Twelve Minutes : le test de la rédaction

Popularisée au cinéma par le chef d'œuvre Un Jour Sans Fin de Harold Ramis (1983), la boucle temporelle est un formidable outil scénaristique qui, bien utilisé, peut donner vie à des œuvres originales et ludiques. Mais si avec des oeuvres comme Edge of Tomorrow (2014), Triangle (2009) ou Rétroaction (1997) le cinéma a déjà largement prouvé qu’il était possible de faire de belles choses en mettant scène ce voyage dans le temps bien particulier, avec Twelve Minutes, nous allons voir que le jeu vidéo peut aussi brillamment s’en emparer pour surprendre les joueuses et les joueurs.

Alors qu’il rentre chez lui tranquille après une journée de travail pour une soirée en tête à tête qui s’annonce romantique, tout bascule pour Aaron lorsqu’un policier assez venère débarque dans l’appartement malmenant nos deux amoureux avant d’accuser madame du meurtre de son père il y a 8 ans. Tabassé par le flic, Aaron s'évanouit mais revient à lui 12 minutes plus tôt sur le pas de sa porte comme si rien ne s’était passé, contraint à revivre cet évènement tragique encore et encore…

Un appartement, trois personnages, douze minutes qui se répètent indéfiniment et un gros mystère à résoudre voilà la proposition de Twelve Minutes, jeu indépendant qui sort tout droit du cerveau de Luis Antonio un ancien de chez Rockstar et Ubi Soft qui bosse sur ce titre depuis 8 ans. Dans ce casse-tête temporel qui se joue comme un point’n’click, nous contrôlons donc Aaron qui se débat comme un diable pour essayer de comprendre ce qui lui arrive et, soyons clair, au début de l’aventure nous sommes aussi paumés que ce brave homme, déstabilisés par l’absence d’indication à l’écran. Pas d’objet qui clignote, pas d’indice qui débarque quand on patine, pas de petite voix off qui vient à notre secours quand on commence à perdre patience… on est largué à l’image de notre héros dans cette aventure digne d’un épisode de la 4ème dimension. Faire le choix de nous balancer de but en blanc dans l’aventure sans assistance, est une décision radicale et culottée qui risque de ne pas plaire à tous le monde. D'ailleurs, on le voit dans les premiers retours critiques, ce titre risque de diviser les foules et certains joueurs n’hésitent pas à hurler leur frustration sur les réseaux sociaux. Selon nous, c’est un parti pris payant qui renforce l’immersion pour les personnes qui décident de se plonger dans cette histoire qui nous oblige à partager la sensation d’impuissance du personnage principal, mais qu’on se rassure, rien n’est insurmontable. Si au départ on tâtonne clairement, on ne sait pas vraiment quoi faire mais l’habitude d’expérimenter s’installe et on commence à essayer toute sorte de choses pour voir si elles vont débloquer de nouvelles possibilités dans la boucle suivante. Vraiment l’observation est de mise et il faut garder en tête que tout ce qui est présent dans l’appartement du couple (composé de quatre pièces) peut être utile pour avancer dans l’intrigue qui au passage réserve de beaux moments de tension et de surprises.

Vu du dessus, le titre nous donne une vision globale de la pièce dans laquelle on se trouve. Vous pouvez à loisir vous rendre dans le salon/cuisine, la chambre à coucher, le placard ainsi que dans la salle de bain et interagir avec différents éléments du décors pour essayer de récolter des indices. Les objets récoltés vont directement dans votre inventaire (accessible en glissant le curseur en haut de l’écran) et il est possible d’en combiner certains ou de les faire interagir avec d’autres personnages ainsi que des éléments du décors. Comme vous le voyez, rien de forcément nouveau dans les mécaniques de gameplay directement héritées des classiques du point’n’click, et c’est véritablement l’apport de la boucle temporelle qui secoue nos habitudes en nous obligeant à réagir rapidement pour tenter le maximum de choses avant l’arrivée du charmant policier qui ne vous laissera aucune chance une fois derrière la porte. Si la prise en main est parfaite sur PC avec un combo clavier/souris qui permet d’agir avec précision sur l’environnement d’Aaron, il est parfois moins aisé de déplacer rapidement son curseur sur Xbox la faute à la prise en main à la manette forcément moins souple et pratique sur ce style de jeu.

Twelve Minutes n’est pas fait pour nous en mettre plein les mirettes, son style graphique fait dans l’épure et aucun effet clinquant n’est mis en place pour nous détourner de notre objectif. Avec ses graphismes sobres et son point de vue qui nous place comme un Dieu agitant des marionnettes, le jeu vise une ambiance proche du cinéma indépendant américain surtout que l’on retrouve au casting Daisy Ridley (Star Wars VII), James McAvoy (X-men, Glass etc..) et Willem Dafoe (Platoon, Spider-Man etc…) trois stars américaines qui apporte beaucoup à l’ambiance globale. La musique se montre discrète mais parfaitement dans le ton et les bruitages tendent vers le réalisme en nous plongeant dans le quotidien d’un immeuble avec ses bruits de pas, ses tv allumées qui résonnent et ses enfants qui pleurent en fond. Techniquement, si nous avons rencontré quelques petits bugs graphiques et des collisions parfois hasardeuses entre les personnages, nous n’avons rien relevé de pénalisant pour apprécier cette expérience atypique dont la durée de vie dépendra clairement de vous et de votre motivation à découvrir les différentes ramifications d’une intrigue qui propose d’ailleurs plusieurs fins.

Largement convaincu par Twelve Minutes, nous vous encourageons à plonger dans cette expérience assez unique. Bien pensée, originale et passionnante, cette nouvelle pépite éditée par Annapurna Interactive mérite qu’on s’y intéresse mais surtout qu’on s’y attarde malgré ses premières minutes qui peuvent frustrer.

Les plus :

Les moins :

 

Twelve Minutes
Luis Antonio – Annapurna Interactive
Disponible sur PC, Xbox One et Xbox Series X
1 joueur – 24,99€ – Gamepass
Testé sur Xbox Series X via le Gamepass

Dernières nouvelles