Les Etats-Unis survolent les Jeux Olympiques

Le golf, après son retour aux Jeux Olympiques de Rio après 112 ans d’absence était de nouveau une discipline présente aux Olympiades de Tokyo. Une compétition dans laquelle les Etats-Unis auront fait belle figure, avec deux victoires dans les épreuves individuelles pour Xander Schauffele et Nelly Korda. Pour le pays hôte, la déception demeure présente avec l’absence de médaille de Hideki Matsuyama.

La domination américaine dans le golf aux Jeux Olympiques se prolonge. Avec déjà une large avance au compteur des médailles avant cette édition de Tokyo, les Etats-Unis ont encore accentué leur écart en ramenant deux nouvelles breloques dorées. Dans l’historique Kasumigaseki Country Club, vieux de plus de quatre-vingt ans d’existence, Nelly Korda et Xander Schauffele ont rapporté le titre à leur pays avec des prestations tout simplement impressionnantes.

Dans l’édition masculine, le numéro cinq mondial a su profiter d’un tableau amputé de la plupart des grands favoris. Ainsi, que cela soit pour cause de blessure (Tiger Woods), choix de faire l’impasse (Dustin Johnson) ou à cause du Covid (Jon Rahm, Bryson DeChambeau), le tableau était plus ouvert et Schauffele faisait ainsi partie des favoris. Il faut aussi dire que pour l’athlète américain, le désir de victoire était sûrement plus fort encore que parmi ses concurrents. Ce succès, assurément le plus prestigieux de la carrière du Californien n’ayant jamais remporté un Grand Chelem malgré de nombreuses places d’honneur, portait aussi le sceau de la revanche sur la vie. Celle de son père Stefan, précisément. Ancien golfeur allemand, son rêve de participer aux Jeux Olympiques avait été brisé lorsqu’un conducteur ivre avait percuté sa victoire, annihilant alors tous les rêves du père du nouveau vainqueur. «Je voulais gagner pour lui, je suis sûr qu’il pleure quelque part en ce moment. Cela signifie plus que tout le reste», a déclaré Schauffele, qui succède au Britannique Justin Rose au palmarès olympique. Il aura néanmoins fallu résister à la pression lors d’une dernière journée particulièrement incertaine. Malgré une première moitié de parcours absolument impeccable, composée de quatre birdies sur les neuf premiers trous, le futur médaillé d’or a montré quelques signes de faiblesse. Moins impérial lors de la suite du parcours, Schauffele montrait quelques signes de fébrilité, jusqu’à concéder un bogey au 14e trou. Capable de serrer le jeu par la suite, il parvenait à grappiller un birdie au 17, avant de rattraper un premier coup dans un épais rough lors du 18. Le sage recentrage était obligatoire et le coup de wedge suivant idéalement joué au-dessus du drapeau. Avec un dernier putt pour le par, Schauffele s’adjuge ce qu’il considère comme le plus grand titre de sa carrière. « Je suis encore sous le choc de cet ultime par au 18 pour gagner. Cette fin de partie a été si stressante. J’ai tout fait pour rester le plus calme possible. Je crois que c’est la plus grande victoire de ma carrière. J’ai encore du mal à me le dire. Mais je suis bien champion olympique. C’est une sensation très spéciale pour nous les golfeurs qui n’avons pas encore forcément l’habitude de ces Jeux qui ne se disputent que tous les 4 ans. Mais rien que le fait de porter les couleurs de son pays et de le représenter au mieux, c’est incroyable. »

Chez les femmes, Nelly Korda aura parfaitement fait honneur à son statut de numéro une mondiale. Avec un total impressionnant de 267 (-17), la fille cadette de l’ancien joueur de tennis tchèque Petr Korda s’est adjugé un nouveau titre prestigieux après une année particulièrement faste au cours de laquelle elle a remporté son premier titre du Grand Chelem, le championnat LPGA, en juin, et s’est hissée à la première place du classement mondial. Après avoir offert trois journées idéales de jeu, la soeur de Jessica – elle aussi en course et finalement 15e – la joueuse de 23 ans a concédé un double-bogey au 7 qui l’a remise au contact de ses poursuivants. Mais, loin d’être déstabilisé par ce petit couac, Nelly Korda est repartie de plus belle et terminé sa journée avec une carte de 69 qui lui a assuré le titre. « J’ai l’impression que le double-bogey m’a encore un peu plus motivé. Je ne pouvais pas terminer comme ça. Je me devais de me battre jusqu’au bout. Ce qui m’arrive est tellement incroyable. Vous ne pouvez le réaliser que lorsque tout est fini. C’est unique car vous ne jouez pas seulement pour vous-même, vous jouez pour votre pays, et il y a tellement d’histoire aux Jeux Olympiques. Le simple fait d’en faire partie est inoubliable ». Elle devance donc sur le podium la Japonaise Mone Imani (voir encadré 2) et la néo-zélandaise Lydia Ko. La dynastie Korda continue donc d’enchaîner les exploits. Un père vainqueur d’un Grand Chelem en tennis, une mère gagnante dans un tournoi WTA, une soeur parmi les meilleurs joueuses mondiales en golf, et un frère ayant fait son entrée cette année dans le top 50 ATP après un huitième de finale à Wimbledon : les Korda se portent bien, merci pour eux.

Que retenir des Jeux Olympiques de Tokyo ?

Aussi surprenant que cela puisse paraître de le dire, le golf aux Jeux Olympiques est en tout point une jeune épreuve. Avec une présence extrêmement rare et un retour seulement en 2016 pour la première fois depuis plus de cent ans, la discipline n’est pas de celles solidement ancrées, bien loin de remises en questions et tâtonnement quant à son procédé. Nous avons donc appris beaucoup durant cette quinzaine, et, à voir l’émotion présente pour tous et chacun, réalisé que les athlètes qui finalement avaient décidé de prendre part aux Olympiades, n’étaient pas venus pour faire de la figuration.

Néanmoins, avant de parler des présents, mention aux absents. Et avant tout, une particularité frappante. Chez les femmes, le top 14 du Rolex Ranking féminin était de la partie à Tokyo. À contrario, 15 des membres de ce ranking côté masculin se sont désistés pour la compétition phare, pour un nombre de raisons diverses et variés. Un choix que l’on peut considérez assez décevant, surtout à voir Rory Mcllroy revenir sur ses propos du passé bien critiques des Jeux Olympiques : « J’ai fait des commentaires auparavant qui étaient probablement ignorants et impulsifs, mais après avoir vécu cette expérience unique, je peux affirmer que l’esprit olympique m’a définitivement contaminé ».

La beauté du patriotisme pur

Pour ceux qui étaient là, mention spéciale à l’intensité que tous et chacun ont mis dans les joutes. Un désir de victoire qui a été assez palpable, tant dans la joie exaltante des médaillés, et la douleur visible pour ceux qui n’ont pas réussi à atteindre l’objectif tant convoité de breloques.

Mais plus que tout, on a particulièrement ressenti que tous les athlètes présents au sein de la compétition de golf ne ressentaient pas le fait de jouer pour sa sélection nationale comme un poids mais bien une force supplémentaire leur donnant les capacités, plus que jamais, de ne ni abandonner, ni lâcher une place sur le podium malgré l’usure physique et mentale. Tous, extatiques ou abattus ont annoncé comme raison principale de ces émotions à leur paroxysme leur attachement à la Nation, et le désir d’apporter la fierté à la maison mère.

Peut-être faudrait il aussi se pencher sur le déroulé de la compétition, un brin classique our un évènement organisé tous les quatre ans. Le golf a en soi cette force de pouvoir proposer un grand nombre d’alternatives dans la mise en place de la compétition, et sortir des carcans des tournois traditionnels pour offrir quelque chose de plus moderne, original et – disons le sans honte – « fun » pourrait réussir à définitivement placer le golf dans ce qui à nos yeux doit représenter les Olympiades, à savoir un mix parfait entre tradition ancestrale et adaptation aux courants actuels.

C’est aussi ainsi que le golf pourrait commencer à ne plus regarder les Jeux Olympiques avec cette forme de dédain. En voyant ce dépassement de soi, cette rage dans la victoire comme la défaite, et le sentiment de porter en soi les espoirs d’un pays, quand bien même sans spectateurs, alors peut-être que le monde du golf sera enfin capable de se rendre compte que, si la différence avec un Masters est indéniable, elle n’en demeure pas moins une originalité qui se doit d’être vécue, tant la puissance émotionnelle de ces deux petites semaines de sport semble incomparable avec la majorité des autres grands évènements sportifs autour du golf. On ne peut espérer rien de plus que cela. Après tout, et aussi niais que cela puisse paraître, l’esprit Olympique se doit de perdurer.

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