Zoe et Finn Knebler : nés pour rouler

Le temps est magnifique en ce samedi matin à Mondercange. Vierge de tout nuage, le ciel chauffe par le biais d’un soleil formidable les nombreuses personnes présentes tout autour de la piste de karting. Mais de tout cela, Zoe Knebler, 21 ans, n’en a cure. Elle semble ruminer dans son coin, et s’inquiète d’un virage de la piste qui « est très glissant » et qui lui a fait faire un tour de chauffe décevant à ses yeux. Finn, lui, peaufine avec son père, Pascal, parfaitement concentré, les derniers détails sur son kart. Sous le bruit assourdissant d’un moteur vrombissant, c’est toute la famille qui vérifie ensemble que tout est opérationnel pour cette journée d’entraînement importante.

Après une dernière saison tronquée comme tant d’autres par le coronavirus, la famille Knebler repart de plus belle, dotée de grandes ambitions. Avec pour objectif de continuer et améliorer ses performances en X30 Senior, dont le circuit devrait se trouver cette année au Benelux. En commençant en Belgique, cela permet de se situer sur son niveau et les ligues les plus adaptées à sa compétitivité. Mais il faut vite faire un choix définitif, car les championnats ayant tous commencé, chaque course non roulée garantit un handicap au classement.

Un talent précoce

Pour Zoe, le désir de victoire est énorme. Capable de décrire les autres conducteurs comme des amis hors du terrain, elle avoue sans difficulté les voir, au départ de la course, comme rien d’autre que des concurrents. Cette mentalité de victoire à tout prix, la multiple championne du Luxembourg la considère comme unique à la course : « Sur une piste, je ne suis plus timide. Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça. La rage de gagner, c’est vraiment juste au karting. À l’école, je n’aime pas par exemple parler devant tout le monde. Mais dès que je pose mon casque, je me transforme.» De nature réservée, Zoe se retrouve presque mutique quand elle en vient à décrire ses qualités. Une tendance à l’effacement que son palmarès de lauréate à plusieurs reprises du championnat du Luxembourg nuance. Pas de quoi pour autant perdre la tête. Quand bien même cette passion dure depuis maintenant 15 ans (elle a commencé à l’âge précoce de 6 ans), la jeune Luxembourgeoise, qui voit en Sebastian Vettel et Charles Leclerc ses pilotes préférés, alterne entre des week-ends volant à lamain et des semaines d’études en école d’architecture. Une situation logique pour une conductrice extrêmement talentueuse, mais pratiquant malheureusement un sport où l’argent joue un rôle énorme. Et, pandémie de Covid-19 oblige, la recherche de sponsors est devenue plus compliquée. « C’est sûr que c’est compliqué. Les sports de voitures, ça coute extrêmement cher », abonde Pascal Knebler. Des difficultés qui n’empêchent pas Zoe de continuellement se retrouver sur la piste à la recherche d’une amélioration constante. Modeste, cette dernière estime qu’avant tout, c’est bien la préparation de son kart qui joue le plus dans ses résultats : « La qualité du kart est capitale. Et j’aime beaucoup travailler dessus. Je peux aussi énormément compter sur mon père, qui est là pour m’épauler, et à qui je peux poser beaucoup de questions.»

Une passion de famille

Ce père, justement. Lui aussi passé par des compétitions dans sa jeunesse, il suit avec amour les pérégrinations de ses enfants. Sa passion débordante ne l’empêche pas, comme tout parent, de ressentir une petite peur de temps en temps en regardant sa fille et son fils avaler le bitume. « Au premier virage, quand les 30 karts s’élancent et que tout peut arriver, il y a en effet une petite peur, mais après, ça va. » Un sentiment que sa fille admet sans mal ne jamais ressentir : « Je n’ai jamais peur. De toute manière, si tu es effrayé, tu ne pourras jamais réussir. »
Pascal Knebler essaie aussi de profiter de ces semaines sur la route et le bitume pour enrichir la culture de ces enfants. « Voyager pour ne rien voir hormis une piste de karting, ce n’est pas une bonne idée. On essaie de profiter de nos nombreux week-ends pour visiter, découvrir, et s’imprégner des lieux. Au-delà de l’aspect culturel et de découverte, cela permet aussi d’éviter l’usure mentale. C’est très important pour nous. »

Si Zoe ne ressent pas de peur sur son kart, elle ne peut savoir si, elle aussi, pourrait ressentir une certaine sensation de frayeur à regarder un membre de sa famille concourir au milieu de ces machines rugissantes. Sans pouvoir assister aux courses de son frère, qui l’a rejoint sur les parcours depuis maintenant deux ans, elle peut néanmoins compter sur cette rivalité saine pour la pousser à encore et toujours plus se dépasser. « On veut toujours être plus rapide que l’autre. Mais je suis contente qu’il soit présent avec moi. Il y a une grosse rivalité entre nous, oui, mais au final, derrière cela, il y a aussi un gros soutien. » Finn abonde dans son sens : « Je pense qu’elle est encore un peu plus rapide que moi. Mais j’ai envie de la rattraper et réussir à devenir meilleur. Pour cela, il faut continuer comme sur les deux dernières années. C’est vraiment depuis 2018 que j’ai commencé à prendre beaucoup plus de plaisir, et qu’à cela se sont ajoutés l’assiduité, le travail et la rigueur.» Lui qui souhaite pour le moment continuer en karting avant de peut-être concourir en voiture a aussi pour référence Sebastian Vettel. Lorsqu’on lui demande pourquoi sa sœur n’est pas son pilote préféré, il explose de rire et retourne à son kart. Pour le cadet de la famille, sa progression passe par une amélioration de ses points forts et faibles : « Je sais très bien doubler dans les virages, mais j’ai beaucoup plus de mal en ligne droite. Je dois travailler là-dessus. »

Des Knebler, ne manque ce samedi que la mère. Mais son absence n’est pas à considérer comme un quelconque signe de désapprobation. C’est simplement qu’assister aux courses peut être difficile à gérer sur le plan émotionnel. Mais elle soutient énormément son fils et sa fille, qui enchaînent les tours de piste sous le regard vif de Pascal. Un père passionné qui, entre deux tours de ses enfants, nous relate sa flamme évidente pour les voitures et la mécanique. « J’ai clairement donné le mauvais exemple à mes enfants », rigole-t-il avec franchise et une fierté évidente de voir Zoe et Finn avoir ce même béguin pour l’automobile. Un amour dont il semblerait que les trois pourraient parler pendant des heures. Et cela tombe bien, car il faudra combler le temps de trajet jusqu’à Bruxelles dès le lendemain. En famille. Mais surtout, entre passionnés.

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