Les promus dans le grand bain

Le FC Mondercange et l’UN Käerjeng sont les deux petits nouveaux de la BGL Ligue cette année. Entre la PH et l’élite luxembourgeoise, qu’est-ce qui change réellement ? Comment les promus se préparent-ils, s’adaptent-ils et se réorganisent-ils face aux nombreuses différences entre les deux premiers étages du football grand-ducal. On est monté dans l’ascenseur pour en savoir plus.

Fin juin, le début de l’été est déjà chaud et l’ambiance est à la fête. Le champagne coule à flots, tout le monde chante et danse, Käerjeng et Mondercange (qui attendait ça depuis onze ans) célèbrent leur remontée dans l’élite du football luxembourgeois. Certains indiscrets nous glissent dans l’oreillette que du côté de Käerjeng, on a poussé les réjouissances jusqu’en Espagne…

Mais une fois le (court) temps de communion et de fiesta passé, il a très vite fallu se remettre au boulot. Car une montée en BGL Ligue est tout sauf anodine ! Elle entraîne forcément des changements d’approche, de fonctionnement, de structuration, de travail, surtout si l’on veut éviter de faire l’ascenseur express et de se retrouver de nouveau à l’étage en dessous l’année suivante. Le job commence donc dès le billet pour la montée validé, comme le confirme Éric Breckler, directeur sportif de Mondercange : « On s’est bien préparés en amont. Quand on a su qu’Angelo Fiorucci (coach l’an passé) voulait arrêter, on a décidé de s’y prendre longtemps en amont dans le choix du nouveau staff et des nouvelles recrues. On voulait être prêts à temps. » Au-delà de la sélection des hommes, c’est une partie de la structure même du club qu’il faut repenser : « Une montée est financièrement lourde pour un club. Cette saison, on a un budget compris entre 350 et 380 000 euros, c’est-à-dire quasiment le double de celui qu’on avait en PH. Et ça ne se gère pas de la même manière ! Le budget détermine la base de travail pour la suite. »

« En BGL Ligue, c’est la guerre tous les week-ends »

Du côté de Kaërjeng, le staff aussi a changé ; Marc Thomé remplaçant David Zenner sur le banc, ce dernier reprenant le rôle de directeur sportif au sein du club. « On a recruté tous les joueurs qu’il voulait », affirme d’ailleurs le second en évoquant le premier. Pour sa 17e saison dans l’élite, le nouvel entraîneur confirme la marche que représente le changement de division : « L’intensité n’est pas la même, le niveau non plus. Il existe un écart important entre la PH et la BGL Ligue. » En sachant ça, le changement commence dès la préparation physique. « Il faut être à la hauteur à ce niveau-là. Le risque de pépins physiques est plus élevé. En BGL Ligue, c’est la guerre tous les week-ends », déclare Éric Breckler. De ce fait, Mondercange a décidé de recruter un nouveau préparateur physique, Geoffrey Beutin, qui s’occupait ces dernières années de l’Académie du Racing. « La prépa a été beaucoup plus intense, ça a été du costaud ! Et on a vu les résultats dès nos premiers matchs : on était prêts, pas fatigués », témoigne le gardien et capitaine du club, Teddy Da Silva. Le début de saison plus que réussi du promu confirme que l’avant-saison a été parfaitement géré.

« Il y a un fossé entre les deux divisions »

Et heureusement, car sur le terrain, ce n’est pas la même histoire qu’à l’échelon inférieur. « C’est plus physique, le jeu n’est pas le même. En tant que gardien, au niveau des frappes des attaquants, je sens une différence. Il y a un fossé entre les deux divisions », explique le capitaine de Mondercange. Un écart que relève également Noé Ewert, l’arrière droit de Käerjeng : « Quand on était en haut de la PH, on avait souvent le ballon. Depuis la reprise, beaucoup moins ! Et sur le match face au Racing (défaite 5-0), on voit que dès que l’on est moins soudés et agressifs, on le paye cash, on est tout de suite punis. Ce sera dur contre toutes les équipes. En BGL Ligue, on voit que tout est bossé, les courses, les animations offensives. Techniquement aussi, les joueurs sont supérieurs, même s’il y a aussi de bonnes équipes en PH. » Des différences, le nouveau directeur sportif de Kärjeng et ex-entraîneur de l’équipe première, David Zenner, en pointe aussi : « On avait une belle PH l’année dernière, avec pas mal de joueurs expérimentés et de belles équipes en haut du classement comme Mamer, Rumelange ou Junglinster. Mais la particularité en BGL Ligue, c’est qu’elle est vraiment splittée en deux ! Tu as une bonne moitié, huit équipes, qui jouent le titre ou l’Europe, et l’autre moitié qui joue le maintien. Alors qu’en PH, c’est plus resserré, plus homogène. » Marc Thomé, lui, voit trois groupes distincts dans l’élite : « Il y a le Swift et Dudelange qui sont tout en haut, quelques clubs qui jouent l’Europe, et disons huit ou neuf clubs qui jouent le maintien. » Ce qui est certain, c’est qu’en BGL Ligue, la marge d’erreur est plus réduite : « Si tu rates un match, une journée, les conséquences peuvent être immédiates », confesse David Zenner.

« Si tu ne veux pas redescendre tout de suite, il faut faire les bons choix »

Alors, comment lutter, voire mieux, quand on débarque dans ce championnat hostile ? Les deux promus ont affûté leurs armes, notamment en s’appuyant sur des tauliers : « On a des joueurs expérimentés, tous nos leaders en fait, qui connaissent déjà la BGL Ligue. Ils aident les jeunes qui découvrent », souligne David Zenner. Des petits nouveaux qui représentent une chance selon l’entraîneur, Marc Thomé : « On a l’énorme avantage de pouvoir puiser dans notre réservoir de jeunes, qui ont un très bon niveau, et dont certains évoluent en sélection U19. Par exemple, Sousa vient de jouer les cinq premiers matchs, 90 minutes à chaque fois, à 19 ans. La formation doit être au cœur de la stratégie du club, notamment avec les Luxembourgeois, pour pouvoir en faire jouer un maximum en équipe première. Si dans le futur on pouvait avoir trois ou quatre joueurs formés ici dans le onze de départ, ce serait génial ! On travaille pour ça. » Même si l’équipe attend avec impatience le retour de certains blessés importants pour proposer un jeu offensif plus abouti, des motifs de satisfaction sont déjà là, comme le confirme Noé Ewert : « On a beaucoup bossé tactiquement avec le nouveau coach et on est très solides défensivement. Ce sera difficile de marquer contre nous si on reste sérieux. » À Mondercange, l’approche des matchs a évolué : « On passe plus de temps sur la préparation des matchs, cela n’a rien à voir avec la PH. On doit aller plus loin dans l’analyse de l’adversaire, surtout quand on sait que ce sont souvent les petits détails qui font la différence en BGL Ligue », explique Éric Breckler, qui insiste de nouveau sur le besoin de changer les habitudes du club dans leur globalité au moment d’une montée : « Si tu ne veux pas redescendre tout de suite, il est nécessaire de faire ce qu’il faut financièrement et structurellement, de faire les bons choix. »

Enfin, il reste les valeurs et le supplément d’âme, comme le rappelle le capitaine de Mondercange, Teddy Da Silva : « On insiste sur le fait d’être soudés, d’être une famille, ça fait vraiment partie de notre force. On a également un banc qui apporte énormément, avec une concurrence saine entre les joueurs. Quasiment tous les postes sont doublés. »

Le FC Mondercange et l’UN Käerjeng ont pris la mesure de ce que représentait une montée en BGL Ligue, anticipant les changements indus, les besoins, les transformations nécessaires, élaborant une feuille de route pour assurer de la première à la dernière journée. Rendez-vous le 21 mai pour découvrir si le plan s’est passé comme prévu.

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