Le marathon pour tous, entre espoir et imbroglio

Le Marathon Pour Tous, c’est un rêve pour beaucoup de coureurs amateurs qui, à l’instar des athlètes olympiques, veulent à tout prix fouler les rues de Paris en août 2024 pour l’un  si ce n’est le  plus grand événement sportif de l’histoire : les Jeux olympiques. Néanmoins, espérer faire partie des milliers d’athlètes qui y participeront relève presque d’un parcours du combattant. Car en dehors d’un grand tirage au sort effectué quelques mois avant l’épreuve, le COJO a déjà permis à certains coureurs d’obtenir leur place à la loyale… ou pas. 

Les premières places décrochées en 2019

C’était une ambition déclarée dès la phase de candidature de Paris pour les Jeux olympiques : faire du marathon une épreuve disputée d’une part par les athlètes olympiques, et d’autre part par des athlètes amateurs, et ce dans des conditions similaires. À savoir le même jour, le même parcours et sur la base de la parité : 50 % d’hommes 50 % de femmes. Un concept inédit dans l’histoire, car on n’avait jusqu’ici jamais organisé une telle compétition en 29 éditions. 

Et c’est cinq ans avant le début des Jeux que les premiers dossards ont été distribués par le COJO, lors de la Journée olympique disputée tous les ans le 23 juin et durant laquelle tout le monde peut s’initier à la pratique de sports olympiques en présence d’athlètes, dans le partage et les valeurs de l’olympisme. D’un côté à Paris, lors de trois courses de 2 024 mètres au cours desquelles vingt-quatre personnes ont décroché leur sésame, et de l’autre en région, le même jour, où vingt-deux autres dossards ont été remportés dans des courses similaires. 46 dossards donc, et quelques années à patienter avant de permettre à d’autres sportifs amateurs de pouvoir espérer décrocher leur précieux billet.

En octobre 2021, l’incompréhension

Le premier véritable défi mis en place par le COJO pour tenter de remporter sa place pour le Marathon Pour Tous s’est donc tenu le 31 octobre 2021 lors d’une course sur les Champs-Élysées. Le but, pour 3 600 coureurs tirés au sort parmi les membres du Club Paris 2024 et des salariés d’Orange, était d’arriver avant Eliud Kipchoge, double champion olympique et recordman du monde sur marathon (en 2 h 01 min 39 s), sur un run de cinq kilomètres. Le Kényan partait évidemment avec du retard par rapport aux athlètes amateurs, classés en cinq catégories représentant le rythme de chacun. Par exemple, le SAS 1, pour ceux qui couraient entre 6 et 8 km/h, partait 19 minutes avant le champion africain, tandis que le SAS 5 partait avec plus ou moins une minute d’avance. Du moins, c’est ce qui était prévu jusqu’à quelques heures avant le début de la course. Car l’organisation globale de l’événement fut… une catastrophe. Les changements de règles incessants lésant bon nombre de participants.

Dans un premier temps, les meneurs d’allure, que les coureurs ne pouvaient dépasser sous aucun prétexte, étaient censés rester en course jusqu’au quatrième kilomètre. Mais quelques minutes avant le départ, les challengers ont appris que ceux-ci se retireraient au bout d’à peine deux kilomètres. Une aubaine pour certains malins qui avaient menti sur leur rythme et s’étaient placés dans les premiers SAS. Une fois libres de tout meneur d’allure, ils fonçaient à une moyenne de 15 km/h et finissaient même avant qu’Eliud Kipchoge ne prenne le départ !

[Exergue]

Après l’organisation désastreuse de l’événement, le COJO a fait son mea culpa en offrant 400 dossards aux athlètes lésés. Mais tous n’ont pas pu obtenir leur sésame…

Pire, un autre changement de dernière minute allait changer la donne pour des centaines de coureurs. Les SAS 4 et 5, qui devaient respectivement partir avec quatre et une minutes d’avance sur Kipchoge, ont finalement eu beaucoup moins d’avance que prévu, le champion africain partant quasiment en même temps que le dernier SAS. 

Sur cinq kilomètres, ce fut fatal pour beaucoup d’athlètes qui voyaient le marathonien les dépasser sans aucun problème. Si certains ont coupé le circuit, la plupart repartiront finalement sans leur dossard pour les Jeux. Un goût amer qui verra l’événement se faire incendier sur les réseaux sociaux quelques heures plus tard : « On n’avait AUCUNE chance de gagner un dossard si on était honnête avec notre SAS », « Organisation qui a prôné un esprit à l’encontre de l’olympisme », « Quand les règles du jeu changent pendant la partie, tu sens que tu t’es fait arnaquer… », peut-on lire, entre autres, sur Facebook ou encore Twitter. Des critiques couplées à une pétition en ligne, lancée le même jour et signée par 1 800 personnes, pour dénoncer l’organisation et demander qu’un dossard soit attribué à l’ensemble des participants lésés. Des plaintes qui ont fait mouche puisque quelques heures plus tard, les responsables faisaient leur mea culpa : « Pour que la fête soit parfaite, il faut qu’elle soit juste. En étudiant les temps de course, nous avons réalisé (et vous aussi) que le handicap des deux derniers SAS était trop difficile. Sur la base des temps réalisés, Paris 2024 a donc décidé d’offrir 200 dossards pour les premiers arrivés du SAS 4 et 200 dossards pour les premiers arrivés du SAS 5. » 400 coureurs récompensés, mais pas de quoi satisfaire tout le monde cependant, certains ayant atteint le temps maximal autorisé en présence des meneurs d’allure.

Le Club Paris 2024, pour espérer décrocher son billet

Tony Estanguet, président du Comité d’organisation des Jeux de Paris, ne tire pourtant pas la sonnette d’alarme. « Pour un premier rendez-vous comme celui-ci, je voulais faire comprendre que le marathon des J.O. 2024 est vraiment ouvert à tous, même aux coureurs les plus lents. Les autres, je ne suis pas inquiet pour eux, ils auront bien d’autres occasions de remporter leur dossard d’ici là. » Les athlètes lésés et ceux qui n’auront pas pu décrocher leur dossard pourront ainsi se consoler (ou pas) avec Le Club Paris 2024, une plateforme qui, au début de l’année 2024, tirera au sort un certain nombre de ses membres pour leur annoncer leur participation au Marathon Pour Tous. Pour pouvoir y participer, la condition sera d’avoir obtenu 100 000 points au sein du Club Paris 2024. Pour les obtenir, de multiples possibilités s’offrent à vous. Outre certains challenges et défis hebdomadaires, effectuer des sessions de running rapportera 10 points par kilomètre, le vélo 2,5, la marche 5, etc. 

Vous l’aurez compris, même si vous atteignez les 100 000 points, ce sera au petit bonheur la chance ! Il n’y a plus qu’à espérer que d’autres événements similaires à la course du 31 octobre 2021 verront le jour, cette fois-ci de manière organisée et équitable entre tous les coureurs.

Le parcours dévoile ses premiers contours

À la fin de l’année 2021, le COJO (Comité d’organisation des Jeux olympiques), présidé par Tony Estanguet, avait annoncé : « les sensations seront décuplées sur un parcours inédit et original, qui fera honneur au patrimoine et à l’histoire de l’Hexagone et de la région parisienne. » Et pour cause, les premiers contours ont déjà été dévoilés puisque le départ du marathon se fera à l’Hôtel de Ville pour terminer sa route sur la place des Invalides. Cette dernière accueillera également le départ du contre-la-montre de cyclisme. Si l’on ne connaît pas encore le tracé complet de la course, les rumeurs vont bon train quant à un passage au château de Versailles ou encore au mémorial Pershing-Lafayette.

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