Adrien Daniele : « On sait où l’on va, mais on sait d’où l’on vient »

L’entraîneur récompensé au Dribble d’Or l’an passé pour sa saison incroyable à l’entente WMG, avait quitté le club avant d’y revenir un peu avant l’hiver. Il ne s’était pas exprimé depuis et se livre sans tabou sur l’immense challenge qu’il a décidé de relever. L’équipe sort de deux grosses performances et se dirige vers un maintien assuré.

Sacré challenge de reprendre WMG après un début de saison compliqué et beaucoup de départs. Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter de revenir ? 

Un très très gros challenge en effet ! En tant que jeune coach, c’était aussi un challenge pour moi pour réussir à sortir l’équipe du pétrin, seul, avec un effectif réduit et moins fort que ceux que j’avais eu auparavant, tout en gérant la grosse pression qu’est de jouer le maintien. Cela me servira forcément dans mon parcours de coach. Concernant le choix en lui-même, c’était un choix du cœur bien sûr, mais pas sans raison garder pour autant. Tout le monde connait mon attachement pour WMG, mais je ne serais pas revenu si les désaccords passés n’avaient pas été mis à plat. Le comité connaît ma vision, et mon ambition pour l’Entente. Pour être ambitieux dans ce championnat, on ne peut malheureusement plus se reposer uniquement sur l’ancien modèle d’une équipe de copines qui jouent pour l’amour du jeu. De nouvelles équipes arrivent, et investissent, et cette tendance ne fera que s’accélérer, rendant le championnat toujours plus compétitif. WMG a la chance d’être une entente de trois clubs, le potentiel est énorme !
Encore faut-il se donner les moyens de réaliser ce potentiel. Enfin, dans les moments personnels difficiles que j’ai traversés cet été, les membres de l’Entente, que ce soit du comité, des joueuses ou du staff, m’ont témoigné un soutien que je n’oublierai probablement jamais. Donc quand WMG est revenu sonner à ma porte, en me demandant de revenir aider le club qui se trouve dans une position délicate, bien sûr que je ne pouvais pas rester insensible. On m’a pourtant déconseillé de revenir, car cela nuirait à mon parcours de coach, ou serait vu comme un pas en arrière, vu la situation délicate dans laquelle le club était. Mais quand vous avez eu votre petite fille de 8 mois sous oxygène pendant 10 jours à l’hôpital, vous ne réfléchissez plus ainsi. Ma famille et moi avons donc décidé de revenir, car cela nous semblait être une décision juste, en particulier d’un point de vue humain. Mais le cœur ne fait pas tout. J’ai signé pour la saison d’abord, en toute transparence avec le comité, pour voir si les promesses sont tenues et mises en place. 

Comment était l’équipe quand vous l’avez reprise ? 

Très décimée, avec les blessures long terme de joueuses clés, dont la gardienne et capitaine, Jana. Ayant un effectif très réduit, avoir 5-6 joueuses out, ça fait tout de suite très très mal. Et on ne peut bien sûr pas exiger des jeunes de l’équipe B le même niveau de performance. L’équipe était aussi en difficulté sur le plan physique, on tenait à peine une mi-temps. Tous ces facteurs font qu’il fallait vite arriver à la trêve, tout en gardant l’équipe concernée mentalement et en ne se décourageant pas de prendre des fessées chaque week-end. 

Comment justement avez-vous réussi à relever le navire depuis la trêve avec deux jolis coups contre Ell et surtout Junglinster, où l’on vous promettait « l’enfer » ? 

Je vois que les nouvelles vont vite (rires) ! Et bien, la trêve nous a fait énormément de bien. D’abord car on a pu soigner les bobos, récupérer les blessées, et entamer une longue mais nécessaire préparation hivernale, très tôt. Celle-ci nous a permis de nous remettre au niveau physiquement, et de travailler sereinement notre projet de jeu. Enfin, nous avons pu travailler sur le marché des transferts pour renforcer l’équipe à des positions clés. Les matchs amicaux nous ont donné confiance en notre jeu, et, malgré une défaite inaugurale sévère, les résultats ont commencé à suivre au match suivant. Puis, dans le foot, tout va très vite, on a longtemps été dans une spirale négative, là on a inversé la tendance et entamé un cycle positif, qu’on espère maintenir le plus longtemps possible. Cela durera ce que cela durera, on garde la tête sur les épaules et savons d’où nous venons. 

Quel est l’objectif clair jusqu’à la fin de saison ? 

Écoutez, quand j’ai repris l’équipe, l’Entente avait 6 points, dont 3 sur forfait. Je ne crois pas qu’on soit en position de revendiquer quoi que ce soit, nous sommes en reconstruction, la première étape est donc de sécuriser le maintien du club, tout simplement. On ne va pas se prendre pour ce que l’on est pas, et annoncer des objectifs fantaisistes. L’objectif est donc toujours le maintien, pour cette année. Ce sera la première pierre de la reconstruction. Mais on travaille déjà sur la suite, bien évidemment.

Vous pouvez nous parler du projet à moyen long terme du club ?

Le club connaît ma vision, jouer le maintien, c’était l’objectif de cette saison, et de cette saison uniquement. Jouer le maintien chaque année ne m’intéresse pas. Notre équipe a un fort potentiel, et, avec des renforts adéquats, l’Entente visera de jouer le haut de tableau la saison prochaine, avec dans le viseur une qualification aux play-offs. Ensuite, on pourra viser le plus haut possible, ce qui est le but ultime bien évidemment. Mais chaque chose en son temps, nous agissons étape par étape, en n’en brûlant aucune. Ce serait trop dangereux et trop présomptueux. Regardez où en était l’équipe l’année dernière, et comment s’est déroulée cette saison. Tout va très vite, dans un sens, comme dans l’autre. Donc, en résumé, on sait où l’on veut aller, mais l’on oublie surtout pas d’où l’on vient.

Entretien réalisé par Betty Noel

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