Décimé par le départ de son actionnaire multimillionnaire historique et de ses joueurs emblématiques, le F91 Dudelange avait tout l’air d’un de ces clubs en transition dont personne n’attend quoi que ce soit. Il n’en fut rien, bien au contraire…
Danel Sinani, Jonathan Joubert, Flavio Becca… Leur départ marque la fin d’une ère où le F91 écrasait tout sur son passage, mais aussi la fin d’une saison éprouvante finie à la 5ème place d’un championnat jamais achevé et non qualificative pour l’Europe. Une triste première après plus de vingt ans de réussite. La fin d’une ère, donc, à laquelle le club a dû remédier cette année. Une saison de transition pour poser les bases d’un nouveau F91, plus humain, plus proche de ses terres et de sa couleur jaune retrouvée, la même qui s’était estompée sous un bleu Léopard ces dernières saisons.
Les trois mois de repos forcé permettent au club d’entamer sa reconstruction avec Carlos Fangueiro comme nouveau coach. Insufflant la grinta et la rage de vaincre, le coach portugais donne dès son arrivée le ton de la saison à venir. Si personne ne voit Dudelange retrouver directement les sommets de BGL Ligue, lui vise le titre de champion.
Fini l’effectif surdimensionné des saisons passées, le nouveau staff veut s’appuyer sur une colonne vertébrale solide couplée à des jeunes joueurs à potentiel. Pour étoffer son équipe, Fangueiro choisit des joueurs qu’il connait (Bojic, Diouf, Vova) et mise sur des paris (Hassan, Van Den Kerkhof). Au total, plus de la moitié de l’effectif est renouvelé.
Les pistons, l’arme offensive inattendue du F91
Prônant un football offensif, le staff technique opte pour un système en 3-5-2, mettant en valeur un poste crucial : le piston. Et sur ce point, le F91 a trouvé ses hommes à tout faire : Mehdi Kirch et Kévin Van Den Kerkhof.
Le premier avait une revanche à prendre. Mis au placard la saison précédente, Mehdi Kirch est dès le début de saison intronisé capitaine du F91, et va porter son équipe d’une main de maître. Le second, latéral droit rapide et infatigable, est le joueur le plus utilisé du championnat puisqu’il ne rate aucun match, se transformant souvent en buteur. Au total, les deux pistons ont trouvé le fond des filets à 15 reprises, justifiant totalement le choix du staff de renouveler ce système match après match.
Si ces deux joueurs contribuent fortement au début de saison canon de leur équipe, c’est à travers tout un collectif que les résultats s’enchaînent : 8 victoires en 8 rencontres, une défense de fer et des triomphes face à de sérieux prétendants : Niederkorn, Fola et Swift se cassent tour à tour les dents face à une équipe de « guerriers », comme l’aime si bien le décrire l’entraîneur. C’est cet état d’esprit irréprochable qui permet au F91 de cavaler en tête au soir de la 8ème journée.
Et puis, le premier coup d’arrêt. Les clubs luxembourgeois voient le championnat s’arrêter une première fois pour un mois. Au retour de la compétition, le F91 se déplace à Hostert et subit sa première défaite de la saison.
Une deuxième partie de championnat qui rabat les cartes
Après un faux retour à la compétition chaotique marqué par un protocole sanitaire indescriptible établi par la FLF et des conditions climatiques instables, la BGL Ligue reprend enfin mi-février, laissant présager des semaines anglaises interminables. C’est donc une seconde partie de saison sans certitude qui reprend avec un F91 qui reste sur sa première défaite et une moins bonne dynamique. C’est peut-être en coulisses que le F91 a d’ailleurs perdu l’un de ses meilleurs atouts. Nelson Morgado, analyste vidéo du club, rejoint en février l’AS Monaco. Le F91 commence rapidement à laisser des plumes, surtout à domicile, où il ne prend que 6 points sur 12, enchainant les matchs coûteux. Des résultats aux allures de tournant, confirmés un mois plus tard et une nouvelle fois à domicile face au Swift et une défaite 3-2. Une déconvenue qui fait mal, mathématiquement et mentalement, d’autant plus que c’est un match crucial sur la pelouse du Fola Esch qui se profile une semaine plus tard.
Une rencontre qui se transformera en véritable cauchemar puisqu’il suffira de vingt secondes avant que le Fola n’ouvre le score. La suite n’allait guère mieux se passer : 4 buts supplémentaires du Fola et une soirée définitivement à oublier.
Mais alors que tout le monde voyait le Fola filer vers le titre, les hommes de Sébastien Grandjean ont commencé à perdre des points : un maigre total de 8 points sur 21 possibles qui ont permis à ses poursuivants de revenir quasiment à hauteur des leaders, un scénario encore inimaginable 7 journées plus tôt.
Lors des cinq dernières journées de championnat, les trois prétendants s’échangent constamment les places sur le podium. Dudelange, porté par un Adel Bettaieb infernal (11 buts lors des 9 dernières journées), finit la saison en trombe, jusqu’à la 27ème journée et un match nul contre le Racing. Deux points de perdus qui comptent dans la lutte pour le titre, tout comme ceux lâchés sur la pelouse de Wiltz à l’avant dernière journée (0-0). Les chances de victoire finale s’amenuisent pour Dudelange qui devait espérer que les planètes s’alignent lors de la dernière journée. SI le Fola ne craque pas, le F91 chipe néanmoins la deuxième place au Swift, symbole d’une nouvelle hiérarchie pas encore établie.
Et la suite ?
Le F91 sera vite de retour aux affaires puisque les tours préliminaires de Conference League se tiendront dès le mois de juillet. Avant cela, les joueurs vont profiter d’un repos bien mérité après 4 mois de football non stop, qui pour certains marque également la fin de l’aventure dudelangeoise.
Si l’on connaît déjà les joueurs qui vont quitter le F91 cet été, on en sait un peu moins sur ceux qui viendront renforcer l’effectif si ce n’est Dejvid Sinani, le grand frère d’un certain Danel qui avait porté le club dudelangeois ces dernières saisons et qui viendra animer le secteur offensif après une superbe saison au Fola.
Nul doute que Dudelange se renforcera encore avant d’entamer les tours préliminaires européens, et donnera tout pour se qualifier à chaque tour, pour pourquoi pas recréer un nouvel exploit. Car après tout, s’il y a bien un club qui peut le faire, c’est le F91…
