Luxembourg – Portugal : un stade vide pour l’inauguration ?

Le 30 mars prochain aura lieu la rencontre entre le Luxembourg et le Portugal dans le cadre des qualifications pour le Mondial 2022. En plus d’être une affiche toujours particulière en raison des liens entre les deux pays, cette dernière est censée être la première disputée dans la nouvelle enceinte « Stade de Luxembourg ».

Parfois le hasard fait divinement bien les choses ! Lors du tirage au sort pour les éliminatoires de la prochaine Coupe du monde 2022 au Qatar effectué au début du mois de décembre dernier, le Luxembourg a eu la belle surprise de voir débouler dans son groupe le Portugal de Cristiano Ronaldo. Même si les deux sélections s’étaient déjà rencontrées récemment à l’occasion des qualifications pour l’Euro, personne ne boudera son plaisir. Deuxième surprise, le calendrier des matchs a été conçu de telle manière que la Selecção sera le premier match à domicile pour nos Roud Leiw. Une occasion en or donc de baptiser le nouveau stade national, sorti de terre à Kockelscheuer et dont les travaux ont pris du retard en 2020 en raison de la pandémie de coronavirus Covid-19.

Un nouveau stade qui est l’aboutissement d’une saga qui aura longtemps tenu en haleine tout les acteurs impliqués dans sa construction. Officiellement lancés le 21 août 2017, les travaux du Stadion vu Lëtzebuerg ont pris plusieurs fois du retard, et pas seulement en raison du Covid. Les coûts supplémentaires de sa mise en service ont également fait jaser. Mais le Luxembourg ne pouvait plus se permettre de repousser l’échéance, et l’antédiluvien stade Josy Barthel faisait plutôt tâche au niveau du fameux « nation branding ». C’est en 2011 que tout commence, avec le projet de stade à Livange, tellement critiqué qu’il ne verra jamais le jour. En 2013, l’idée d’une nouvelle enceinte revient sur la table, à l’occasion de la visite au Luxembourg du président de l’UEFA à l’époque, Michel Platini. L’ancien numéro 10 de l’équipe de France s’était montré d’ailleurs assez acerbe en ce qui concerne le stade Josy Barthel : « Un des stades les plus pourris que j’ai vus ». Il devenait donc urgent de réagir. Et en février 2014, le site du futur stade était enfin défini, le long de l’autoroute A6 entre Kockelscheuer et Gasperich. Terminé donc le projet de rénovation du stade Josy Barthel, voué à la démolition. En juin 2014, les appels d’offre sont lancés, et c’est le consortium allemand Gerkan, Marg und Partner (GMP), en collaboration avec les architectes luxembourgeois BENG Associés qui sont retenus en septembre de cette même année. Les travaux du futur écrin du football ainsi que du rugby luxembourgeois peuvent alors débuter pour faire sortir de terre l’enceinte aux 9595 places. Construit selon les normes UEFA de catégorie 4 mais aussi celles de l’IRB, le nouveau stade comprend également des espaces réservés aux VIP, des autres consacrés à la restauration, ainsi qu’un business club, la traditionnelle salle de presse et bien sûr les vestiaires.

Après tant d’atermoiements, de discussions, et de divergences d’opinions entourant sa construction, le stade de Luxembourg a eu un autre adversaire venu perturber la fin de son élaboration, en la personne de ce satané Covid-19. Il ne manquait plus que ça vous me direz ! De 2020, sa date d’inauguration a donc été décalée au printemps 2021. C’était sans compter sur le rebond de l’épidémie, l’apparition du virus mutant, et les restrictions sanitaires toujours en cours à l’heure actuelle au Grand-Duché.

Le flou demeure

Mais à quel point les mesures en vigueur pour freiner la propagation de l’épidémie de coronavirus, risquent de venir gâcher la fête programmée le 30 mars prochain ? C’est Erny Decker, chef du département international et également trésorier fédéral qui apporte quelques éléments de réponse, notamment au sujet de la présence ou de l’absence de spectateurs : « On ne sait pas encore, pour nous on part du principe que le match se déroulera au nouveau stade, mais nous attendons encore le feu vert de la ville de Luxembourg. Nous espérons toujours jouer ce premier match des qualifications dans la nouvelle enceinte. Au niveau du public c’est difficile de se prononcer, cela peut changer de semaine en semaine… Vous vous souvenez que contre Chypre on avait eu l’autorisation de faire rentrer jusque 2000 spectateurs. Contre l’Azerbaïdjan et l’Autriche l’UEFA nous avait accordé une assistance équivalente à un tiers du stade, mais le gouvernement a exprimé son désaccord et on a pu faire entrer seulement cent personnes ».

Avec la situation sanitaire actuelle, il n’y a qu’une seule chose dont on est véritablement certain, c’est que le nouveau Stade de Luxembourg ne sera pas plein. Une évidence me direz vous. Les autres solutions seraient de limiter la jauge à un tiers, ou alors comme l’a dit précédemment Erny Decker, accueillir une centaine de spectateurs seulement. Ce qui constituerait bien entendu un crève-cœur du côté de la FLF : « C’est naturellement dommage, car on ne joue pas le Portugal chaque année » concède Erny Decker. « C’est triste, car les Portugais sont la tête de série du groupe, si cela avait été l’Azerbaïdjan cela aurait été différent ».

Au niveau des infrastructures proprement dites, hormis quelques détails à régler, on peut dire que le nouveau stade est opérationnel à 95% : « De ce que j’ai entendu c’est qu’il reste des choses à régler au niveau de la technique, du tableau d’affichage, il reste des choses à faire. Le principal problème c’est que les entreprises qui viennent de l’étranger n’arrivent pas à venir en raison du Covid et ça crée quelques soucis ». Avant de procéder aux tests réclamés par l’UEFA lors de la mise en service de toute nouvelle enceinte, la FLF doit obtenir tout d’abord le feu vert de la Ville de Luxembourg. Une fois cette étape franchie, la fédération pourra ensuite procéder à un test grandeur nature (sans public bien entendu) du nouveau stade. Et ce serait les jeunes ouailles de la fédé qui s’y colleraient : « On pourrait le faire avec deux de nos sélections jeunes, les U19 contre les U21 ou quelque chose comme cela ».

La FLF ainsi que tous les supporters luxembourgeois vont donc suivre avec une plus grande attention encore l’évolution de la situation sanitaire dans le pays au cours des prochaines semaines, avec l’espoir d’un assouplissement des restrictions, histoire que la fête soit encore plus belle à l’occasion de l’inauguration d’un Stade de Luxembourg que l’on attend impatiemment depuis belle lurette… : « Je ne sais plus depuis combien de temps on attend ce nouveau stade et que l’on travaille là-dessus. Tout le monde attend cela avec impatience, Luc Holtz aussi ». Un Stade de Luxembourg, qui couplé aux résultats en nets progrès de la sélection va permettre également de replacer sans doute le Luxembourg sur la carte du football européen: « Je suis d’avis que cette équipe mérite ce nouveau stade, si on regarde les quatre ou cinq dernières saisons les progrès sont là. Quand on accueille des grandes nations, c’est tout de même quelque chose d’autre que le stade Josy Barthel » conclut Erny Decker.

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