Chris Leesch : « Il fallait en chaque circonstance garder un bon rythme » 

C’était l’un des deux grands rendez-vous de la saison pour l’endurance moto le weekend dernier, avec les 24 heures du Mans Moto. Il y avait un Luxembourgeois au départ en la personne de Chris Leesch. Pilote du Chromeburner RAC 41 Honda avec Wayne Tessels, Jesko Raffin et Martin Renaudin, ils ont signé une remarquable course, terminant 9e au général et 2e de la catégorie Super Stock. Il revenait avec nous sur son double tour d’horloge. 

Pour cette édition des 24 heures du Mans Moto, vous ne partiez pas totalement dans l’inconnu puisque vous avez disputé la manche inaugurale du Championnat de France de Superbike sur ce même circuit Bugatti. Est-ce que le but était d’étudier l’évolution du circuit par rapport à l’année dernière ? 

Pas vraiment, l’infrastructure est restée la même. La raison pour laquelle nous avons roulé à l’occasion du Championnat de France de Superbike est que nous avons perdu beaucoup de temps cet hiver à cause du mauvais temps et on n’a donc pas su tester autant qu’on l’aurait voulu. Comme la Honda 2024 comporte beaucoup d’évolutions par rapport à la Honda 2023, on devait essayer les différents setups en condition de course afin finalement de choisir si on allait rouler aux 24 heures du Mans avec le modèle de 2023 ou de 2024. Le test a immédiatement été concluant, on a trouvé une bonne base pour les réglages et on a jugé qu’on pourrait disputer sereinement une course de 24 heures sur le nouveau modèle. 

Honda vante ce modèle comme étant plus économe en essence que la concurrence. Est-ce que vous confirmez cette tendance ? 

Par rapport à la BMW, on pouvait parcourir deux ou trois tours en plus à chaque plein. C’est un gros avantage, parce que sur l’ensemble de la course, cela représente 1 à 2 arrêts au stand en moins à la fin de la course. La différence était moindre avec les autres motos du plateau, mais en tout cas, une fois qu’on a trouvé les bons réglages, la Honda a un excellent équilibre entre puissance et consommation. 

En qualification, c’est uniquement la puissance qui compte et vous avez signé le 12e temps général et le 3e temps de la catégorie Super Stock. Est-ce qu’on peut dire que vous étiez satisfaits ? 

La qualification s’est très bien passée. Je ne pense pas que j’aurais pu faire beaucoup mieux. J’y ai réalisé mon meilleur chrono personnel en 1 :37,1 ce qui était le 3e meilleur chrono parmi tous les pilotes Super Stock. Mais dans une course moto de 24 heures, le chrono des qualifications, ça sert surtout à booster son égo (rires). Ça fait toujours plaisir de voir un chrono rapide à côté de son nom. Il y avait des points pour les 3 premiers de la catégorie aux qualifications. Ça, c’est toujours bon à prendre. 

© Stéphane Valembois

Vous avez à nouveau eu l’honneur de faire le premier relai et de prendre le départ type Le Mans en commençant par traverser la piste à la course pour enfourcher la moto. Racontez- nous comment vous vivez ce genre de départ. 

Les départs type Le Mans des courses d’endurance sont toujours des moments forts de la course. C’est vrai sur les autres circuits, mais c’est encore plus vrai ici avec l’ambiance qu’il y a dans les deux tribunes. Quand on prend le départ, il faut en profiter. J’ai eu la chance de le faire 3 ou 4 fois et c’est toujours quelque chose de très spécial. 

Vous avez certainement dû changer vos repères par rapport au Championnat de Superbike. Ces motos se comportent différemment avec un réservoir rempli à ras, j’imagine… 

Ça dépend des réglages à vrai dire. Pour notre part, c’était l’un des seuls bémols de notre course. La moto se comportait totalement différemment avec un réservoir plein et avec un réservoir vide. Les débuts de relais étaient chaque fois délicats. Il fallait une petite dizaine de tours avant de pouvoir trouver le rythme adéquat pour faire de bons chronos sans prendre trop de risque. C’était particulièrement handicapant en début de course, quand on est en plein dans le trafic, parce qu’on ne savait pas dépasser au freinage, on n’arrivait pas à arrêter suffisamment la moto pour faire cette manœuvre. Il faut encore ajouter à cela qu’au départ, le moteur n’a pas pris comme il aurait dû. J’ai dû être très sur la défensive sur le premier relais. Et puis on a encore eu un autre problème technique sur ce relais… C’était un début de course un peu chaotique. 

Il y avait aussi le guidon qui s’est desserré et le pneu arrière qui était défectueux… 

Pour le guidon, je l’ai remarqué très vite. Après 3 ou 4 tours, il a commencé à tourner dans ma main. J’ai fait une vingtaine de tours dans ces conditions, parce que si on rentre en début de relai, on perd quand même pas mal de temps. Mais au fil du temps, la vis en question se desserrait de plus en plus et à la fin, j’avais le guidon quasiment entièrement dans mes mains. C’est tout sauf idéal à ces vitesses. J’ai donc dû écourter mon relai à ses 3⁄4. On a ainsi quasiment perdu un tour sur nos adversaires. Je suis resté au guidon et j’ai ainsi commencé la course avec un double relai. Et puis on a eu aussi, comme vous le dites, un pneu arrière défectueux. Mais à la fin de la journée, on a su claquer des temps intéressants et on n’a pas trop pâti de cette mésaventure. 

Vous avez remonté les concurrents les uns après les autres, bien aidés aussi par les chutes qui étaient très nombreuses. Mais vous n’avez pas connu une telle mésaventure… 

On a effectivement réussi les 24 heures sans chute. Qu’il y en ait eu beaucoup, cela s’explique par les températures froides. Le mercure est descendu à 1°C et la température de la piste à 5°C. C’était très difficile de garder les pneus à la bonne température et dans ce cas, la moindre erreur peut se transformer en chute. Il fallait en chaque circonstance garder un bon rythme, sinon la température des pneus descendait et on tombait dans un cercle vicieux. Le vent était aussi très variable. Il fallait bien s’adapter parce qu’il était différent à chaque relai. En plus, en début de course, ce n’était pas un vent constant, mais des rafales. Il y avait des moments où on arrivait en 6e à la chicane Dunlop et on ne devait même pas freiner parce que le vent nous ralentissait assez. Et il y avait d’autres moments où on n’avait pas de vent du tout. C’est très facile de partir à la faute 

dans ces conditions. Sur le retour, ce n’était pas mieux. On avait le vent dans le dos dans la chicane du chemin aux bœufs. C’est pour ça qu’on y a vu beaucoup de chutes. 

© Stéphane Valembois

Comment s’est déroulé la suite de la course ? 

On a très bien tiré notre épingle du jeu et on a finalement remonté le peloton assez rapidement. Avec la 55 (n.d.l.r Suchet-Suchet-Raymond) et la 9 (n.d.l.r. Foray-Bühn-Arbel-Soomer), on était à 3 motos à être au-dessus du lot. La 9 a abandonné à la mi-course. Ça nous laissait une bataille à deux. Mais la 55 tournait dans les mêmes chronos que nous et ils ont eu moins de problèmes techniques. Nous n’avons jamais pu la rattraper. Dès qu’on augmentait le rythme, ils faisaient de même. Nous avons essayé d’étirer nos relais au maximum pour faire pression sur eux de cette manière-là. Mais sur un relai de Martin, on a été un peu trop optimistes et il est tombé en panne d’essence. Heureusement, ça s’est produit dans l’entrée des stands, mais on a quand même perdu 2 tours, ce qui a porté l’écart à 3 tours et demi. Sans ennui mécanique ou chute de leur côté, on savait qu’il serait impossible de revenir. On a alors regardé où en était le 3e de la catégorie et on a vu qu’on avait une dizaine de tours d’avance. À partir de ce moment, la course est devenue un peu plus ennuyante pour nous. Il s’agissait de ramener la moto à la maison, mais on ne pouvait pas se relâcher complètement, pour pouvoir mettre la pression si d’aventure la 55 connaissait un ennui. On a roulé sagement et l’écart s’est maintenu jusqu’à la dernière heure, où on a fait rentrer Wayne pour remettre de l’essence et lui chanter un petit Happy Birthday. 

Vous êtes alors 7e du général et 2e de la catégorie Super Stock. Vous terminez finalement 9e du général. Est-ce que le Team avait l’ambition de défendre la 7e place face à des concurrents qui ne roulent pas dans votre catégorie ? 

C’était une décision d’équipe de ne pas lutter contre les machines EWC. Si l’équipe avait pris la décision d’envoyer Martin ou moi sur la piste dans les dernières heures de course, on aurait pu garder cette 7e place, mais ça n’aurait rien apporté pour le championnat et l’équipe a décidé de ne pas prendre de risques inutiles. 

Est-ce que je me trompe, si je dis que vous tirez un bilan positif de la semaine ? 

On est très satisfait de la semaine. Toute l’équipe a fait du bon boulot. Honda est aux anges d’avoir réussi le doublé dans cette catégorie, surtout que de notre côté, nous avons roulé avec le nouveau modèle, malgré le manque de retour d’information en ce début de saison. On a marqué beaucoup de points et on se réjouit pour la suite. 

À Spa… 

Exact. Ma course à domicile, ou quasiment. C’est toujours une course spéciale, d’autant plus que c’est mon circuit préféré. J’espère qu’on sera au même niveau de performance et qu’après la course, on sera une marche plus haut sur le podium. 

Andy Foyen 

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