Streaming : de la friture sur la ligne

Mise en place depuis désormais deux ans, la diffusion des rencontres de BGL Ligue en streaming par RTL n’a pas encore offert aux clubs du championnat les retombées escomptées. Plusieurs présidents de clubs veulent du changement.

C’était une petite révolution dans le paysage audiovisuel et médiatique du Luxembourg. Lancée quelques mois après le gros morceau de la pandémie de covid, et alors que les stades du pays devaient respecter une jauge maximum de supporters, l’arrivée de l’offre streaming de RTL sonnait comme une bénédiction pour les clubs de football du pays. Enfin, on pouvait accéder à la BGL Ligue où l’on voulait, quand on voulait. 

Deux ans plus tard, si la grande majorité des acteurs du football luxembourgeois s’accorde à dire que cette innovation n’est plus à remettre en question et qu’un retour en arrière est inenvisageable, on s’interroge cependant sur deux aspects non négligeables : la qualité des retransmissions, et surtout la juste rétribution financière que les clubs sont en droit d’attendre. Alors que la situation économique est tendue, les trésoreries de plusieurs formations ne seraient pas contre un petit coup de pouce…

Des bugs techniques encore trop nombreux

Problématique qui fait l’unanimité chez les présidents de clubs, les trop nombreux bugs techniques encore présents lors de la diffusion des matchs en streaming du championnat. Thomas Gilgemann, le boss du Progrès, tient tout de même à évoquer les points positifs du système mis en place par RTL : « C’est bien d’avoir les statistiques, etc., les résumés de matchs ne sont pas mal faits non plus ; globalement, cela tend à s’améliorer, il ne faut pas dire que tout est négatif, ce n’est pas le cas du tout. » 

Le bémol vient surtout de la qualité de l’image, qui reste la même depuis le début : « Elle n’est pas celle à laquelle on s’attendait. Au niveau des bugs, quand on regarde les highlights, on voit les joueurs fêter, mais on ne voit pas le but. Parfois, on a un décalage d’une demi-heure, ce qui est énorme ! J’étais en vacances pendant un de nos matchs, et cela a démarré à 16 h 30… En termes de qualité, ce n’est pas l’idéal. Il y a aussi beaucoup de différences selon les stades. Après, je vais prêcher pour ma paroisse, mais j’aimerais bien que la caméra soit de l’autre côté. Si on voit la tribune pleine, cela dégage tout de suite une autre image. » 

Monnayer, oui, mais comment et combien ?

Deuxième aspect qui provoque le mécontentement des clubs, la rétribution financière de cette diffusion en direct qu’ils jugent trop peu suffisante, voire inexistante. C’est sur ce point que devraient se poser les questions les plus délicates lors des prochaines négociations : « Dans les autres pays, pour téléviser les matchs, ils sont payés ! Et pas qu’un petit peu, c’est même la ressource principale, les droits TV. On se doute bien qu’on ne va pas y arriver tout de suite, mais au moins avoir une contrepartie mensuelle ou annuelle. Calculée comme ils le souhaitent, en fonction du niveau, des vues… Mais il faut qu’on récupère un minimum de fonds par rapport à tout cela, et ce n’est pas le cas aujourd’hui », ajoute Thomas Gilgemann.

Du côté du FC Wiltz et de son président Michael Schenk, le son de cloche est similaire. Même si le patron du club nordiste met en avant une autre problématique, en raison de sa spécificité géographique : « Pour nous le problème c’est que l’on a remarqué qu’il y avait moins de supporters adverses qui viennent faire le trajet jusqu’à Wiltz. Ils regardent maintenant les matchs sur leur GSM, leur tablette ou leur télévision. Pour nous, cela a un impact financier, car moins de gens viennent voir les rencontres. Mais quand on regarde les clics sur le livestream, on voit qu’ils s’y intéressent tout de même. »

Investir dans le sport national

Pour Michael Schenk, l’important est désormais de trouver un accord satisfaisant pour toutes les parties, que ce soit les clubs ou RTL. Rester au statu quo est difficilement envisageable : « Il faut trouver un accord gagnant-gagnant pour tout le monde, et pas seulement gagnant pour RTL. On montre les images, on met à disposition notre sport, et cela ne nous rapporte rien ; je pense que le minimum est de négocier. » Mais si les clubs parviennent à obtenir une compensation, comment se répartir le gâteau ? Il n’y a pas encore de réponse claire à ce sujet, même si des pistes sont évoquées : « Pour le moment, il n’y a pas un montant précis en discussion. Il y a des exemples à l’étranger au niveau de la répartition. C’est normal que les clubs qui font le plus de vues aient un peu plus d’argent. Il faut une part pour tout le monde, et une autre part basée sur les vues », lance le président wiltzois comme piste possible. 

Le sujet ne devrait donc pas manquer d’animer la prochaine réunion de la LFL à la fin de ce mois de novembre. Réponse au prochain épisode. 

Du côté de RTL

Pascal Casel : « Noublions pas que cette technologie est toute jeune. »

Le Business platform & diversification director de RTL Luxembourg revient sur les critiques émises au niveau technique par les clubs de BGL Ligue, mais assure que l’offre streaming du diffuseur est en constante évolution. 

Comprenez-vous les critiques concernant les problèmes techniques rencontrés lors des diffusions ? 

Bien sûr que je les comprends. Le système a bel et bien été installé pour fonctionner.

Néanmoins, n’oublions pas que cette technologie est toute jeune et l’évolution est constante.

Nous travaillons en permanence à l’amélioration du produit afin de satisfaire au mieux les utilisateurs.

Comment RTL va-t-elle y remédier ?

Tout souci qui nous est remonté est directement traité, et dans la grande majorité des cas, une solution est trouvée.

Un monitoring nous permet d’anticiper beaucoup de choses et celles-ci sont traitées sans que personne s’en aperçoive.

Des évolutions sont-elles prévues à ce sujet prochainement ?

Les évolutions sont constantes. Comme je l’ai dit, cette technologie est toute jeune et les mises à jour sont naturellement régulières. De nouveaux features s’ajoutent constamment. Nous avons maintenant des résumés de matchs, le plus beau but du week-end, nous commentons certains matchs en live, notre site RTL.lu est devenu beaucoup plus complet autour de l’écosystème sport.

De nombreux atouts qui n’existaient pas dans le passé et qui rendent ce projet luxembourgeois autour de la promotion du sport de plus en plus intéressant.

La qualité de limage peut-elle saméliorer ?

N’oublions pas que nous parlons d’un stream vidéo au départ d’une caméra fixe, guidée et supportée par une AI.

Ayant vu d’autres produits dans ce domaine, je suis très surpris de constater combien une si petite « machine » peut fournir en matière de qualité d’image. Nous sommes toujours tributaires des conditions météo : de fortes pluies, un coucher de soleil provoquant de grandes zones ombragées sont des facteurs qui jouent. De ce côté-là, tous les sports de salle s’en sortent naturellement mieux.

La qualité de l’image est aussi tributaire de la connectivité… que ce soit au départ des images ou bien à leur arrivée, sur les supports utilisés par les supporters…

Êtes-vous en discussion actuellement avec les clubs afin de mieux connaître leurs desiderata ?

Depuis le premier jour de cette belle aventure, nous sommes régulièrement en contact avec les différents acteurs.

Toute discussion constructive est bien sûr toujours la bienvenue.

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