Comprendre la révolte en Iran

Depuis quelques jours, les vidéos virales montrant le peuple iranien en révolte contre les autorités se répètent. Alors que le pays a coupé l’accès à internet à ses citoyens, explications derrière l’embrasement de la nation iranienne.

Mahsa Amini, symbole et martyre

Mahsa Amini. Souvenez-vous de son nom car, bien malgré elle, elle pourrait être la raison derrière un renversement de régime. Un potentiel changement historique qu’Amini ne verra jamais de ses propres yeux, puisque la jeune femme de 23 ans n’est plus de ce monde. Il y a une dizaine de joueurs, lors d’une visite familiale à Teheran, l’iranienne est arrêtée par la police des moeurs qui lui reproche de mal porter son voile. Trois jours plus tard, Mahsa Amini décède à l’hôpital. Sans autopsie ou rapport officiel, les autorités parlent de crise cardiaque. Or, des photos du visage tuméfié et ensanglanté de la jeune femme prouvent bien que c’est bien sous les coups et la torture que la concitoyenne est morte.

Si les photos volées du visage massacré d’Amini ont suscité un vent de révolte au sein du pays, c’est bien l’annonce de son décès qui a définitivement déclenché la fureur du peuple iranien. Dès le jour de son enterrement, plusieurs femmes se filment sans leur voile, alors que sous l’égide de l’ultra conservateur Ebrahim Raïssi, les sanctions contre une chevelure dénudée se font de plus en plus violentes. Une remise en cause de l’état par des femmes usées par l’impossibilité de faire ce qu’elles veulent de leurs corps et tenues. Si au fil de ces dernières années, il y aura toujours eu, ici et là, quelques révoltes, celle-ci diffère de par un aspect vital : le soutien de la population, et en particulier des hommes. En effet, ces derniers, sous les chants de « “je tuerai, je tuerai celui qui a tué ma soeur” soutiennent massivement une révolution initiatlement féminine, n’hésitant pas à brûler des voiles dans les rues. Un support massif qui a transformé l’Iran en véritable champ de bataille, dans tous les coins du pays, et avec une férocité inouïe, à l’image de cette vidéo virale d’un homme frappant une femme avant d’en payer le prix quelques secondes plus tard.

Répression brutale

Alors que généralement, ces mouvements de contestations du gouvernement répressif ont lieu dans des quartiers universitaires ou modestes, c’est bien tout l’Iran qui semble s’embraser. Une révolte globale que la police a jusqu’à présent bien du mal à contenir, obligée d’aller jusqu’à l’extinction d’Internet dans le pays, pour empêcher les manifestants de pouvoir se concerter ou faire partager sur les réseaux sociaux des vidéos de mises à mort. Une censure de la liberté mis à mal par Anonynous, le célèbre collectif de hackers qui aurait réussi à bloquer la banque centrale iranienne, ainsi que d’autres piliers de l’autorité.

Une aide précieuse, qui parait bien esseulée au vu de la réponse internationale jusqu’à présent. Les démocraties occidentales, hormis des condamnations des violences policières somme toute assez basiques n’ont pas réellement demandé une baisse de la brutalité militaire et policière. L’image du président français Emmanuel Macron, serrant la main à Ebrahim Raissi en marge de l’Assemblée Nationale des Nations Unies le 21 septembre dernier a provoqué le courroux de grand nombre à travers le globe, fustigeant une absence de position ferme face à un dirigeant qui n’hésite pas à utiliser la force pour dissuader toute révolte. Jusqu’à présent, Amnesty International décompterait pas loin d’une centaine de morts. Une tragédie qui n’est pas sans rappeler les différentes révoltes de ces dernières années, comme en 2017 ou 2019, lorsqu’encore une fois, la police n’avait pas hésité à tuer des centaines, voire milliers de manifestants.

Un bain de sang qui, sauf surprise, ne devrait pas pousser le dirigeant du pays à remettre en question les répressions imposées. Ebrahim Raissi, qui devait donner un entretien avec la chaine américaine CNN a en effet refusé de se présenter sous prétexte que la journaliste Christiane Amanpour n’acceptait pas de porter un voile lors de l’interview.

Dernières nouvelles