Rosport – Mondorf: l’analyse tactique

L’un des matchs de cette dernière journée de BGL Ligue de l’année 2021 opposait le Victoria Rosport à l’US Mondorf.

Et, dimanche, à la Partyrent Arena, on se serait cru, un mardi soir sur TF1, assister à Koh-Lanta.

A la différence près qu’à la place du climat tropical d’une île du Pacifique, les joueurs évoluaient dans le froid et l’humidité de Rosport et dans la bouillasse d’un terrain définitivement éclaté par les échauffements des deux équipes.

Nous avons eu, devant nos yeux, tous les éléments d’une bonne épreuve d’immunité comme les amateurs de l’émission les aiment.

Deux équipes, les rouges et les verts, se battant dans un bourbier, composées de profils différents mais si complémentaires : les leaders, les gros tempéraments/aboyeurs, les guerriers, ceux qui se cachent, ceux qui la ferment et qui se concentrent sur le jeu voire tirent profit des « énervés » …

Ajoutez à cela des protagonistes (public, corps arbitral voire staffs) qui font en sorte de souffler sur les braises lorsque la tension et le rythme semblent redescendre.

Vous obtenez un dernier épisode de BGL Ligue 2021 incertain et tendu qui se terminera par un partage des points pas illogique au vu du profil des deux équipes.

En se rendant à Rosport, on partait assister à un match entre deux clubs difficiles à jouer, comme le montrent la plupart de leurs rencontres terminées par un but d’écart.

Aussi, même si elles étaient sur des dynamiques bien différentes en cette fin d’année, on était curieux de voir comment les deux équipes, aux profils identiques, allaient tenter de faire la différence.

A travers cette analyse, nous allons voir les similitudes tactiques et humaines du Victoria et de l’USM mais aussi les clés qui leur ont permis de créer du danger chez l’adversaire.

1ère clé du match : Gagner ses duels

Très rapidement, vu l’état du terrain de la Partyrent Arena, on a pu observer que les joueurs auraient beaucoup de mal à construire du jeu et à enchainer des passes au sol.

On pouvait donc logiquement s’attendre à du jeu aérien direct et donc des duels.

Malgré tout, on pourra mettre au crédit des acteurs du match des tentatives de construire le jeu malgré les conditions difficiles.

On a pu voir, 1 fois par mi-temps, l’USM tenter de construire ses attaques placées avec Cétout redescendant entre Benhemine et H.Ramdedovic, permettant aux défenseurs latéraux de jouer plus haut et donc permettre aux ailiers de rentrer dans le jeu.

A chaque fois, ces phases de jeu se sont terminées par des actions franches.

Du côté de Rosport, on a pu observer un milieu, et notamment Steinbach, réussissant par moments à poser le jeu.

On peut imaginer que l’équipe réussissant à produire du jeu au sol aurait sûrement pu gagner ce match.

Et cela est d’autant plus probable lorsque l’on se souvient de la 70ème minute, début du temps fort du Victoria, lorsque ses joueurs ont mis le pied sur le ballon.

Cette maitrise a fait reculer le bloc de l’US Mondorf, ce qui a permis aux Rosportois de mettre la pression sur l’adversaire et de multiplier les assauts et coups de pied arrêtés, sans succès.

Mais l’état du terrain transformant chaque passe au sol en prise de risque, les deux équipes ont fait le choix de la sécurité en cherchant à jouer long.

Il était donc important de gagner ses duels aériens et, tout autant, de gagner les deuxièmes ballons.

Mission réussie, d’entrée de jeu pour le Victoria qui ouvrira le score à la suite d’une action dont l’origine est un duel aérien gagné avec beaucoup d’autorité par le défenseur central Spruds.

Une agressivité telle que sa tête s’est transformée en passe en profondeur pour le passeur décisif du but de Soladio. (1-0, 5ème minute).

Si cela a payé, de manière concrète, pour l’une des deux équipes, il faut mettre en avant la combattivité de la très grande majorité des joueurs qui n’ont jamais refusé le combat et ne l’ont jamais transformé en « mauvaise » agressivité malgré un environnement extérieur au terrain qui ne respirait pas la sérénité.

2ème clé du match : Gagner les deuxièmes ballons et monter sa ligne de récupération de balle.

Les deux équipes évoluaient dans un système de jeu presque identique.

La différence venait du milieu de terrain puisque le Victoria évoluait avec deux milieux récupérateurs, Marques et Steinbach, et s’assurait donc une sécurité défensive à la possession du ballon.

L’USM ne proposait qu’une sentinelle, Julien Cétout.

On observait malgré tout des équipes coupées en deux lorsqu’elles étaient en phases d’attaque.

D’un côté les défenseurs + le(s) milieu(x) défensif(s) et de l’autre, terminant les actions, les ailiers, milieux offensifs et attaquants.

Entre les deux, un espace de 20-25 mètres.

A la récupération de balle, ce no man’s land était utilisé de la même façon par les deux équipes.

L’idée était de relancer rapidement vers l’un des attaquants qui devait réussir à percuter et mettre assez de vitesse, avec ses compères offensifs, pour amener le ballon dans la surface adverse.

Il est important de préciser que le Victoria et l’USM possèdent des joueurs offensifs de talent, très rapides, mais surtout intelligents car anticipant à chaque fois la récupération de balle de leurs coéquipiers et, donc, se rendant immédiatement disponibles.

Ces derniers ont souvent pris de vitesse leurs adversaires directs et il aura, à chaque fois, fallu de beaux gestes défensifs pour empêcher les attaques d’arriver au bout.

Comme évoqué au début de ce chapitre, l’objectif premier des deux entraineurs était d’assurer une sécurité défensive au détriment des prises de risques offensives.

En effet que ce soit à la récupération de balle, le plus souvent basse, ou lors des attaques placées, on observait que chaque équipe n’attaquait qu’à 3 ou 4 joueurs.

Si la vitesse et le talent des joueurs leur permettaient souvent de faire des différences, ils étaient en infériorité numérique et il était compliqué pour eux de se libérer du marquage d’un, voire deux, défenseurs.

En effet, le positionnement bas des milieux ne leur laissait que rarement le temps de remonter le terrain et d’arriver à temps pour terminer les actions.

Une des solutions à cette problématique était donc de monter sa ligne de récupération de balle puisque plus le ballon était repris haut sur le terrain, plus les milieux étaient près de leurs attaquants.

C’est notamment ce qu’il s’est passé pendant le temps fort de Rosport, évoqué plus haut, pendant les 20 dernières minutes.

Ces récupérations hautes permettent également de lancer une transition offensive moins loin du but de l’adversaire et, surtout, face à un bloc déséquilibré puisqu’en train d’attaquer.

Le but Mondorfois en est l’illustration puisque ses deux attaquants, Neves et Morabit, vont récupérer le ballon à 40 mètres du but de Vits.

Une récupération qui éliminera à elle seul 7 joueurs Rosportois, créera un 2 contre 2 et se terminera par le but égalisateur. (1-1, 33ème, Morabit)

 

Thomas Fullenwarth

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