L’analyse tactique: FC Rodange – FC Differdange 03

Sur la route du Stade Jos Philippart, on ne pouvait s’empêcher de se demander si la rencontre entre le FC Rodange et le FC Differdange allait nous apporter des réponses aux débuts de saison moyens de ces deux équipes.

Allions-nous découvrir pourquoi Differdange tournait à une moyenne d’un but marqué par match et presque la même chose pour les buts encaissés.

Concernant Rodange, on se demande comment, avec un effectif comprenant des joueurs ayant eu une carrière professionnelle ou ayant suivi une formation de plusieurs années en club pro, il est possible d’encaisser plus de deux buts par match et d’avoir cette position au classement.

Et bien ces 90 minutes nous ont apporté quelques éléments de réponses même si l’on a parfois été surpris par ce que l’on a vu sur le terrain

Finalement, le score reflète bien la supériorité du FC Differdange sur un FC Rodange montrant beaucoup trop de carences.

Cependant, le timing des buts montrera aussi certaines limites du côté de Differdangeois qui, sans être flamboyants, ont su appuyer sur les faiblesses de l’adversaire.

Analysons ensemble le match de chaque équipe.

FC Rodange : Une gestion défensive plus qu’étonnante, quasi suicidaire.

Le nouvel entraineur, Renald Martinelli, proposait une formation en 4-2-3-1.

Dès la 1ère attaque du FC Differdange, on a pu identifier un premier problème dans le système rodangeois : chaque défenseur était en 1 contre 1 face à un attaquant differdangeois.

Cela posait le problème suivant : si un défenseur est éliminé par une passe, un dribble ou un appel, il sera impossible au coéquipier le plus proche de le couvrir car il a déjà un joueur au marquage.

Sur ces phases de jeu, nous retrouvions donc les deux cas de figures suivants :

Dans les deux cas, c’était la panique dans le camp de Rodange.

L’ouverture du score de Cabral en est l’illustration. (0-1, 3ème)

La ligne de défense rodangeoise étant déjà trop haute et permettant de trouver un ailier en profondeur, le retard accumulé par les défenseurs permettra à Cabral de se retrouver seul à l’opposé et de réussir à marquer après avoir contrôlé le ballon à 7 mètres but de M’Fa.

Sur cette action, les Differdangeois ont pu terminer leur action en supériorité numérique, à la 3ème minute de jeu, sur une attaque placée.

L’élément qui nous permet d’expliquer pourquoi les Rodangeois ont passé leur match avec une ligne de 4 défenseurs placée à 45 mètres de leur but et se faisant constamment prendre dans leur dos est la hauteur des deux milieux centraux Makasso et Larrière.

En effet, les deux joueurs ont été obligés d’aller chercher défensivement les deux milieux centraux adverses, De Taddeo et Medina, à 65/70 mètres du but de M’Fa.

On observait donc une distance d’au moins 25 mètres entre les deux milieux et leur ligne de défenseurs, rappelons-le, en 1 contre 1 face aux attaquants differdangeois.

Ce no man’s land surréaliste a donc obligé les 4 défenseurs rodangeois à réduire au minimum cet écart en montant jusqu’à la ligne médiane.

Bien plus lents que leurs adversaires directs, on a vu des joueurs en souffrance à chaque jeu long dans leur dos.

Les premier, second et quatrième buts encaissés sont quasiment identiques avec une relance en profondeur vers Da Mota, un enchainement de décalages et donc un buteur seul.

Encore une fois, ce problème tactique mis en lumière très rapidement dans le match n’a jamais été réglé – ni par le banc, ni par les joueurs « leaders ».

D’ailleurs, juste avant la passe en profondeur trouvant Da Mota et amenant le second but, on entendra le coach rodangeois crier « on est trop bas ! on est trop bas ! ».

On aurait pu imaginer qu’assigner un des deux milieux centraux Rodangeois à une fonction seule de sentinelle très proche de ses défenseurs aurait pu permettre de compenser d’éventuels décalages.

Ce rôle aurait d’ailleurs très bien pu convenir à Jean-Paul Makasso.

Finalement, et on le verra dans l’analyse du match du FCD03, les joueurs de Resende ne se sont pas cassé la tête à construire le jeu

Il leur aura suffi de chercher la profondeur ou de se servir de leur montagne offensive, Andreas Buch, pour dévier les jeux longs vers ses coéquipiers.

Pourtant, tout n’est pas à jeter dans le match des Rodangeois !

Lorsque l’on décide de défendre avec un bloc haut, comme celui du FC Rodange ce Dimanche, il est donc important de tuer dans l’œuf la première relance de son adversaire avec un gros pressing des milieux et attaquants.

On peut évidemment citer l’exemple du FC Bruges face au PSG qui a eliminé les possibilités de relance en profondeur vers les attaquants parisiens.

Hier, les Rodangeois ont répondu présent, à ce niveau, à partir de la demi-heure de jeu.

Le niveau de l’impact physique mis par les joueurs a contrarié les Differdangeois qui se sont fait bouger dans les duels et ont perdu plus de ballons.

Cela a permis aux joueurs de Rodange d’avoir un temps fort qui sera récompensé par un but. (1-1, N’Diaye, 43ème)

L’action amenant cette égalisation met d’ailleurs en avant la clé offensive du FC Rodange : le renversement de jeu.

Souvent, après une phase de conservation, un Rodangeois réussissait à trouver l’ailier opposé démarqué, ce qui permettait de provoquer un duel en 1 contre 1.

La différence a souvent été faite sur le côté droit grâce à la vitesse de Kilian Amehi qui aura gagné son match face à son adversaire direct Fatih Eren, et qui sera le passeur décisif du but de N’Diaye.

On notera d’ailleurs qu’Amehi reprendra en seconde période, sur le côté gauche du terrain, face à Franzoni.

Comme si le FC Rodange ne voulait plus appuyer sur le côté « faible » de l’adversaire…

L’ailier reviendra à droite après le second but de Differdange et le danger sera de nouveau créé.

Malgré ces éléments positifs, les carences défensives auront fait pencher la balance rodangeoise du mauvais côté.

On espère pour le club et ses supporters que les réglages tactiques vont rapidement être effectués car, en restant comme cela face à des équipes plus véloces offensivement, il sera impossible de ne pas encaisser de buts.

FC Differdange : Une puissance de feu offensive parfaitement adaptée à la tactique défensive de son adversaire.

Nous avons assez évoqué les limites de l’approche tactique défensive du FC Rodange donc nous n’allons pas remuer le couteau dans la plaie.

Seulement, cette approche a facilité le plan de jeu offensive du FC Differdange qui ne s’est pas souvent embêté à procéder en attaques placées.

On observait deux phases de jeu directes qui amenaient le danger quasiment à chaque fois :

Sur ce second point d’ailleurs, on appréciera une conversation entre deux supporters proposant d’arrêter de jouer (et perdre) ces duels avec Buch et de se concentrer sur les seconds ballons.

Sur ce coup, la solution était donc en tribunes.

Au coup d’envoi, le « meneur de jeu » du 4-2-3-1 de Pedro Resende était identifié comme Bertino Cabral.

Mais, face au système défensif de Rodange, ce dernier n’a pas eu besoin de joueur entre les lignes et d’offrir la solution de passe verticale, permettant de déclencher une attaque placée.

Il a donc joué comme second attaquant.

On pourra observer ce genre de phase de jeu après l’entrée de Wouter Marinus qui sera plus souvent trouvé au sol entre les lignes et qui sera directement concerné par les 2ème et 3ème buts.

Le FC Differdange n’a donc pas révolutionné le football mais a su être fort et efficace offensivement pour ramener les 3 points à la maison.

FC Differdange : Du début à la fin, un match au même rythme.

Malgré une domination évidente, le FC Differdange a traversé un temps faible dans le dernier quart d’heure de la 1ère mi-temps et n’a pas été complètement serein jusqu’au but de Buch à l’heure de jeu.

Pendant ce temps faible, on a constaté que les Rodangeois étaient mieux dans leur match et notamment par l’intensité défensive mise dans le pressing dans le camp differdangeois.

Les joueurs de Resende ont été en difficulté car ils n’ont pas modifié le rythme de leur match pour s’aligner à l’intensité mise par leurs adversaires.

Et cela a duré tout le match.

Nous avons très peu vu de changements de rythmes sur une passe ou un déplacement permettant de faire la différence et de mettre en retard les Rodangeois par des attaques placées.

Même si, hier, cela n’était pas nécessaire face à cet adversaire, on aurait aimé voir cette capacité, qu’ont sûrement les joueurs de Resende, à avoir la main sur la rencontre en choisissant le rythme de celui-ci.

Cela leur aurait assurément permis de tuer le match beaucoup plus tôt.

Thomas Fullenwarth

 

 

Dernières nouvelles