Levons un verre à Martini Racing

Si le sponsoring fonctionnait aussi bien que les marques le souhaitaient, les fans de course automobile seraient déjà tous alcooliques. Décryptage d’une livrée emblématique reconnaissable entre toutes.

Si Henry Louis Mencken, l’un des écrivains américains les plus influents du XXe siècle, a décrit le Dry Martini comme l’une des seules inventions américaines parfaites, on peut bien se permettre de dire que la livrée Martini a le look parfait. Car si la marque a fait sa renommée en étant notamment associée à un certain James Bondn elle peut aussi se targuer d’avoir sorti l’une des livrées les plus iconiques du sport automobile, à tel point que même si le logo Martini était retiré, on reconnaîtrait toujours la marque. Ses bandes bleues et rouges, qui changent de taille en fonction des courbes de chaque voiture, permettent aux constructeurs de présenter des véhicules sublimes.

Martini décida de sponsoriser le sport automobile dès 1962, avec l’Alfa Romeo Giulietta Sprint Zagato, qui termina deuxième de sa catégorie aux 3 Heures de Daytona. Pourtant, à cette date, pas de bandes rouges et bleues. Une simple inscription en lettres blanches « Martini & Rossi Racing Team ». En 1968, la FIA autorise les publicités de marques sans rapport avec l’automobile, et on retrouvera la Porsche 910-023 conduite par Hans-Dieter Dechent avec le logo Martini entre les deux feux arrière. À ce moment-là, aucune contrepartie financière n’est prévue : Paul Goppert, à la tête de la branche publicité de Martini en Allemagne, est ami avec le pilote de la Porsche et lui donne du matériel et des combinaisons en échange d’autocollants apposés sur la voiture.

Ce n’est qu’en 1971 que Martini Racing commence à se distinguer réellement des autres livrées, avec le sponsoring de la Porsche 917K, engagée dans le World Sportscar Championship, que Helmut Marko et Gijs Van Lennep mèneront à la victoire lors des 24 Heures du Mans. Niveau design, on retrouve pour la première fois les bandes bleues et rouges qui font la renommée de Martini Racing. Si la Porsche blanche fait sensation, l’argentée conduite par Vic Elford est probablement encore plus belle.

Martini Racing prendra une tout autre dimension lorsque la marque s’engagera en rallye, dans les années 1980, avec l’apparition du fameux Groupe B. En s’associant avec Lancia, le partenariat connaîtra ses heures de gloire et la Lancia 037 (puis la Delta S4) remportera plusieurs Championnats du monde (sept titres constructeur et quatre titres pilote), révélant alors la livrée aux yeux du monde entier.

En Formule 1, Martini Racing fait son apparition en 1972 avec l’écurie Tecno, mais se retirera deux saisons plus tard après des résultats décevants. Elle fera son retour en 1975 avec Brabham, qui remportera deux Grands Prix et obtiendra une deuxième place au classement des constructeurs. Elle changera encore deux fois d’écurie : Lotus, en 1979, qui était à ce moment-là champion en titre, puis reviendra trente-cinq ans plus tard, avec la mythique écurie Williams. Le partenariat durera quatre ans, jusqu’en 2018, et niveau design, cela reste à nos yeux et à ce jour la seule déception d’une livrée Martini.

Peu importe la livrée, la discipline ou le constructeur, soixante ans après sa toute première apparition dans le sport automobile, Martini Racing continue à faire briller les voitures qu’elle sponsorise. Si sa présence se fait de plus en plus rare, nombreux sont les passionnés qui, aujourd’hui encore, sont à la recherche de la perle rare.

Dernières nouvelles