voyait Bilal Hend intégrer le milieu de terrain de son équipe et apporter une supériorité numérique, dans cette zone, idéale pour améliorer la construction du jeu et créer des décalages. Le Progrès restera sérieux défensivement pendant toute la seconde période et perdra son influence offensive qui s’éteindra à la sortie de Toni Luisi, remplacé par Shala à la 75ème.

Jeunesse Esch : Une impression de maitrise punie par son manque d’agressivité défensive

La Jeunesse attaquait également ce match en 4-4-2. Comme évoqué plus tôt, les Eschois ont démarré le match par un temps fort de 15 minutes traduit par une possession du ballon sans pression adverse. Le circuit de jeu était souvent le même : Défense centrale -> Todorovic ou Xenitidis -> Passe verticale vers un des quatre attaquants. On a pu apprécier de nombreuses choses positives dans les déplacements eschois. Les deux milieux centraux se rendaient très disponibles pour se démarquer et ne se cachaient pas. Devant, le quatuor Deidda-Maazou-Bernard-Voilis se concentrait plutôt dans l’axe du terrain et pouvaient être trouvés dans le dos de Vogel et Latic. Chaque déplacement était compensé. Par exemple, si Deidda rentrait dans l’axe, Maazou se déplaçait sur le côté. Cela permettait souvent de déséquilibrer le bloc défensif du Progrès et permettait aux Eschois de créer des actions franches comme aux 5ème et 12ème minutes. Malheureusement pour eux, ils n’ont pas profité de ce temps fort, avant le changement tactique de Stéphane Léoni, pour convertir cette domination.
Le match devenait donc plus équilibré et le Progrès mettait en difficulté une défense eschoise qui ne compensait son déficit de vitesse ni par son anticipation et encore moins par son agressivité.Le but de Karayer en est l’exemple. Également, on notera le replacement défensif quasi-nul des quatre attaquants eschois.Celui-ci aurait été bienvenu pour permettre une gestion à deux des rapides ailiers du Progrès mais il aurait peut-être pu permettre de gérer l’adversaire démarqué à l’opposé du jeu, comme l’a été Ben Voger sur l’ouverture du score. Le fait que la Jeunesse ait de moins en moins réussi à se créer d’occasions est venu du fait qu’elle ne se soit pas adaptée au changement tactique de Léoni. En effet, avec un milieu axial adverse renforcé, la solution se trouve sur les côtés et, étonnamment, on a très peu vu les défenseurs latéraux, De Sousa et Klica, prendre leur couloir. On a souvent vu le porteur du ballon eschois regarder ces zones vides, mettre le pied sur le ballon et jouer en arrière. Ces montées auraient aussi pu forcer les ailiers du Progrès à redescendre et les éloigner du but de Lucas Fox.

En seconde période, on a senti un peu plus d’activité offensive du côté de Klica puis de David Mendes remplaçant Moreira. Ce samedi, la Jeunesse a eu des temps forts et s’est créé des occasions grâce au talent de ses joueurs. Mais ceux-ci ont été trop stériles et non compensés par le niveau défensif global pour espérer un autre résultat.

Thomas Fullenwarth

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