La journée internationale du droit des femmes, célébrée tous les ans le 8 mars, a été timidement évoquée dans un tweet de la part du porte-parole de l’Emirat islamique d’Afghanistan. Alors que les femmes peinent toujours à trouver leur place dans ce pays qui pratique la charia.

Les talibans ont promis de protéger les « droits religieux » des femmes afghanes à l’occasion de la Journée internationale de la femme, alors même que des groupes de défense des droits ont critiqué le gouvernement pour l’érosion des droits humains dans le pays depuis leur prise de pouvoir.

« L’Émirat islamique d’Afghanistan s’engage à faire respecter les droits religieux de toutes les femmes afghanes », a déclaré Zabihullah Mujahid, porte-parole de l’Émirat islamique d’Afghanistan, dans un tweet.

« La Journée internationale des femmes est l’occasion pour nos femmes afghanes de réclamer leurs droits légitimes. Nous protégerons et défendrons les droits de nos femmes afghanes, Insha Allah », a-t-il ajouté.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdul Qahar Balkhi, a également publié une déclaration, décrivant le 8 mars comme un « jour propice pour les femmes. »

« La guerre prolongée en Afghanistan a été extrêmement préjudiciable pour les femmes. L’IEA (Émirat islamique d’Afghanistan) s’est engagé à s’occuper de la situation critique des femmes afghanes et à leur fournir les moyens d’une vie honorable et bénéfique à la lumière de la noble religion de l’islam et de nos traditions acceptées », a-t-il déclaré.

Les talibans, qui ont rebaptisé l’Afghanistan « Émirat islamique d’Afghanistan » après avoir évincé le gouvernement démocratiquement élu dirigé par Hamid Karzaï en août 2021, sont connus pour avoir gravement violé les droits des femmes pendant leur règne, de 1996 à 2001.

Le groupe islamiste a présenté une image « réformée » et a promis de protéger les droits des femmes alors qu’il était confronté à la pression et aux critiques de la communauté internationale.

Droit en relation avec la Charia

Il a également promis de protéger et de défendre les droits des femmes conformément à la charia islamique dans le cadre de sa campagne plus large, visant à obtenir une légitimité mondiale.

Toutefois, après près de sept mois au pouvoir, les Talibans ont été critiqués par Human Rights Watch pour avoir déscolarisé, interdit aux femmes la plupart des emplois et restreint leurs déplacements.

Le groupe de défense des droits a également critiqué la décision d’abolir le ministère afghan des affaires féminines et de démanteler le système afghan de protection contre la violence sexiste.

Il a également dénoncé la réaction « muette » du monde face à ces violations.

« Plusieurs pays revendiquent fièrement une ‘politique étrangère féministe’. Mais la réponse internationale à ces développements a manqué d’urgence, et il y a peu de signes d’un plan coordonné efficace pour protéger les droits des femmes et des filles afghanes. Au contraire, les gouvernements se sont pliés aux exigences des talibans en envoyant des délégations exclusivement masculines pour les rencontrer », ajoute le rapport.

Lundi, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies s’est déclaré « profondément préoccupé » par la situation des droits de l’homme et la restriction des droits des femmes en Afghanistan.

Sa haute commissaire, Michelle Bachelet, a déclaré : « Le peuple afghan est confronté à des crises humanitaires et économiques dévastatrices qui affectent gravement ses droits, la moitié de la population souffrant d’une faim extrême. »

« Les mesures prises par les autorités de facto ont restreint les droits et libertés des femmes, celles-ci étant largement exclues de la population active en raison de la crise économique et des restrictions. »

Entre-temps, Amnesty International a lancé une pétition demandant à la communauté internationale de défendre de toute urgence les droits des femmes en Afghanistan et d’obliger les talibans à rendre des comptes pour « la suppression implacable des droits des femmes et des filles ».