SOS bénévoles en détresse

Comme mentionné dans notre interview avec Jean-Sebastien Dauch, Directeur Général de la FLA, la diminution de bénévoles au sein des associations et fédérations sportives luxembourgeoise est plus que problématique et met en péril la bonne tenue des compétitions ainsi que le développement de diverses fédérations.

Il va vite à ne pas les remarquer. Eux qui travaillent dans l’ombre, ou de par leur compétence nous empêchent d’imaginer qu’ils puissent ne pas être présent avec un statut professionnel. Eux, ce sont les bénévoles. Ceux qui nous permettent de nous entrainer, nous, nos familles et nos proches. Qui sacrifient leur temps libre pour organiser, aider, créer et soutenir diverses projets dont les habitants profitent. Des travailleurs de l’ombre, enclins à gérer les tâches les plus ingrates et anonymes et qui, de par leur abattage et présence, permettent à tant d’autres de pratiquer leurs passions avec sérieux, mais aussi aux communautés de se développer et s’agrandir. Le bénévolat, c’est une force citoyenne, une contribution sociale, économique et culturelle en faveur d’une communauté, d’un pays. Au COSL, ils étaient plus de 3.500 bénévoles en 2019 à tisser, protéger et bâtir les divers projets menés tambour battant par les associations, clubs ou fédérations sportives. Malheureusement, depuis l’arrivée en Mars 2020 du coronavirus dans le Grand-Duché, le nombre de bénévoles a sans trop de surprise drastiquement chuté, une diminution aux conséquences potentiellement dévastatrices pour les associations et fédérations du Luxembourg.

Il est bon de rappeler que cette chute ne touche pas que le secteur du sport. Dans l’ensemble du monde associatif, au Luxembourg ou ailleurs, la crise du coronavirus a lourdement diminué le nombre de bénévoles. En moyenne, la plupart des associations ont fonctionné avec seulement 30% de bénévoles pendant le confinement. Une situation logique si l’on regarde les tranches d’âges les plus trouvés dans cette activité volontaire.

En effet, depuis maintenant de nombreuses années, deux catégories se distinguent par une présence plus accrue que les autres : les plus de 55 ans et les moins de 25 ans. S’il est facile de comprendre la diminution pour les personnes âgées situées dans la population la plus à risque, le désistement des plus jeunes s’explique par d’autres raisons : avant tout, au vu de la crise massive, certains ont décidé de s’orienter vers d’autres tranches du domaine associatif, considérés plus prioritaires que les activités sportives. Aussi, au vu de l’incertitude économique et sur le marché du travail, bon nombre de bénévoles préfèrent conserver leur temps libre pour démarcher au maximum les possibilités d’emploi plus rares, ne leur laissant que peu de temps pour s’adonner à la pratique du volontariat. Des motifs en tout point compréhensibles, mais qui mettent en péril nombre de fédérations.

Une chute qui a engendré l’arrêt pur et dur des activités d’un grand nombre d’associations, incapables de maintenir leurs charges habituelles de travail avec des effectifs profondément amoindris. La démobilisation de la force active du bénévolat, loin d’être anecdotique est un réel motif d’inquiétude, comme l’a souligné Jean-Sebastien Dauch. Bien plus qu’une force ajoutée, la situation actuelle permet de réaliser que ces volontaires sont bien la clé de voute du sport amateur et semi professionnel. Et que sans eux, les structures organisationnelles ont de réelles chances, sans sombrer dans l’hystérie, de tout simplement s’effondrer. Les répercussions de leur désistement se retrouve à tout étage, de l’organisation de compétitions, l’accompagnement d’athlètes ou même dans les plus hautes tâches de directions. Il convient de rappeler que le bénévolat ne se limite pas aux activités les plus basiques. Un grand nombre de membres de comités, et de figure d’autorité rentre dans cette case de travail de volontariat. C’est ainsi tout l’échiquier qui se retrouve amputé de ces pièces, des pions au fous en passant par les tours.

Si lors d’appels à la solidarité, beaucoup ont répondu présent et aidé les associations submergés par une charge de travail élevée ainsi qu’une une main d’oeuvre amoindrie, il convient de faire attention à ne pas prendre cette vague de soutien comme permanente La présence de bénévoles durant la crise du COVID19 doit être tempéré par le fait que leur présence -indubitablement apprécié – n’est pas nécessairement faite pour durer. Bénéficiant d’un temps libre au vu de la situation, la reprise de l’économie et de la vie quotidienne les rend de nouveau indisponibles, contribuant à renforcer cette situation de flou et incertitude au sein des diverses fédérations.

Comme rappelé par Dausch, il faut aussi faire attention à ne pas tout mettre sur le dos de la COVID. Un certain ralentissement du mouvement bénévole avait déjà été remarqué au cours des dernières années, phénomène pour le moment difficilement explicable rationnellement mais à ne pas négliger. A l’image d’une société de plus en plus individualiste ou le sens de communauté diminue, les gens préfèrent consacrer leur temps libre à des activités personnelles et non collectives. Aussi, les avancées technologiques ont pu contribuer à rabaisser l’importance du lien social que les gens pouvaient retrouver dans le bénévolat. Aujourd’hui, d’autres alternatives, bien plus nombreuses et variées peuvent permettre à chacun de combler sa soif de socialisation. Dans un monde luxembourgeois ou l’amateurisme continue de l’emporter sur la professionnalisation, le soutien de bénévoles pour le bon fonctionnement de diverses fédérations est capitale. Si une campagne de professionnalisation est nécéssaire pour éviter de devoir compter sur cette aide, celle-ci prendra du temps et n’est pas dans l’immédiat la solution aux soucis court-termistes que les associations doivent affronter. Plus que jamais, les structures sportives ont besoin de vous. Et comme disait Romain Gary : « On ne peut rien faire de mieux comme bénévolat que d’aider à rêver ».

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